Sous le commandement de Pierre Morel-A-L'Huissier (UMP), 49 députés de droite tirent à boulet rouge sur la baisse de 4,5 milliards des dotations aux collectivités d'ici 2015. Egalement dans leur viseur : la réduction de 50 % du nombre de cantons. Deux signes, selon eux, d'une volonté de « mise à mort de 80 % du territoire ».
Haro sur la fin du soutien financier de l'Etat aux petites communes ! Feu sur la suppression de services publics ruraux ! Et vive l'investissement public, moteur de croissance en temps de crise ! Les discours fleurent bon ceux, millésimés « 2011 », de la Fédération nationale des élus socialistes et républicains (FNESR). Et, pourtant, autour de la table, ce 19 février 2013, on ne trouve que des députés UDI et UMP. Le collectif parlementaire sur la ruralité, anciennement connu sous le label de droite rurale, convoque les gazettes à l'Assemblée nationale pour lancer sa « révolution des fourches ».
Tous ses membres vilipendent la baisse de 4,5 milliards des dotations jusqu'en 2015. « Du jamais vu, depuis la création de la dotation globale de fonctionnement en 1979 », rappelle Hervé Gaymard, député (UMP), président du conseil général de Savoie et ancien ministre de l'Agriculture.
Ciel, mon canton !
Tous conspuent le projet de loi électoral et la baisse de 50 % du nombre de cantons, en examen devant l'Assemblée depuis le 18 février. Ils discernent-là la mise à mort programmée des territoires les moins peuplés. « C'est le grand bond en arrière », juge Didier Quentin, député (UMP) de la Charente-Maritime. « Dans ma circonscription, il n'y aura plus que 2 cantons au lieu de 10 », illustre son collègue (UMP) du Var, Olivier Audibert-Troin. « La fin d'une représentation politique, c'est la mort économique », tranche François Sauvadet, député (UDI) et président du conseil général de Côte-d'Or. Pierre Morel-A-L'Huissier (UMP), leader ce groupe informel, rappelle, lui, que le canton constitue l'échelon de base de l'organisation des services publics…
Les 80 % du territoire et les 11 millions de Français habitant des communes rurales seraient oubliés. La limitation du cumul des mandats constituerait la deuxième lame du rasoir gouvernemental. « Les parlementaires iront chercher leur investiture, non, dans les territoires, mais dans les couloirs », met en garde Didier Quentin.
Datar « nostalgie »
Tous évoquent, avec nostalgie, la Délégation à l'aménagement du territoire et à l'action régionale (Datar) fondée en 1963. L'institution gaullo-pompidolienne était, à l'origine, dirigée par des grands commis de l'Etat comme Olivier Guichard. « Aujourd'hui, qui est à la tête de la Datar ? Mr nobody », grince Didier Quentin. « Le cinquantenaire de la Datar ne fera pas le printemps de la ruralité. Ce n'est plus qu'un cimetière de fonctionnaires en mal d'affectation et d'intellectuels attardés », renchérit Pierre Morel-A-L'Huissier.
Pour le député (UMP) de l'Aveyron, Alain Marc, c'est bien simple : « Le gouvernement hait la ruralité. » L'un de ses collègues évoque sa proximité avec un syndicat agricole « musclé ». Pierre Morel-A-L'Huissier parle de « caillassages » lors de visites ministérielles. Propos de Gascon, pour l'heure. La jacquerie, ce 19 février, reste confinée aux ors du Palais Bourbon.
Jean-Baptiste Forray