Oubliés du casting gouvernemental, amputés par le départ de leurs cadres dans les cabinets ministériels, les dirigeants socialistes de l'ARF et de l'ADF se montrent prêts à participer à la politique de rigueur.

A l'exception notable de l'Association des maires de France (AMF), tous les présidents des grandes associations d'élus appartiennent au PS. Autant dire, qu'à leurs yeux, le sacre de François Hollande doit tout changer. Au lendemain du 6 mai, plusieurs d'entre eux guignent un maroquin ministériel. Ils font lustrer leur galons acquis sur le champs de bataille électorale et dans la gestion des collectivités publiques. Alain Rousset (Association des régions de France) rêve à l'Industrie, Claudy Lebreton (Assemblée des départements de France) aux Territoires et à la Décentralisation. Ils en sont pour leurs frais.

Perte de cadres

Les voilà même qui perdent leurs forces vives. A l'Association des régions de France (ARF), le délégué général Michel Yahiel gagne l'Elysée au poste de conseiller social. La chef de cabinet, Claudine Ripert-Landler intègre le pôle presse et communication de la présidence. Du côté de l'Assemblée des départements de France (ADF), le directeur de cabinet Nicolas Larmagnac prend les fonctions de conseiller chargé des relations institutionnelles au cabinet du président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone. Guillaume Denis, directeur général adjoint et chef du service « finances » devient le conseiller « collectivités territoriales » de Marylise Lebranchu, ministre de la réforme de l'Etat, de la Décentralisation et de la Fonction publique. Alain Rousset et Claudy Lebreton endurent l'épreuve avec stoïcisme.

Jadis volontiers rageurs, leurs communiqués semblent même baigner dans une mer d'huile. L'ARF se félicite de « l'engagement du Premier ministre en faveur d'un nouvel acte de décentralisation ». Martin Malvy, président (PS) de Midi-Pyrénées, salue une « première en France » au soir, le 17 juillet, du « marathon ministériel » des patrons de région reçus successivement par Pierre Moscovici (Economie), Arnaud Montebourg (Redressement productif), Jean-Marc Ayrault, Marylise Lebranchu. Matignon ouvrira de nouveau ses portes à l'ARF le 24 juillet.

Au secours de l'Etat

Les départements ne sont pas en reste. L'ADF est accueillie à Matignon le 19 juillet. « Jean-Marc Ayrault a évoqué des mesures d'urgence définies à la rentrée » se réjouit Claudy Lebreton. Dans le sillage de Bertrand Delanoë, les départements de gauche ne réclament plus à l'Etat leur dette sur les transferts non compensés des allocations sociales (encore évaluée à environ 6 milliards par l'ADF à la veille su scrutin présidentiel, en mars 2012). « Le mot rigueur ne me fait pas peur » ose Alain Rousset, le 4 juillet, qui qualifiait en 2010 de « stupide » le gel des dotations aux collectivités. Et le discret dirigeant UMP d'une association d'élus d'esquisser un léger sourire…

Jean-Baptiste Forray