vendredi 29 janvier 2021
Ville vs. Campagne
Bonjour .
Vous qui aimez le bruit de la campagne, voilà une bonne nouvelle : c'est devenu le "patrimoine sensoriel" de la France. Si son coq chante fort ou si son champ sent fort aussi, ce n'est désormais plus un motif de trouble du voisinage. Mais pour en arriver là, il a fallu que la campagne se fasse entendre.
Le panneau de Muron
"Ici, nous avons des clochers qui sonnent régulièrement, des coqs qui chantent très tôt (...), des agriculteurs qui travaillent pour vous donner à manger. Si vous ne supportez pas ça, vous n'êtes pas au bon endroit."
Ça, c'est le panneau que plusieurs maires ont fait installer à l'entrée de leur village en 2019, partout à travers la France.
L'idée vient d'abord de Muron, en Charente-Maritime. Elle est très simple : mettre en avant le cadre de vie campagnard et prévenir les nouveaux arrivants, surtout les touristes, qui pourraient se plaindre des bruits d'animaux ou de tracteurs.
"On entend des problèmes de grenouilles, on entend des problèmes de chevaux, on entend des problèmes de tout. Sauf qu'il ne faut pas oublier que tout ça, c'était là avant que les gens soient là", déclare Gaëlle Vaudé, maire de Pargny-la-Dhuys, dans l'Aisne.
Crédits : Feifei Cui-Paoluzzo / Getty Images
L'inscription au patrimoine national
Cette notion de patrimoine, dont on ne peut pas se plaindre, elle n'est pas tout à fait nouvelle. En fait, elle a émergé en 2019, pendant le grand débat national. Elle a d'abord été évoquée suite aux procès à répétition lancés contre les bruits de la campagne.
Cette idée de faire entrer "le chant du coq, la cloche de l'église, le braiement de l'âne, le meuglement des vaches" dans le patrimoine national a notamment été proposée par Bruno Dionis du Séjour, maire de Gajac, en Gironde :
"C'est une humiliation vue par le campagnard de passer en justice à cause de quelqu'un qui vient de l'extérieur. Les gens qui viennent de la ville sont les bienvenus à la campagne. Mais seulement, on la respecte telle qu'elle est, c'est tout."
Le procès du coq Maurice
En 2019, la propriétaire de Maurice, un coq vivant sur l'île d'Oléron, s'est retrouvée au tribunal : ses voisins, des retraités en résidence secondaire, accusaient l'animal de chanter trop tôt le matin.
Mais en septembre, le tribunal a tranché en faveur du coq. Une victoire pour ceux qui voyaient dans cette affaire un vrai symbole du conflit entre la ville et la campagne.
"Il faut arrêter de se plaindre pour un rien, c'est quand même dommage. En France, la campagne est belle et on n'a pas à se plaindre pour un rien", a déclaré la propriétaire à la sortie du procès.
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