mardi 5 juin 2018

Réforme de l’audiovisuel : nouvelles menaces sur la liberté d’expression ? | Contrepoints

Réforme de l'audiovisuel : nouvelles menaces sur la liberté d'expression ? | Contrepoints

Réforme de l'audiovisuel : nouvelles menaces sur la liberté d'expression ?

Par Frédéric Mas.

Françoise Nyssen a dévoilé ce lundi à la presse son projet de réforme de l'audiovisuel public, qui a étonné certains observateurs par sa tonalité « engagée ». Alors que le gouvernement prévoyait la réduction du budget alloué à un secteur très largement décrié et en perte de vitesse, le ministre a fait état de certaines propositions pour le moins déconcertantes, ce qui peut susciter l'interrogation sur les véritables motivations de cette opération de communication politique du gouvernement Macron.

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En effet, Madame Nyssen a déclaré que le pays des Lumières, sur le sujet de la diversité, était « hautement réactionnaire ». Jouant la connivence avec Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions, la représentante de l'exécutif a clairement désigné l'ennemi, le « mâle blanc de plus de 50 ans », qui devra ainsi s'effacer pour laisser plus de visibilité aux minorités jusqu'à présent trop peu présentes dans les médias. Cette déclaration sur les « mâles blancs » n'est pas sans rappeler celle récente d'Emmanuel Macron à propos du Plan Borloo, et laisse entrevoir quel type d'engagement contre lesfake news le gouvernement Macron présentera aux Français.

Le mâle blanc désigné comme ennemi

Comme le notait le politologue Laurent Bouvet l'expression « mâle blanc » est un produit d'importation d'origine américaine1, qui désigne les hommes qui n'ont pas d'origine ethno-raciale minoritaire spécifique, et qui sont considérés comme majoritaires.

Le terme a bien entendu une connotation péjorative. Il est l'homme qui représente le monde d'hier, le conservateur attaché aux hiérarchies et aux injustices faites aux minorités sexuelles ou raciales, qu'il s'agit d'éradiquer pour atteindre la véritable égalité ou plutôt l'inclusion parfaite.

Comme l'explique Laurent Bouvet :

Le « mâle blanc » a ainsi peu à peu remplacé dans l'imaginaire commun des luttes identitaires depuis les années 1970-80, le bourgeois, le capitaliste, l'exploiteur… qui incarnaient les figures à abattre des luttes sociales depuis le XIXème siècle. Cette évolution s'est faite, politiquement, principalement par la gauche même si l'on retrouve toute une rhétorique symétrique et opposée, à droite, à l'extrême-droite en particulier, de défense de l'identité blanche et de la virilité.

Le mâle blanc est la fiction collectiviste qui sert aujourd'hui à la nouvelle gauche pour se présenter comme radicalement réformiste sur les campus, dans les grands médias et les entreprises de pointe.

L'idiome progressiste

L'exécutif reprend ainsi l'idiome moral progressiste et désigne clairement où vont ses allégeances dans la guerre culturelle qui est en train de se mener partout en Occident, et dont la première des victimes est la liberté. Depuis maintenant l'élection de Donald Trump et le Brexit, la cassure s'est accentuée entre le peuple et ses élites, les réactions populistes et ses réponses élitaires ou technocratiques, crispant l'une comme l'autre partie jusqu'à mettre en danger les démocraties libérales et l'Union européenne.

Si du point de vue d'une grande partie des populations, la défiance règne envers les dirigeants, l'inverse est également vrai : le propos de Françoise Nyssen sur la nécessité de « changer les mentalités » témoigne aussi de cette peur des gouvernants pour ce que Thomas Hobbes appelait « multitude », cette foule d'individus incontrôlables qui n'est pas encore totalement sortie de l'état de nature – et de la barbarie – et qu'il faut cornaquer pour la transformer en un peuple, ce sujet politique docile et disponible aux politiques publiques radieuses proposées par les gouvernants.

Ici, changer les mentalités signifie adopter la rhétorique racialiste et victimaire de la gauche post-moderne qui sévit sur les campus et dans certaines franges médiatiques, culturelles et politiques dominantes.

Et si on faisait confiance au marché ?

Reste à déterminer si cette saillie contre les hommes blancs ne vise pas, un peu comme les déclarations parfois tonitruantes de madame Schiappa dans ce gouvernement, ou celles de Frédéric Lefebvre dans celui de Sarkozy, à détourner l'attention des vrais problèmes. Dans le domaine de l'information et la communication en France, il y en a au moins trois.

Premièrement, ne s'agirait-il pas de susciter l'émotion et la colère pour détourner l'attention sur l'absence de réforme réelle dans le domaine de l'audiovisuel public ? Tout le monde attendait la réduction du train de vie de ces médias en déclin, rien n'a vraiment été proposé de révolutionnaire.

Deuxièmement, en matière d'information, pourquoi ne pas faire confiance au marché, et laisser les individus choisir ce qui leur convient sans recours à un paternalisme étatique qui est aux antipodes de l'esprit du libéralisme ? Bien entendu, la réponse qui pourra être avancée est connue : les citoyens français, ces incapables majeurs, sont distraits par les fausses nouvelles, le complotisme, les médias étrangers qui nous endoctrinent.

Mais dans ce cas, nous arrivons au troisième problème : mettre des millions dans une plateforme de rééducation idéologique assez peu soucieuse de la neutralité du service public n'est-il pas une manière de poser un paravent commode devant l'échec à intégrer et former de l'Éducation nationale ? Il y a fort à parier que ces questions resteront sans réponses.

  1. Il s'agit même d'une traduction littérale, qui n'a pas de sens en français.

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