jeudi 14 juin 2018

Promesses déçues : comment les étudiants boursiers ont été lésés par Parcoursup

Promesses déçues : comment les étudiants boursiers ont été lésés par Parcoursup

Promesses déçues : comment les étudiants boursiers ont été lésés par Parcoursup

Le gouvernement les présente comme l'une des grandes avancées sociales de Parcoursup : désormais, des quotas minimaux de boursiers sont fixés dans chaque filière publique sélective ou en tension. L'objectif avec cette mesure, arrivée dans la loi relative à l'orientation et à la réussite des étudiants (ORE) à la faveur d'un amendement du groupe socialiste à l'Assemblée, est de "favoriser l'accession du plus grand nombre à un diplôme d'enseignement supérieur". A la manière d'un "bonus", les taux décidés par les recteurs de chaque académie doivent assurer aux lycéens les moins favorisés de ne pas être éliminés dès le début de la sélection. Parcoursup formalise ici ce qui relevait de la "petite cuisine" interne avec Admission Post-Bac (APB). L'ancien système permettait parfois, à dossier égal, de privilégier les candidats boursiers dans certaines filières. Problème : plus organisés, les quotas version Parcoursup ne sont pas plus égalitaires.

Trouver l'ensemble des quotas de boursiers de chaque formation n'est pas chose aisée. Pour avoir une idée de la tendance générale, il faut relever les seuils de chacune des formations proposées sur le site de Parcoursup. Ce colossal travail de fourmi a été mené pour l'Île-de-France par les chercheurs Milan Bouchet-Valat, Marie Paule Couto et Léonard Moulin, et le constat est sans appel : les différences entre universités - et parfois même entre filières - sont criantes. Si, pour beaucoup d'entre elles, les taux de boursiers oscillent entre 10 et 20%, certaines doivent à peine en accepter 5%.

Moins de boursiers pour les universités parisiennes

Autre constat : les universités du centre de la capitale, comme Paris 2 Panthéon-Assas, ou Paris 3 Sorbonne Nouvelle, sont libres d'accepter moins de 6% de boursiers. A l'inverse, celles de banlieue, comme Paris Est-Créteil (11,2%) ou Paris 13 Nord (15,4%) doivent en accueillir au minimum 12%. "C'est un phénomène que l'on constate particulièrement à Paris, précise Léonard Moulin, chargé de recherche à l'institut national d'études démographiques. La capitale est l'un des seuls endroits en France où les universités sont extrêmement rapprochées géographiquement et où les écarts sont les plus flagrants".

Ces différences de taux s'accroissent encore davantage lorsque l'on se penche sur les filières de droit parisiennes, championnes toutes catégories des inégalités entre boursiers. Ainsi, l'université Paris 13 Villetaneuse-Bobigny accueillera l'année prochaine plus de 18% de boursiers, tandis que celle de Paris 1 Panthéon Sorbonne ne doit en recevoir… que 2%. Et l'écart devient de plus en plus aberrant lorsqu'on compare deux filières d'une même université, situées dans deux zones géographiques différentes. Si la filière de Droit-Economie-Gestion de Panthéon-Assas s'est vu attribuer un taux minimum de 2%, son antenne en banlieue, à Melun, doit, quant à elle, impérativement accepter plus de 10% de boursiers.

"Hypocrisie du message gouvernemental"

Devant ce gouffre, les enseignants du supérieur sont nombreux à pointer, à l'exemple d'Anne Bory, maîtresse de conférences en sociologie à la Faculté des Sciences économiques et sociales, "l'hypocrisie du message gouvernemental" : "Ce n'est pas en intégrant 2% de boursiers que l'on va favoriser les étudiants des classes populaires ! s'étrangle-t-elle. Si le gouvernement veut permettre la discrimination positive des boursiers, pourquoi il y en aurait-il moins à Assas qu'à Roubaix ? A Paris qu'à Melun ?"

Pourquoi une telle différence entre les universités ? Beaucoup d'enseignants ne s'avancent pas, pointant seulement "le manque de transparence" du processus d'affectation de Parcoursup. "Il n'y a pas réellement d'information sur la manière dont ces taux ont été fixés, confirme Leïla Frouillou, maîtresse de conférences en sociologie à l'université Paris-Nanterre. Aucune règle n'a été publiée, aucune consigne. On ne sait pas si ça résulte de choix des académies, des recteurs, on ne peut que faire des hypothèses..."

Autocensure des étudiants

Il existe tout de même quelques pistes d'explication. La première est inscrite dans le texte de la loi ORE qui indique que, dans les filières en tension, "l'autorité académique fixe un pourcentage minimal de bacheliers" boursiers, "en fonction du rapport entre le nombre" de candidats à la formation "et le nombre total de demandes". Les 2, 10 ou 20% ne sont donc pas tirés d'un chapeau et sont, du moins en partie, issus d'un calcul mathématique. En clair, cela signifie que pour trouver leurs taux, les recteurs doivent effectuer un simple produit en croix : le nombre de dossiers de boursiers s'y présentant divisé par le nombre total de candidatures, multiplié par cent. En théorie, le rectorat n'a donc eu qu'à automatiser ce processus pour fixer l'ensemble des quotas dans chaque filière. Contactée, l'académie de Paris nie l'existence de tout "processus mécanique" et affirme que plusieurs facteurs ont été pris en compte : le nombre de candidats, mais aussi la situation de la filière l'an passé ainsi que les souhaits des présidents d'université, certains souhaitant moins et d'autres plus de boursiers.

"Le lycéen va rationaliser son choix. Il va estimer que cette université est trop difficile à atteindre et refuser d'y aller"

Pour Léonard Moulin, l'hypothèse la plus probable est celle d'un calcul, qui découle du comportement des lycéens eux-mêmes : "Ces disparités que l'on observe sont au départ moins le fait des facs que des disparités dans les candidatures, dès le départ", estime-t-il. C'est ici que se trouverait la raison fondamentale des disparités entre les universités : "Dans l'idéal, on devrait évidemment avoir le même nombre de boursiers dans toutes les universités, mais souvent, ils se censurent", remarque-t-il. Par peur de s'aventurer dans des universités dites "prestigieuses", de devoir louer un studio à Paris, même aidé d'une bourse, les lycéens de banlieue renoncent à candidater. "Le lycéen va rationaliser son choix, développe Léonard Moulin. Il va estimer que cette université est trop difficile à atteindre et refuser d'y aller".

Résultat : seuls les meilleurs des meilleurs boursiers, qui ont vaincu l'autocensure, parviendront peut-être à avoir une place dans les universités parisiennes les plus prisées. Les autres resteront chez eux. "Avec Parcoursup, les étudiants sont en principe libres d'aller où ils veulent, remarque Pierre Chantelot, du syndicat SNESUP-FSU. Mais le gouvernement joue clairement sur l'autocensure des étudiants pour mieux gérer leurs flux : les étudiants de banlieue restent en banlieue et les plus aisés restent ou s'installent à Paris."

Le choix aux facs

Reste que les universités sont en réalité loin d'être démunies face à cet effet pervers. Assas ou la Sorbonne auraient très bien pu faire le choix d'augmenter leur taux minimum de boursiers : rien ne l'interdit dans la loi ORE, au contraire. "J'ignore s'ils ont uniquement choisi de se référer aux demandes minimum, mais il y a quand même sans doute une grande marge de manoeuvre, regrette Leïla Frouillou. On pourrait avoir une interprétation plus large de ce minimum, en se disant qu'il s'agit d'un taux d'affichage, d'un taux objectif. S'il ne peut pas être atteint, ce n'est pas un problème : on affectera d'autres personnes". Une manière de créer un appel d'air et d'inciter les candidats boursiers à davantage candidater l'année suivante : "Cela permettrait d'assurer une meilleure mixité sociale". De quoi, à ce moment, apporter un vrai "bonus" aux candidatures des bacheliers boursiers.

Retraites : la fin des pensions de réversion ?

Retraites : la fin des pensions de réversion ?

Retraites : la fin des pensions de réversion ?

La réforme des retraites est le prochain gros chantier du gouvernement. Les partenaires sociaux sont très inquiets sur les conséquences qu'elle pourrait avoir pour les femmes. Le haut-commissaire à la réforme des retraites envisage la suspension des pensions de réversion.

La réforme des retraites sera-t-elle défavorable aux femmes ? La suppression ou la modification des pensions de réversion est en débat. Il s'agit de la partie de la retraite du conjoint décédé qui est reversée à sa veuve ou son veuf. Aujourd'hui, 3,8 millions de personnes en bénéficient. Ce sont des femmes à 89%. Cette pension représente 33 milliards d'euros.

Plusieurs syndicats s'insurgent

Le gouvernement veut réviser ce système, car, les femmes travaillant plus qu'avant, les différences de retraite avec les hommes diminuent. Pour plusieurs syndicats, il est cependant hors de question de supprimer les pensions de réversion. Globalement, cette réforme des retraites risque de pénaliser les femmes. Aujourd'hui, pour les salariés, les pensions prennent en compte les 25 meilleures années. Mais le gouvernement envisage une retraite à points calculée sur toute la vie professionnelle. Le haut-commissaire à la réforme des retraites présentera ses premières préconisations en décembre prochain.

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#LEVOTHYROX L'Association française des malades de la - Franceinfo

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    #LEVOTHYROX L'Association française des malades de la thyroïde (AFMT) annonce avoir commandé une analyse sur la nouvelle formule du Levothyrox. Ces recherches, menées par un laboratoire à l'étranger, révèlent que le médicament contient moins de lévothyroxine que les spécifications en vigueur, et qu'il comporte de la dextrothyroxine, une substance de synthèse non commercialisée en France.

Sylvia Tisot, la présidente de l’association du foyer rural, constate un essoufflement

Sylvia Tisot, la présidente de l'association du foyer rural, constate un essoufflement

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Sylvia Tisot, la présidente de l'association du foyer rural, constate un essoufflement
la présidente avec à ses côtés la vice-présidente Christelle Petit et le coprésident des foyers ruraux du Gard

L'assemblée générale du foyer rural, samedi 5 mai, avait déjà dû être reportée, le quorum n'a pas été atteint. La suivante n'a guère plus mobilisé les habitants de la commune.

En présence de Rémi Deleuze, coprésident des Foyers ruraux du Gard, et de Jean Leroy, adjoint au maire, Sylvia Tisot, présidente, n'a pas caché son incompréhension à cette relative désaffection.

Avant d'aborder les différents rapports, elle a voulu ajouter une note personnelle, ayant "du mal à accepter que chacun reste chez soi lors de manifestations destinées à faire se rencontrer des gens dispersés dans des hameaux éloignés, dans cette commune sans cœur de village, mais possédant un patrimoine qui pourrait apporter une cohésion qu'elle souhaite ardemment".

Elle a ensuite laissé la parole à la secrétaire et aux différents responsables des sections d'activités qui ont fait le bilan de l'année écoulée. L'atelier sportif pour enfants, l'initiation danse (enfants et adultes), Les P'tites bricoles, la section randonnée, la remise en forme body fit et l'activité gym douce, la bibliothèque, ont été passés au crible, avec un indice de satisfaction très positif.

Mais le manque de bénévoles, les coûts et les nouvelles réglementations doivent faire réfléchir pour maintenir certaines de ces activités.

Ont aussi été évoquées les réussites des manifestations (malgré le peu de Tornagais présents) telles que les deux vide-greniers, le carnaval (en partenariat avec l'association des parents d'élèves), la représentation du Petit théâtre de Boisset, le gala de l'initiation à la danse, la course d'Ornis, le marché artistes et artisans d'art, la fête du village (en partenariat avec la municipalité) et le réveillon de la Saint-Sylvestre, qui a connu un véritable succès. L'information est assurée par la distribution du Petit Oiseau, complété sur le site internet et la page Facebook de plus en plus visitée.

Pour 2018, la plupart des manifestations seront reconduites, avec cependant le projet ambitieux du transfert, au château de Tornac, du spectacle son et lumière, sur deux jours (les samedi 29 et dimanche 30 juin), de la section initiation à la danse.

Après l'approbation du bilan financier, il a été procédé à l'élection du conseil d'administration : avec trois démissions et aucune candidature, il est réélu avec les membres renouvelés.


Vieillissement, exclusion, santé : Emmanuel Macron veut faire mieux avec autant

Vieillissement, exclusion, santé : Emmanuel Macron veut faire mieux avec autant

Vieillissement, exclusion, santé : Emmanuel Macron veut faire mieux avec autant

« La solution n'est pas de toujours dépenser plus d'argent », a martelé Emmanuel Macron, lors du congrès de la Mutualité, à Montpellier, ce 13 juin 2018. Attaqué depuis des mois sur le côté libéral, voire ultralibéral de sa politique, le président de la République est venu défendre ses choix devant les mutualistes.

Il a particulièrement développé les « trois grands défis » auxquels sont confrontés les Français : la santé, l'âge et l'exclusion. Pour les relever, il faut s'attaquer « à la racine » des maux et mettre en place plus de prévention et d'accompagnement des populations fragiles.

Grand âge : une loi pour fin 2019

Lors de la campagne présidentielle, Emmanuel Macron s'est peu exprimé sur le grand âge et la dépendance mais l'actualité l'a rattrapé.

Après avoir rappelé que « les 42 régimes de retraite ne correspondent plus aux défis contemporains » et que la loi les réformant serait votée au premier semestre 2019, il a abordé la dépendance, regrettant que « notre République ne soit pas à la bonne hauteur » sur cette question.

Alors que la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn a présenté il y a quelques jours un plan « Plan âge et autonomie », l'ancien ministre de l'Economie a précisé qu' »un débat national est indispensable » pour répondre à ce défi. Une loi sera présentée en 2019 pour un vote avant la fin de l'année. S'il n'a pas précisé le contenu, Emmanuel Macron a néanmoins glissé dans son discours la possibilité de l'établissement « d'un nouveau risque ».

Cela signifierait que le Président penche pour la création d'une cinquième branche de la Sécurité sociale. Le débat avait été ouvert en 2007 par Nicolas Sarkozy, mais face au coût estimé, l'idée avait été abandonnée.

Exclusion : l'émancipation par le travail

C'était certainement le sujet sur lequel le Président était le plus attendu, alors que ses propos sur le « pognon de dingue » mis dans les aides sociales tournaient sur les réseaux sociaux depuis une demi-journée. Et, s'il a assuré que « l'ensemble du gouvernement est mobilisé pour repenser la solidarité nationale », Emmanuel Macron a prévenu : « les solutions que nous devons apporter ne peuvent pas n'être que budgétaires. »

Le montant du RSA a augmenté en 10 ans de 80% alors que l'accompagnement des allocataires a diminué de 60%, a-t-il regretté. 50% d'entre eux touchent toujours le minima social au bout de 4 ans. « Le système ne permet pas à celles et ceux qui y tombent de retrouver une place dans la société », a-t-il ajouté.

Une pierre jetée dans le jardin des départements qui ont la charge de l'insertion des bénéficiaires du RSA. Selon les chiffres de l'Odas, depuis plusieurs années, les conseils départementaux ont réduit la voilure sur le plan insertion pour pouvoir continuer à payer les allocations.

Pour Emmanuel Macron, le retour à l'emploi des bénéficiaires qui le peuvent est indispensable et l'accompagnement social doit être valorisé et renforcé. Une action déjà menée par de nombreux départements qui ont bien compris que la meilleure des solutions pour faire baisser le coût du RSA est de faire sortir du dispositif les personnes qui le peuvent.

Les négociations sont par ailleurs en cours entre Matignon et l'Assemblée des départements de France sur l'avenir du financement des allocations individuelles de solidarités. Mi-mai, les départements avaient néanmoins rejeté les propositions du gouvernement les jugeant trop faibles.

Santé : la seule annonce concrète

« Le système est en crise, et cela ne date pas d'hier », a commencé Emmanuel Macron avant de détailler les dérèglements constatés : pas assez de prévention, trop de renonciations aux soins, trop d'actes inutiles.

C'est sur ce dernier point que le Président espère faire des économies pour investir ailleurs. « On a trop longtemps pensé que qualité signifiait quantité d'actes », a-t-il dénoncé. Mais, dès 2021, l'Assurance maladie remboursera intégralement les frais dentaires, d'optique et de prothèses auditives. Un dépistage des troubles visuels et auditifs sera également mis en place « dès le plus jeune âge » pour mettre en place une meilleure prévention, une économie à long terme a assuré le Président.

Mais, a-t-il ajouté, « les lunettes à zéro euro ne servent à rien s'il faut 12 mois pour avoir un rendez-vous » chez l'ophtalmologiste. Il parle ainsi de revoir l'organisation des professionnels de santé : « les acteurs doivent s'organiser en réseau », a-t-il déclaré sans plus de précisions. Il doit néanmoins présenter un plan plus complet « à l'été ».

Le Président doit revenir sur les déserts médicaux et la stratégie de lutte contre la pauvreté dans le courant du mois de juillet. La question est de savoir s'il proposera alors des actions concrètes pour compléter les intentions.

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80 km/h sur les routes : qu’en pensent nos voisins européens ? | Contrepoints

80 km/h sur les routes : qu'en pensent nos voisins européens ? | Contrepoints

80 km/h sur les routes : qu'en pensent nos voisins européens ?

Par Éric Svane.

Plus on crée des lois,

plus on crée des criminels

— Lao Tseu

Lorsque le gouvernement craint le peuple, il y a la liberté ;
lorsque le peuple craint le gouvernement, il y a la tyrannie.
— Thomas Jefferson

Vendredi 5 janvier 2018, Manuel Valls et une poignée d'ex-dirigeants de la Sécurité Routière signaient un appel pour soutenir la réduction de la vitesse à 80km/h sur 400.000 km de routes secondaires, une mesure contre laquelle, selon eux, « il n'y a aucun argument ».

Aucun ?

Que dire du fait qu'aucun (!) des autres 27 pays membres de l'Union Européenne ne semble avoir de projets de suivre la France dans cette croisade contre le progrès ?  Puisqu'on nous vante sans cesse l'Europe et la construction européenne, ne serait-ce pas une idée d'étudier la sécurité routière chez nos voisins, voire au-delà des frontières de l'UE ?

Le matraquage français

Pour prendre les seuls pays de l'Union, aucun des autres 27 autres gouvernements (ou 26, après le Brexit) semble manifester un tel acharnement à truffer leurs pays respectifs de radars toujours plus puissants et plus sournois, voire à matraquer à un tel point les citoyens de leur pays.  Il n'y en a point un seul qui utilise des études tant archaïques que fantaisistes (cf la formule mathématique des années 1970 — jamais reproduite par autrui — qui prétend que diminuer la vitesse d'un km engendre ipso facto 4% de tués en moins) ainsi que des expériences dont les résultats sont tenus secrets.

Très certainement, il ne semble y avoir aucun pays qui a la moindre intention de baisser les limites de vitesse.  Au contraire, du Danemark à l'Italie, les limitations de ont été revues à la hausse, du moins sur certaines portions du réseau routier.

En effet, on a pu lire dans les journaux italiens le choc des journalistes devant la politique française du tout radar et de la sanction permanente, le « tout-répressif » trouvé en France.

« Il n'y a aucun argument » ?! En Autriche, l'expérimentation faite sur les autoroutes en 2006-2007 a été de porter la limitation de 130 km/h à 160 km/h, ce qui n'a pas eu le moindre effet négatif.  (Grâce au lobby écologistes autrichiens, la limite est restée la même qu'en… 1973.)

La majorité des pays européens ont limité la vitesse à 50 km/h dans leur agglomération, explique la Ligue de Défense des Conducteurs, alors qu'en France la nouvelle lubie des maires est de mettre en place une vitesse réglementaire de 30 km/h.

Pas de répression aveugle des automobilistes en Grande-Bretagne

En Grande-Bretagne, depuis 2011, les Anglais ont supprimé plusieurs centaines de radars, le ministère des Transports avouant que leur implantation n'a pas eu de véritable impact sur la sécurité routière.  On ne cherche pas à faire de la répression aveugle contre les automobilistes, précise Adrien Sallé sur ABC Moteur :

Le ministre des Transports britannique, Patrick McLaughlin, est clair : le but n'est pas de faire tirer des revenus des radars. Ils sont installés dans une optique de prévention. En 2016 les boîtes flasheuses installées sur les axes rapides ont été peintes en jaune pour être visibles de loin par les conducteurs.

Rappel : selon les chiffres de la Commission Européenne, les Allemands ont proportionnellement moins de morts sur route que la France et ce alors que non seulement l'autobahn n'a pas le degré de répression et de persécution qu'ont à affronter les automobilistes français, mais qu'en plus il n'y a pas la moindre limite de vitesse sur la vaste majorité du réseau allemand (66% au moins, contrairement aux fabulations de Chantal Perrichon et de sa Ligue Contre la Violence Routière.

Que dit la Commission sur l'efficacité de la répression des conducteurs ?  Eh bien, sur 28 pays, la nation exhibant la pire répression des conducteurs sur le continent (j'ai nommé la France) comptait 53 morts par million d'habitants en 2014, venant en 15ème place et se trouvant au-dessus de la moyenne, tandis que le pays de la vitesse complètement libre sur autoroute (j'ai nommé l'Allemagne) en comptait 42, venant en 8ème place et se trouvant donc en-dessous de la moyenne.

La double peine française

Quant à la double peine (retrait de point + amende) systématique appliquée en France, la LDC explique que

En Allemagne par exemple, le C ode de la route fait la différence entre une petite erreur et celle qui peut entraîner la mise en danger d'autrui. Ainsi, lorsque l'automobiliste dépasse de quelques km/h la vitesse autorisée, il paye une amende mais n'accumule aucun point sur son permis [le système de permis à point fonctionne à l'inverse du nôtre : les conducteurs allemands accumulent des points à chaque infraction]. Pour un excès de vitesse inférieur à 20 km/h, pas de double peine. C'est pour une politique intelligente de ce type que se bat la Ligue de Défense des Conducteurs. En effet, en France 80 % des amendes [et donc des points perdus] liées à la vitesse concernent un dépassement de la vitesse de moins 20 km/h.

Par ailleurs, la France se doit d'être un « modèle social » dans bien d'autres domaines liés à la route — un modèle social qu'aucun autre pays ne semble suivre.  Ainsi, sur les autoroutes — ces routes qui sont les plus sûres quel que soit le pays où elles se trouvent — il n'y a pas le moindre péage dans la vaste majorité des pays de l'Union Européenne.

Et les ronds-points ? Ah, avec le plus de giratoires au monde, les Français sont les maîtres des ronds-points !

Campagne, rase-campagne, banlieue, ville, village, centres commerciaux… Aucun endroit n'échappe à la folie des giratoires : notre pays en compte plus de 40 000. Et cette idée fixe nous coûte très cher.

Autre information dans le domaine de la route début 2018 (vous avez dû en entendre parler un peu partout, à la télé, à la radio ou dans vos journaux) : avec le Masque d'André Malraux, Pontarlier (Doubs) peut se vanter d'être le gagnant du concours du pire rond-point de France.

C'est sous la forme de ce concours que Contribuables Associés a voulu dénoncer les coûts exorbitants des ronds-points et de leurs aménagements qui vont au-delà de la sécurité routière : 20 milliards d'euros au total !

Une solution : augmenter la vitesse

Revenons à la lenteur (pardon, à la vitesse), mais en élargissant nos horizons :

De l'autre côté de l'Atlantique, un trooper de la Michigan State Police, Thad Peterson, explique que « l'une des choses les plus sécuritaires à faire, c'est d'augmenter la limite de vitesse. »

En effet, augmenter la limite de 90 km/h à 100 km/h en Colombie Britannique a amené une baisse d'accidents (similaire au Danemark) de presque 13%, tandis que de l'autre côté de la planète, les Australiens ont vu le nombre d'accidents et de morts baisser lorsque la limite de 130 km/h sur une section de 336 km de la Stuart Highway a été supprimée au profit de la vitesse complètement libre (comme en Allemagne), dans le but avoué de (tenez-vous bien) « rendre la responsabilité aux automobilistes ».

S'il faut en croire la Parker Study par le Federal Highway Administration de 1997, qui a fait des études de baisses ou d'augmentations des limites de vitesse à travers les États-Unis avec un échantillon de la bagatelle de 1,6 millions de véhicules (!), le nombre d'accidents diminuait lorsque la limite de vitesse augmentait et le nombre augmentait lorsque la limite diminuait.

Une étude de la National Motorists Association dévoile ce qu'on appelle le Paradoxe du Montana :

La période la plus sûre sur les routes Interstate du Montana était quand il n'y avait aucune limite de vitesse pendant les heures du jour.

Dans La seule chose que la vitesse tue c'est votre portefeuille (voir Speed Kills Your Pocketbook sur Youtube), le Canadien Chris Thompson compare les limites de son pays (parmi les plus basses du monde occidental) à celles de l'Allemagne, où il y a deux fois moins de morts par habitant.

Pour une poignée de dollars

On serait presque tenté de poser la même question que pose AutoBlog, un magazine d'autos américain :

Se pourrait-il que la sécurité routière ait moins à voir avec la sécurité qu'avec la récolte des dollars ?

Il y a une bonne nouvelle à annoncer :

Une grande majorité parlementaire est furieuse concernant les plans du gouvernement pour la police, ceux de recueillir plus de PV, de sorte que les écarts sur le budget du ministère de la Justice peuvent être bouchés. Les députés veulent mettre un terme au système que cette pratique engendre. Des bruits de protestation de la part de la police ont également été entendus.

Il y a aussi, malheureusement, une mauvaise nouvelle à annoncer :

Ce n'est pas en France que cela se passe, mais aux Pays-Bas. Ces informations néerlandaises nous viennent de Jorn Jonker et Gijsbert Termaat dans De Telegraaf. Les titres disent tout :

Les policiers n'ont pas l'intention

de servir d'agents intérimaires du fisc

Stop aux conflits d'intérêt

L'autorité de la police minée

Les politiciens hollandais disent qu'il y a maintenant un «effet pervers» pour le ministère à distribuer autant de PV. Cela ne concerne plus la sécurité sur la route, mais l'argent. Jan Struijs, président de la Fédération de la Police Néerlandaise (NPB), dit que les agents n'ont pas l'intention de travailler comme agents du fisc. Il prédit que la population va réagir avec colère envers les flics.

Avec ce genre d'annonces, le gouvernement porte atteinte à l'autorité de la police.

En France aussi, les policiers ont essayé de protester, mais sans résultat.  En 2012, Michel Nowacki, responsable de la sécurité routière au syndicat Unité SGP-Police, déplorait ce phénomène :

Nous sommes dans une politique de répression et non de lutte contre les accidents.

Quant au Syndicat Indépendant de la Police Nationale, il se plaignait que les policiers ne sont plus des « anges gardiens » et des « arbitres » mais des percepteurs déguisés.

Dans leur lettre du 5 janvier — utilisée comme prétexte quatre jours plus tard par le Premier ministre, Édouard Philippe, pour baisser la limitation de lenteur (pardon, de vitesse) de 90 à 80 km/h sur les routes secondaires à double sens — M. Valls et les gros bonnets de la Sécurité Routière trouvent « indécent de parler de 'pompe à fric'. »

Pour tous ces champions auto-proclamés du discours et de la discussion, dès que la conversation va dans une direction qui ne leur plait pas, ils sont prêts à traiter tous ceux qui ne sont pas d'accord avec eux et avec la vogue politiquement correcte du jour de tous les opprobres habituels — des gens indécents, irrespectueux, réactionnaires, racistes, sexistes, homophobes, fascistes, déplorables, etc, etc, etc…

Tous ces « Schleus », tous ces « Ritals », et tous ces « Ricains », en compagnie de tous les autres voisins de l'Hexagone, sont apparemment des brutes incapables qui, contrairement aux braves timoniers de la société française, ces valeureux chevaliers sur leurs destriers blancs, rêvent de morts horrifiques pour leurs concitoyens