Vieillissement, exclusion, santé : Emmanuel Macron veut faire mieux avec autant
« La solution n'est pas de toujours dépenser plus d'argent », a martelé Emmanuel Macron, lors du congrès de la Mutualité, à Montpellier, ce 13 juin 2018. Attaqué depuis des mois sur le côté libéral, voire ultralibéral de sa politique, le président de la République est venu défendre ses choix devant les mutualistes.
Il a particulièrement développé les « trois grands défis » auxquels sont confrontés les Français : la santé, l'âge et l'exclusion. Pour les relever, il faut s'attaquer « à la racine » des maux et mettre en place plus de prévention et d'accompagnement des populations fragiles.
Grand âge : une loi pour fin 2019
Lors de la campagne présidentielle, Emmanuel Macron s'est peu exprimé sur le grand âge et la dépendance mais l'actualité l'a rattrapé.
Après avoir rappelé que « les 42 régimes de retraite ne correspondent plus aux défis contemporains » et que la loi les réformant serait votée au premier semestre 2019, il a abordé la dépendance, regrettant que « notre République ne soit pas à la bonne hauteur » sur cette question.
Alors que la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn a présenté il y a quelques jours un plan « Plan âge et autonomie », l'ancien ministre de l'Economie a précisé qu' »un débat national est indispensable » pour répondre à ce défi. Une loi sera présentée en 2019 pour un vote avant la fin de l'année. S'il n'a pas précisé le contenu, Emmanuel Macron a néanmoins glissé dans son discours la possibilité de l'établissement « d'un nouveau risque ».
Cela signifierait que le Président penche pour la création d'une cinquième branche de la Sécurité sociale. Le débat avait été ouvert en 2007 par Nicolas Sarkozy, mais face au coût estimé, l'idée avait été abandonnée.
Exclusion : l'émancipation par le travail
C'était certainement le sujet sur lequel le Président était le plus attendu, alors que ses propos sur le « pognon de dingue » mis dans les aides sociales tournaient sur les réseaux sociaux depuis une demi-journée. Et, s'il a assuré que « l'ensemble du gouvernement est mobilisé pour repenser la solidarité nationale », Emmanuel Macron a prévenu : « les solutions que nous devons apporter ne peuvent pas n'être que budgétaires. »
Le montant du RSA a augmenté en 10 ans de 80% alors que l'accompagnement des allocataires a diminué de 60%, a-t-il regretté. 50% d'entre eux touchent toujours le minima social au bout de 4 ans. « Le système ne permet pas à celles et ceux qui y tombent de retrouver une place dans la société », a-t-il ajouté.
Une pierre jetée dans le jardin des départements qui ont la charge de l'insertion des bénéficiaires du RSA. Selon les chiffres de l'Odas, depuis plusieurs années, les conseils départementaux ont réduit la voilure sur le plan insertion pour pouvoir continuer à payer les allocations.
Pour Emmanuel Macron, le retour à l'emploi des bénéficiaires qui le peuvent est indispensable et l'accompagnement social doit être valorisé et renforcé. Une action déjà menée par de nombreux départements qui ont bien compris que la meilleure des solutions pour faire baisser le coût du RSA est de faire sortir du dispositif les personnes qui le peuvent.
Les négociations sont par ailleurs en cours entre Matignon et l'Assemblée des départements de France sur l'avenir du financement des allocations individuelles de solidarités. Mi-mai, les départements avaient néanmoins rejeté les propositions du gouvernement les jugeant trop faibles.
Santé : la seule annonce concrète
« Le système est en crise, et cela ne date pas d'hier », a commencé Emmanuel Macron avant de détailler les dérèglements constatés : pas assez de prévention, trop de renonciations aux soins, trop d'actes inutiles.
C'est sur ce dernier point que le Président espère faire des économies pour investir ailleurs. « On a trop longtemps pensé que qualité signifiait quantité d'actes », a-t-il dénoncé. Mais, dès 2021, l'Assurance maladie remboursera intégralement les frais dentaires, d'optique et de prothèses auditives. Un dépistage des troubles visuels et auditifs sera également mis en place « dès le plus jeune âge » pour mettre en place une meilleure prévention, une économie à long terme a assuré le Président.
Mais, a-t-il ajouté, « les lunettes à zéro euro ne servent à rien s'il faut 12 mois pour avoir un rendez-vous » chez l'ophtalmologiste. Il parle ainsi de revoir l'organisation des professionnels de santé : « les acteurs doivent s'organiser en réseau », a-t-il déclaré sans plus de précisions. Il doit néanmoins présenter un plan plus complet « à l'été ».
Le Président doit revenir sur les déserts médicaux et la stratégie de lutte contre la pauvreté dans le courant du mois de juillet. La question est de savoir s'il proposera alors des actions concrètes pour compléter les intentions.
1 commentaire:
Autant dire que le chef de l'État a une gestion boutiquière du pays...
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