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LE CANARD ET LES MENSONGES
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Au pied des monts de la Cévenne
Huit villages qui n'avaient pas de veine
N'avaient d'abord pour les informer
Qu'un vilain petit canard malformé.
Sortant de sa mare sur le coup de midi
Il s'autoproclamait vraiment libre
En prétendant garder l'équilibre
A propos de tout ce qui s'était dit.
Il cancanait, cancanait, c'était son métier
Criait ses nouvelles sur tous les sentiers
Se croyait et s’affirmait universel
Ce qui cachait mal ses petites ficelles.
Toujours du côté du plus fort
Il avait choisi le camp des loups,
Pour mieux gagner plein de sous :
C'était pour lui le moindre effort.
Dans l'agitation qui partageait les cours
Il s'était rangé du côté du coq
Et n'hésitait pas (que cela choque !)
A traficoter les vrais discours.
Il mentait et le savait fort bien
Mais croyait que son pauvre manège
Ne pourrait jamais être en rien
Distingué pour un douteux florilège.
Autrefois seul porteur des nouvelles
Il pouvait aux lecteurs la bayer belle,
Jusqu'à voir naître avec déplaisir
Un art électronique de le contredire.
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Vouloir informer d'une seule position
C'est comme régner sans opposition,
Cela aigrit l'estomac puis monte à la tête
Et ne mérite qu'une sinistre épithète.
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La Fontaine du Plan de Brie
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