mardi 23 avril 2019

La tactique du bannissement

Laurent Joffrin

La tactique du bannissement

Nous sommes tous des Mithridate… L'histoire – peut-être légendaire – veut que ce roi rival de Rome, craignant l'assassinat par le poison, en absorbait chaque jour une petite quantité pour s'immuniser. C'est le même traitement que nous subissons en matière de libertés publiques : loi après loi, mesure après mesure, nous succombons à une habitude du poison, qui finit par écorner sérieusement le droit des citoyens.
Le cas du journaliste Gaspard Glanz, gardé à vue quarante-huit heures puis banni des défilés jusqu'en octobre, en est l'illustration parfaite. On peut disserter longuement sur les qualités et les défauts de ce reporter qui couvre les affrontements entre manifestants et policiers. Biais «antiflic», manie de la provocation verbale, vidéos à sens unique qui mettent en lumière les violences policières (qui existent) mais sont plus discrètes sur les violences des manifestants (qui existent tout autant). Mais ce sont des considérations déontologiques et non pénales. On peut rappeler que le «doigt d'honneur» dont il a gratifié un membre des forces de l'ordre tombe sous le coup de la loi (quoique consécutif à une bousculade musclée). Mais cet impair s'est soldé par une détention de toute évidence disproportionnée et, surtout, par une interdiction de se rendre sur les lieux des manifestations pendant près de six mois.
Cette censure préalable, quoique légale, pose un problème de principe : peut-on préjuger d'une intention ? Alors même que ce journaliste franc-tireur, s'il est souvent provocant, n'a jamais été condamné pour violence ? C'est réprimer un délit avant qu'il ne se commette. Nous ne sommes pas loin du film de Spielberg Minority Report, où Tom Cruise dirige une unité spéciale chargée de prévenir par la force les actes projetés par tel ou tel délinquant en puissance. Ainsi l'Etat devin décide à l'avance de ceux qui seront ou ne seront pas auteurs de violences. Ainsi le «nouveau monde» rejoint le futur sinistre dessiné par les auteurs d'anticipation.
Il ne s'agit pas seulement d'une atteinte à la liberté d'informer. Cette menace plane sur tout un chacun, dès lors qu'il souhaite manifester ses désaccords sur la voie publique. Déjà placé sous surveillance permanente par la multiplication des caméras sur la voie publique, le traçage de ses faits et gestes par des moyens numériques et l'espionnage des communications sur les réseaux, le citoyen doit subir les augures d'un pouvoir qui prétend mieux connaître que lui-même ses intentions délictueuses. Aurait-on imaginé, il y a dix ou vingt ans, voir advenir un tel dispositif, que le public aurait parlé de science-fiction. Nous y sommes.

L’ oiseau de mauvaise augure ,




Anonyme a ajouté un nouveau commentaire sur votre article "ACTE 23 : LA PEUR CHANGE DE CAMP" :

Mediapart révèle que Nathalie Loiseau, lorsqu'elle était à Sciences Po, a été candidate aux élections étudiantes sous l'étiquette de l'UED, un syndicat né sur les cendres du GUD... Le cœur de sa rhétorique consiste pourtant à se présenter comme un «rempart à l'extrême-droite»…
(...)

«Mais vous avez raison, Nathalie Loiseau a été précisément désignée pour incarner la fameuse lutte des progressistes contre la «lèpre nationaliste». C'est en tout cas en ces termes que le président de la République a lui-même posé les bases de la campagne de la majorité présidentielle pour ces élections européennes. La tête de liste a elle-même annoncé sa candidature à la télévision face à Marine Le Pen en expliquant que le fil conducteur de sa vie politique avait été la lutte contre l'extrême-droite. Apprendre sa participation à cette liste étudiante, on peut donc dire que cela ne tombe pas très bien.» (...)



http://www.lefigaro.fr/vox/politique/loiseau-et-l-extreme-droite-quand-la-rhetorique-progressistes-nationalistes-s-effondre-20190423

Des membres de la majorité jugent surtout que cette polémique arrive à un « mauvais moment






Anonyme a ajouté un nouveau commentaire sur votre article "Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le ..." :

«En off, certains élus de LRM disent regretter l'épisode, en jugeant qu'une telle controverse fait « désordre » pour un parti se disant à la pointe de la lutte contre l'extrême droite… « On s'en serait bien passé… », euphémise l'un d'eux, redoutant que cette polémique sème le trouble dans l'esprit de certains électeurs. Des membres de la majorité jugent surtout que cette polémique arrive à un « mauvais moment ». Depuis sa désignation, Nathalie Loiseau n'est en effet pas parvenue à insuffler une réelle dynamique à la campagne macroniste.» (...)

https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/04/23/elections-europeennes-nathalie-loiseau-a-figure-sur-une-liste-d-extreme-droite-dans-sa-jeunesse_5453809_823448.html

« Le gouvernement d’Emmanuel Macron est composé de lobbies »

https://reporterre.net/Le-gouvernement-d-Emmanuel-Macron-est-compose-de-lobbies

Avec ou sans autorisation j’y serai, quelqu’en soit les conséquences, parce que je suis journaliste en France dans un pays de liberté



Anonyme a ajouté un nouveau commentaire sur votre article "Si l'on voulait entendre Gaspard Glanz, on pouvait..." :

«En sortant de garde à vue, le journaliste a fait savoir à la presse qu'il se « rendrait malgré l'interdiction à la manifestation de samedi, et à celle du 1er mai. « Parce que je suis journaliste, c'est mon travail, et j'habite à Paris », a précisé le reporter, regrettant ne pas être considéré par les autorités comme un journaliste, alors qu'il est « spécialisé dans les mouvements sociaux depuis dix ans ». Estimant que son arrestation était le signe d'« un point de non-retour très grave » dans la gestion du maintien de l'ordre, Gaspard Glanz a précisé qu'il faisait « confiance à ses avocats » pour lui permettent d'aller « librement à la mobilisation ».
Et d'insister :
« Avec ou sans autorisation j'y serai, quelqu'en soit les conséquences, parce que je suis journaliste en France dans un pays de liberté. »
Sur les conditions de sa garde à vue, le journaliste, visage émacié, mine fatigué, a précisé qu'elle s'était « mal passée » : « J'ai des bleus partout. Quand je me suis fait arrêter, je me suis fait écrabouiller parterre. Je n'ai rien mangé depuis samedi. »

https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2019/04/22/mobilisation-en-soutien-a-gaspard-glanz-defere-apres-une-interpellation-en-manifestation_5453511_1653578.html