La toute jeune « loi Macron » accouche déjà d'un scandale social : les 115 chauffeurs de l'entreprise Megabus, spécialisée dans le transport en autocars et racheté par Flixbus, vont être licenciés. Enfin, « licencié » est un bien grand mot !

Flixbus, un vendeur de rêve

 Principe de l'ubérisation oblige, lors du rachat de Megabus par Flixbus, il y a un peu plus d'un an, tous les chauffeurs ont été contraints de rompre leur CDI, perdant ainsi le statut protecteur de salarié pour endosser celui d'indépendant ou d'auto-entrepreneur (dixit Macron). En effet, Flixbus, qui est en train de devenir le leader européen du transport en autocars, n'est pas une entreprise conventionnelle, mais une start-up proposant, par le biais de son site internet, des déplacements lowcost. Elle met en relation un client avec un prestataire tout en prenant au passage une commission comprise entre 86 et 90% du prix affiché. Elle ne possède aucun bus et fait appel aux artisans Autocaristes, aux TPE et PME Autocaristes, auxquels elle assure un potentiel de remplissage sans aucune garantie. Avec une simple commission allant de 4 à 10%, « (…) les autocaristes et PME affiliés ne gagnent pas forcément des fortunes (…) » assure effrontément Pierre Gourdain, directeur général de Flixbus France, « (…) mais il est un moyen pour eux de conquérir de nouveaux clients (…) », renchérit-il d'un air narquois.

Le statut d'auto-entrepreneur, un vrai-faux prétexte

Cette « ubérisation de l'économie » tant vantée par Macron montre finalement son vrai visage, celle d'une économie qui va laisser sur le carreau les travailleurs plus qu'elle ne va les protéger. Venant enfin à bout du CDI, de la protection sociale et salariale, l'ubérisation vend du rêve, prônant un auto-entreprenariat qui permet aux employeurs de contourner le code du travail. C'est ainsi que les livreurs à vélo de la Start-up «Take Eat Easy», une application numérique, ont été totalement démunis face à leurs employeurs quand ils ont appris que cette dernière était placée en redressement judiciaire et qu'ils ne seraient pas payés pour leurs dernières prestations. Privés de revenus du jour au lendemain, n'ouvrant pas droit aux allocations chômage et sans couverture maladie, les 3000 coursiers auto-entrepreneurs n'ont eu d'autre choix que d'intenter une action en justice afin que leur contrat commercial soit requalifié en contrat de travail.

Les travailleurs ubérisés, l'avenir pour Macron

« L'ubérisation donne accès à l'activité économique » à des jeunes « souvent victimes de l'exclusion » vantait Macron lors d'un déplacement à Las Vegas. Mais ce que l'homme oublie de préciser, c'est qu'aujourd'hui, 90% de ces travailleurs ubérisés, perçoivent un salaire moyen de 460 € par mois et cela au bout de 3 ans d'activité et que 40% d'entre eux le cumulent avec une activité salariale. Il oublie également de préciser que ces travailleurs ne sont soumis à aucune règle quant à la durée du travail (la moyenne étant de 51h/semaine d'après une enquête Eurostat), le fameux travailler plus pour gagner dans sa plus grande splendeur ! Quant aux règles de sécurité, il n'en existe aucune.

Imaginez un monde où l'entreprise, les horaires, les locaux professionnels n'existent plus .....Où tout le monde travaille à la demande, où il n'y a plus de bureau, chacun travaille à partir de chez soi, d'un café ... à partir d'applications géo-géo-localisées…Imaginez un monde où les mots retraites, SMIC, contrat de travail n'existent plus ... Imaginez ce monde où le travailleur, se croyant libre, deviendrait en réalité esclave…

 

Bienvenue dans l'ubérisation, bienvenue dans l'ère du prolétariat High Tech !