lundi 16 juillet 2018

L’impôt à la source : fiasco en perspective | Contrepoints

L'impôt à la source : fiasco en perspective | Contrepoints

L'impôt à la source : fiasco en perspective

Par Simone Wapler.

L'impôt à la source sera en France un fiasco de plus. Le véritable impôt à la source dont tous nos gouvernants rêvent est l'inflation. Est-elle encore possible ?

L'impôt à la source est une pseudo-réforme du gouvernement Hollande qui n'a jamais été vraiment justifiée sur le fond. Je ne vois pas vraiment en quoi transformer les entreprises en collecteur d'un nouvel impôt en sus de la TVA peut s'appeler « réforme ». Mais avec un peu de communication habile, 58% des Français s'y déclaraient favorables. C'est d'ailleurs peu étonnant dans la mesure où 60% des Français ne paient pas cet impôt.

Si j'étais fonctionnaire à Bercy ou politicienne de carrière déterminée à vivre aux dépens des contribuables, j'aurais proposé de faciliter le recouvrement de l'impôt sur le revenu en imposant par la force légale (décret) la mensualisation et le prélèvement automatique. Mais je ne suis ni fonctionnaire, ni politicienne et j'écris sur les misères des citoyens soumis à la Parasitocratie, mes mauvaises idées sont donc sans conséquences nuisibles.

Entérinée en 2015, cette procédure de prélèvement à la source aurait dû être mise en place en 2018. Son instauration a été reculée à 2019 et pour certaines catégories ce pourrait être 2020… Désormais beaucoup d'élus estiment que finalement ce n'est pas une bonne idée.

Les Échos sur ce sujet :

Richard Ferrand, patron du groupe LREM à l'Assemblée nationale, s'en serait ouvert directement à Emmanuel Macron : le futur prélèvement à la source de l'impôt sur le revenu, censé entrer en vigueur en janvier prochain, risque de revenir en boomerang dans la face de la majorité. Outre le mauvais timing – les Français verront leur salaire fondre en direct sur leur feuille de paie dès janvier alors qu'ils craignent pour leur pouvoir d'achat – les obstacles techniques se multiplient. Dernier en date, le sort réservé aux salariés à domicile, si complexe que Bercy réfléchit à les exonérer de l'impôt en 2019. Au risque d'un contentieux pour rupture de l'égalité des citoyens.

La Parasitocratie se prendrait-elle finalement au piège de sa turpitude ? Ce serait comique. Et si, comme moi, l'idée d'égalité des citoyens devant l'impôt vous fait glousser de rire, voilà notre matinée égayée (ne me remerciez pas, ce billet est gratuit).

Dans notre belle démocratie, l'arsenal fiscal est conçu pour être inégal. Une majorité reçoit de l'argent « gratuit » et vote pour toujours plus d'avantages dispensés par les élus et financés par une minorité bien ciblée.

Ce qui se voit, au moment de glisser un bulletin de vote, ce sont les avantages. Ce qui ne se voit pas ce sont les nuisances qui en découlent. Si la majorité s'aperçoit que finalement son argent gratuit lui coûte très cher, la Parasitocratie est en danger.

La plupart des « souverainistes » enragent car ils ont perdu la main sur l'impôt le plus juteux, celui dont l'assiette est la plus large : l'inflation. Avec l'inflation, un gouvernement sans s'encombrer de lois ou de discussions budgétaires vole facilement tous ceux qui stockent de l'argent. C'était l'impôt à la source souverain par excellence.

Désormais, la Parasitocratie politique nationale est tributaire de la Parasitocratie financière de la Banque centrale européenne et de celle des instances européennes ayant lâché la « souveraineté monétaire ».

Comment lever l'impôt à la source, l'inflation, avec la « guerre commerciale »

De l'autre côté de l'Atlantique, Trump, comme tous les adeptes du levier du crédit et de la dette, sait que l'inflation est son amie.

Trump va peut-être réussir à lever cet impôt magique qu'est l'inflation grâce à sa « guerre commerciale ».

Sa « guerre commerciale » renchérit toutes sortes de produits et ses effets commencent à se voir dans les chiffres d'inflation.

Récemment, l'indice des prix à la production intermédiaire (les dernières étapes, juste avant le produit final) a bondi, franchissant en rythme annuel le cap des 3%.

Les prix du bois (effet des taxes sur les bois canadiens et chinois), des services de blanchisserie (effet des taxes sur les lave-linge) sont déjà en forte hausse.

En plus des taxes à l'importation, le rebond des prix du pétrole a renchéri les prix des transports.

Tout va bien. Les benêts applaudissent la défense des travailleurs dont les salaires n'augmentent pas.

Les citoyens américains ne le voient pas encore mais le prélèvement à la source de l'impôt-inflation semble bien se mettre en place.

Ce qui permet de méditer le principe de notre économiste Frédéric Bastiat :

Dans la sphère économique, un acte, une habitude, une institution, une loi n'engendrent pas seulement un effet, mais une série d'effets. De ces effets, le premier seul est immédiat ; il se manifeste simultanément avec sa cause, on le voit. Les autres ne se déroulent que successivement, on ne les voit pas ; heureux si on les prévoit. […]

Mais cette différence est énorme, car il arrive presque toujours que, lorsque la conséquence immédiate est favorable, les conséquences ultérieures sont funestes, et vice versa. […]

Du reste, il en est ainsi en hygiène, en morale. Souvent, plus le premier fruit d'une habitude est doux, plus les autres sont amers. Témoin : la débauche, la paresse, la prodigalité. Lors donc qu'un homme, frappé de l'effet qu'on voit, n'a pas encore appris à discerner ceux qu'on ne voit pas, il s'abandonne à des habitudes funestes, non-seulement par penchant, mais par calcul. Ceci explique l'évolution fatalement douloureuse de l'humanité. L'ignorance entoure son berceau ; donc elle se détermine dans ses actes par leurs premières conséquences, les seules, à son origine, qu'elle puisse voir.

Au temps de Bastiat, la Parasitocratie n'avait pas la prétention de piloter l'économie. Elle se contentait encore de taxer. Elle a depuis fait des progrès, hélas…