vendredi 22 janvier 2010

LE BENEVOLE

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L "activus bénévoles" est un mammifère bipède que l'on rencontre surtout dans les associations où il peut se réunir avec ses congénères.

Les bénévoles se rassemblent à un signal mystérieux appelé « convocation ». On les rencontre aussi en petits groupes, dans divers endroits, quelquefois tard le soir, l'oeil hagard, le cheveu en bataille et le teint blafard, discutant ferme sur la meilleure façon d'animer une manifestation ou de faire des recettes supplémentaires pour boucler son budget.

Le téléphone est un appareil qui est beaucoup utilisé par le bénévole et qui lui prend beaucoup de son temps, mais cet instrument lui permet de régler les petits problèmes qui se posent au jour le jour. Aujourd'hui, le bénévole utilise également Internet....

L'ennemi héréditaire du bénévole est le « Yaqua » (nom populaire) dont les origines n'ont pu être à ce jour déterminées. Le « Yaka » est aussi un mammifère bipède, mais il se caractérise par un cerveau très petit, qui ne lui permet de connaître que deux mots, «y' a qu' à », d'où son nom.

Le « Yaqua », bien abrité dans la cité anonyme, attend. Il attend le moment où le bénévole fera une erreur ou un oubli, c'est alors qu'il bondit pour lancer son venin. S'il l'atteint, celui-ci peut provoquer chez son adversaire une maladie très grave, le «découragement ».

Les premiers symptômes de cette implacable maladie sont rapidement visibles : absences de plus en plus fréquentes aux réunions, intérêt croissant pour son jardin, sourire attendri devant une canne à pêche et attrait de plus en plus vif qu'exercent un bon fauteuil et la télévision sur le sujet atteint.

Les bénévoles, décimés par le découragement, risquent de disparaître. C'est pourquoi ils ont été placés sur la liste des espèces en voie de disparition. Il n'est pas impossible que, dans quelques années, on rencontre cette espèce uniquement dans les zoos où, comme tous ces malheureux animaux enfermés, ils n'arriveront plus à se reproduire.

Les « Yaquas », avec leurs petits cerveaux et leurs grandes langues, viendront leur lancer des cacahuètes pour tromper l'ennui ; ils se rappelleront avec nostalgie du passé pas si lointain où ils pouvaient traquer le bénévole sans contrainte.

Extrait "Le Petit Oiseau" Hiver 2009, publié par l'association du Foyer Rural de Tornac.

Envoyé par TGV