vendredi 6 septembre 2024

Journalisme(s) politique(s)



 
 
Hadrien Mathoux
 

Hadrien Mathoux

Rédacteur en chef politique

 

 
Journalisme(s) politique(s)

Ça y est, la France a enfin un nouveau Premier ministre. Mais plutôt que de commenter ici les enjeux de cette nomination – pour cela, n'ayez crainte, la lecture de Marianne sera amplement suffisante –, arrêtons-nous un instant sur l'image donnée ces dernières semaines par le journalisme politique.

Elle ne fut pas reluisante mais plutôt franchement désespérante. Jour après jour, plateaux et canards se firent l'écho de la dernière rumeur, du moindre écho, lançant des pistes dans le chaudron du bavardage national avant de les retirer de la marmite quelques heures après. Ce petit manège a vite tendu tout le monde : si médiocre, si décalé par rapport à la situation du pays. 

Il reflète malheureusement l'état majoritaire du journalisme politique. Évoluant en vase clos, ceux qui le pratiquent sont obsédés par le fait de « sortir des infos ». Peu importe que celles-ci soient généralement peu intéressantes, balayées par l'exclusivité du lendemain et que leur obtention implique un rapport de servilité hallucinant aux sources : être le premier à annoncer qu'Edouard Philippe prend son café avec un sucre, ça n'a pas de prix. 

À cet art de « rubricards », dicté par les contraintes du rythme de publication, les hiérarchies informelles du journalisme opposent généralement la noblesse austère de l'investigation. Un schématisme trompeur : si la révélation « d'affaires » (qui n'élimine pas le problème de la dépendance aux sources…) est indispensable en démocratie, elle induit l'idée que la politique se réduit aux malversations et turpitudes de ses acteurs. Éclairer le citoyen, ce n'est pas seulement révéler les aspects les moins reluisants des affaires publiques, au risque de ne flatter que son ressentiment. 

Si l'on ajoute aux deux genres sus-cités l'éditorialisme de salon, caricaturalement déconnecté, que reste-t-il à production pour un plumitif qui se pique de politique ? Sans prétention ni forfanterie, voilà ce à quoi Marianne tente de s'atteler : ne pas réduire notre objet d'étude à une course de petits chevaux ou à un théâtre de marionnettes ; tenter de décrypter les motivations profondes des acteurs, leur logiciel idéologique et leurs interactions avec la société française, ce qui exige souvent de faire se percuter la politique pure avec l'histoire, la géographie ou l'économie ; se confronter au terrain sans se transformer en passe-plats au service des intérêts de nos contacts. Voilà la formule du journalisme politique que nous essayons (pas toujours avec succès !) de pratiquer. Cette conception n'interdit bien sûr pas la révélation d'informations exclusives : cette semaine, nous avons dévoilé le contenu du « devis » adressé par Lucie Castets au Nouveau Front populaire, et les prochaines heures offriront de nouveaux scoops à nos lecteurs. Restez branchés !

 
 
 
Twitter @hadrienmathoux
 
 
Centriste mou, girouette et transparent : Michel Barnier, un ectoplasme à Matignon
Centriste mou, girouette et transparent : Michel Barnier, un ectoplasme à Matignon
Le choix d'Emmanuel Macron pour Matignon s'est donc arrêté sur un européiste fervent aux convictions souples, changeant du centrisme bon teint à un discours...
LIRE LA SUITE
Barnier à Matignon : comment la droite a accepté de sauter le pas
Barnier à Matignon : comment la droite a accepté de sauter le pas
Au départ très hostile à toute participation à un gouvernement, la droite emmenée par Laurent Wauquiez a fini par mettre de l'eau dans son vin, en s'affichant...
LIRE LA SUITE
 
   
 
51 000 euros mensuels pour le staff, 9000 pour elle... le devis de l'équipe de Lucie Castets au NFP
51 000 euros mensuels pour le staff, 9000 pour elle... le devis de l'équipe de Lucie Castets au NFP
Alors qu'un Premier ministre devrait être nommé dans les prochaines heures ou les prochains jours par Emmanuel Macron, l'avenir de la candidate officielle du...
LIRE LA SUITE
15 % de Giscard, 40 % de Juppé, 20 % de Bertrand… Édouard Philippe, Monsieur Tout-le-Monde
15 % de Giscard, 40 % de Juppé, 20 % de Bertrand… Édouard Philippe, Monsieur Tout-le-Monde
Édouard Philippe est (enfin) candidat à l'élection présidentielle. L'occasion de revenir sur la composition de l'ancien Premier ministre, qui passe de la...
LIRE LA SUITE
"Il est seul, avec toute sa bonne volonté" : à Flixecourt, le premier jour du reste de la vie de François Ruffin
"Il est seul, avec toute sa bonne volonté" : à Flixecourt, le premier jour du reste de la vie de François Ruffin
Pour la première fois, François Ruffin organisait ce samedi 31 août sa propre rentrée politique. Sur ses terres, le député de la Somme, en rupture avec Jean-Luc...
LIRE LA SUITE
Gilles Candar : "La gauche ne travaille pas assez sur le fond, il faut que la France se repolitise"
Gilles Candar : "La gauche ne travaille pas assez sur le fond, il faut que la France se repolitise"
Alors que l'union de la gauche n'a pas mené à une nomination d'un Premier ministre issu du Nouveau Front populaire, l'historien des gauches Gilles Candar revient...
LIRE LA SUITE