Voici un article qui essaye de préciser l’idée terrifiante selon laquelle nous pourions nous trouver "en prison dehors". Autrement dit, que notre univers quotidien se mue, insidieusement, en une entreprise de contrôle permanent, via la peur du virus et les technologies de l’information. Comme l’écrit Mark Weiser, théorisant le rôle de l’informatique en 1990 : "Les technologies les plus abouties sont celles qui disparaissent". Disparaissant, elles n’en configurent pas moins notre vie puisqu’elles « se tissent dans la trame de notre quotidien jusqu’à s’y fondre complètement ». D’où l’intérêt de cet article : penser la pandémie tout en restant attentifs à ces opérations technologiques qui finissent par devenir naturelles.
Comment comprendre les oscillations du pouvoir ? Faut-il croire que les gouvernants tâtonnent parce qu’ils cherchent à nous protéger d’un assaillant invisible et trop peu connu ? Etant donné que les lois dont on parle actuellement [1] n’ont pas grand-chose à voir avec la situation sanitaire, on peut en douter. On peut même penser que la situation sanitaire est une aubaine pour les gouvernants : ils peuvent user de l’idée de régulation et de protection de la vie pour renforcer le pouvoir de ceux qui parfois, agriculteurs, chasseurs, policiers, nous empoisonnent, nous dégagent des forêts, nous tapent plutôt que nous nourrir, nous ouvrir les espaces, nous permettre de vivre en paix. [...]
Comment réussissent-ils à nous maintenir dedans ? Ils usent évidemment de la peur et de la stigmatisation, dont certains sont de zélés relais. Et ils utilisent de nombreux moyens de contrôle. Il faut se rappeler ce qu’écrivait Deleuze, reprenant Foucault en 1990 dans Post scriptum sur les sociétés de contrôle [2] : après l’enfermement disciplinaire, le pouvoir s’exerce par une succession des points de contrôle dont l’efficacité tient à sa souplesse. Comprenons que si les gouvernants oscillent, ce n’est pas uniquement parce qu’ils doutent, c’est dans le sens où ils utilisent positivement toute la souplesse des moyens de contrôle pour nous maintenir dedans. Pourquoi ? Parce qu’un virus, avec sa charge de vie asociale, est en réelle capacité de troubler la façon dont nous restons dans l’éco (-nomie, -logie, -sécurité, -gnose)." .../...
"Plutôt que nous jeter dans le vide pour en finir, jetons-nous vivement dehors. Allons rappeler aux amnésiques que le but d’une vie pourrait être le bonheur physique, l’événement cyclique de pleine énergie (le mouvement libre, le sport, la souple danse), pas seulement le fait d’échapper à la maladie. Allons montrer que le bonheur social devrait être l’événement libre : non pas seulement le visage à découvert, sans masque et filmé par un drone, mais le visage ouvert, prêt à la fête et aux rondes joyeuses.
Allons dire que les visages nous manquent. Allons montrer leur erreur à ceux qui se contraignent à penser, pour supporter les confinements, que tout va mal dehors. Allons au soleil, en forêt, dans la rue…. Faisons-le parce que c’est bon pour notre santé. Et pour cette raison, évidemment, méfions-nous de ceux qui pourraient en profiter pour empoisonner, tirer ou taper. En appréciant la distance comme une autre façon de se relier (c’est en effet de cette façon que nous rencontrons avec bonheur les animaux sauvages), prenons soin aussi de ne pas nous contaminer. Car nous sommes la santé qui se défend contre l’économie.
Ils nous traitent de complotistes ? Et bien conspirons : respirons ensemble, comme le font les joueurs de l’équipe de France de rugby après avoir marqué un bel essai. Ces gaillards ont réappris le jeu depuis qu’ils ne sont plus réduits à suivre les ordres d’un logiciel capable de prévoir leurs performances à partir d’informations enregistrées sur leurs comportements. Ils nous montrent qu’en dépit des lourds carcans que l’éco fait poser sur leurs épaules, l’inspiration n’a pas quitté l’existence."
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Voici un article qui essaye de préciser l’idée terrifiante selon laquelle nous pourions nous trouver "en prison dehors". Autrement dit, que notre univers quotidien se mue, insidieusement, en une entreprise de contrôle permanent, via la peur du virus et les technologies de l’information. Comme l’écrit Mark Weiser, théorisant le rôle de l’informatique en 1990 : "Les technologies les plus abouties sont celles qui disparaissent". Disparaissant, elles n’en configurent pas moins notre vie puisqu’elles « se tissent dans la trame de notre quotidien jusqu’à s’y fondre complètement ». D’où l’intérêt de cet article : penser la pandémie tout en restant attentifs à ces opérations technologiques qui finissent par devenir naturelles.
Comment comprendre les oscillations du pouvoir ? Faut-il croire que les gouvernants tâtonnent parce qu’ils cherchent à nous protéger d’un assaillant invisible et trop peu connu ? Etant donné que les lois dont on parle actuellement [1] n’ont pas grand-chose à voir avec la situation sanitaire, on peut en douter. On peut même penser que la situation sanitaire est une aubaine pour les gouvernants : ils peuvent user de l’idée de régulation et de protection de la vie pour renforcer le pouvoir de ceux qui parfois, agriculteurs, chasseurs, policiers, nous empoisonnent, nous dégagent des forêts, nous tapent plutôt que nous nourrir, nous ouvrir les espaces, nous permettre de vivre en paix.
[...]
Comment réussissent-ils à nous maintenir dedans ? Ils usent évidemment de la peur et de la stigmatisation, dont certains sont de zélés relais. Et ils utilisent de nombreux moyens de contrôle. Il faut se rappeler ce qu’écrivait Deleuze, reprenant Foucault en 1990 dans Post scriptum sur les sociétés de contrôle [2] : après l’enfermement disciplinaire, le pouvoir s’exerce par une succession des points de contrôle dont l’efficacité tient à sa souplesse. Comprenons que si les gouvernants oscillent, ce n’est pas uniquement parce qu’ils doutent, c’est dans le sens où ils utilisent positivement toute la souplesse des moyens de contrôle pour nous maintenir dedans. Pourquoi ? Parce qu’un virus, avec sa charge de vie asociale, est en réelle capacité de troubler la façon dont nous restons dans l’éco (-nomie, -logie, -sécurité, -gnose)."
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"Plutôt que nous jeter dans le vide pour en finir, jetons-nous vivement dehors. Allons rappeler aux amnésiques que le but d’une vie pourrait être le bonheur physique, l’événement cyclique de pleine énergie (le mouvement libre, le sport, la souple danse), pas seulement le fait d’échapper à la maladie. Allons montrer que le bonheur social devrait être l’événement libre : non pas seulement le visage à découvert, sans masque et filmé par un drone, mais le visage ouvert, prêt à la fête et aux rondes joyeuses.
Allons dire que les visages nous manquent. Allons montrer leur erreur à ceux qui se contraignent à penser, pour supporter les confinements, que tout va mal dehors. Allons au soleil, en forêt, dans la rue…. Faisons-le parce que c’est bon pour notre santé. Et pour cette raison, évidemment, méfions-nous de ceux qui pourraient en profiter pour empoisonner, tirer ou taper. En appréciant la distance comme une autre façon de se relier (c’est en effet de cette façon que nous rencontrons avec bonheur les animaux sauvages), prenons soin aussi de ne pas nous contaminer. Car nous sommes la santé qui se défend contre l’économie.
Ils nous traitent de complotistes ? Et bien conspirons : respirons ensemble, comme le font les joueurs de l’équipe de France de rugby après avoir marqué un bel essai. Ces gaillards ont réappris le jeu depuis qu’ils ne sont plus réduits à suivre les ordres d’un logiciel capable de prévoir leurs performances à partir d’informations enregistrées sur leurs comportements. Ils nous montrent qu’en dépit des lourds carcans que l’éco fait poser sur leurs épaules, l’inspiration n’a pas quitté l’existence."
https://lundi.am/Prison-dehors
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