jeudi 30 août 2018

« L’idée de grève n’est jamais morte à la SNCF » - La Croix

« L'idée de grève n'est jamais morte à la SNCF » - La Croix

« L'idée de grève n'est jamais morte à la SNCF »

Les quatre syndicats représentatifs de la SNCF se réuniront jeudi 30 août pour la première fois depuis la fin de la grève commune contre la réforme ferroviaire.

Entretien avec Dominique Andolfatto, professeur en Science Politique à l'Université de Bourgogne et spécialiste du syndicalisme. (1)

À l'occasion de la 29e journée de grève à la SNCF et de la journée de «  colère cheminote » une centaine de cheminots en grève se sont réunis devant le siège de la SNCF au CNIT à la Défense (Paris), le 12 juin 2018. 
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À l'occasion de la 29e journée de grève à la SNCF et de la journée de «  colère cheminote » une centaine de cheminots en grève se sont réunis devant le siège de la SNCF au CNIT à la Défense (Paris), le 12 juin 2018.  / Sadak Souici / Le Pictorium/MAXPPP

La Croix  : Où en est le mouvement de grève des cheminots de la SNCF ? L'adoption de la réforme a-t-elle démoralisé les grévistes et les syndicats ?

Dominique Andolfatto : Le mouvement de grève nationale du printemps dernier est terminé. Cependant l'idée de grève n'est jamais morte à la SNCF. Certains cheminots ont un sentiment d'amertume au vu des résultats financiers et politiques. Les grévistes les plus actifs ont perdu beaucoup d'argent car les jours de grèves n'ont pas été indemnisés. Seuls les agents affiliés à la CFDT ont été indemnisés, car le syndicat dispose d'une caisse de grève pour faire face à ce type d'événements.

Grâce au soutien de l'opinion publique, les cheminots ont reçu des dons pour les aider dans la poursuite du mouvement. Plus d'un million d'euros ont été récoltés, mais cela représente en réalité qu'une indemnisation symbolique. Sur le plan politique, la mobilisation est vécue comme un échec pour la majorité d'entre eux.

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Les syndicats seraient-ils prêts à reprendre le mouvement dès la rentrée ?

D. A. : Deux actualités brûlantes à la rentrée risquent d'attiser le mécontentement des cheminots et des syndicats. La première est le lancement cet automne des discussions sur la prochaine convention collective nationale. L'objectif est de définir le nouveau statut des futurs cheminots de la SNCF et des autres compagnies ferroviaires, puisque la réforme prévoit l'ouverture à la concurrence pour 2020. D'ailleurs l'intersyndicale se réunit jeudi 30 août pour la reprise des négociations.

La seconde actualité est le lancement de la campagne des élections syndicales organisées le 19 novembre. Ces élections, qui se tiennent tous les quatre ans, représentent un enjeu majeur car elles conditionnent la place des syndicats au sein de l'entreprise. Plus un syndicat est puissant, plus il dispose d'importantes ressources. À l'inverse, un syndicat qui se montre peu combatif peut être sanctionné par les salariés lors des votes. C'est le cas de la CFDT, qui est la quatrième organisation de la SNCF.

Y a-t-il encore une union syndicale ?

D. A. : Le passage de la réforme a impacté l'entente commune des syndicats. Après son adoption par le Parlement le 14 juin, la CFDT et l'UNSA ont plaidé pour la reprise du travail. En revanche, SUD Rail et la CGT appelaient à continuer le mouvement. De plus, avec l'approche des élections, les luttes intestines vont s'accentuer, car chacun souhaite renforcer sa position auprès des salariés.

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Quels sont les futurs grands enjeux pour les syndicats et les cheminots ?

D. A. : Il y aura évidemment une résistance des syndicats lors de la mise en place du nouveau statut des cheminots. Les questions des salaires, de la progression de carrière automatique ou encore l'âge du départ à la retraite promettent de vifs débats. Mais le gouvernement va tenter d'apaiser la situation.

En 2007, la réforme des retraites impulsée par Nicolas Sarkozy avait déclenché un important mouvement de grève. Les conditions du départ sont devenues moins avantageuses. L'âge a été repoussé. Par exemple avant 2007, un conducteur de train partait à la retraite à 50 ans. Aujourd'hui il part à 52 ans.

Recueilli par Clémence Barbier

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