Prélèvement à la source : Macron désavoue Darmanin
En quasi-sommeil depuis le quinquennat Hollande, la machine à couacs va-t-elle reprendre du service? Alors que la rentrée d'Emmanuel Macron est compliquée à de nombreux égards (record d'impopularité dans les sondages, démission surprise de Nicolas Hulot, conjoncture économique difficile...), un nouveau nuage vient de s'inviter dans ce ciel déjà gris: le prélèvement à la source. Cette mesure, initiée par François Hollande juste avant de quitter l'Élysée, met l'exécutif dans l'embarras depuis plusieurs mois.
Après une phase d'expérimentation qui a mis en lumière plusieurs difficultés courant 2017, le chef de l'État a en effet décidé de repousser la réforme et de reporter son application au mois de janvier 2019. Confié au ministre de l'Action et des Comptes publics Gérald Darmanin, le chantier a semblé avancer depuis, à tel point que Bercy a récemment lancé une vaste opération de communication auprès des Français (publicité, courriers, etc) pour faire la pédagogie des changements impliqués par l'entrée en vigueur de la mesure.
Macron veut se laisser le temps nécessaire
Mais un article du Canard enchaîné est venu remettre le feu aux poudres mercredi. «On se donne jusqu'au 15 septembre pour voir si on le fait ou pas», aurait glissé Emmanuel Macron en privé, selon l'hebdomadaire satirique. Techniquement complexe et politiquement dangereuse, la réforme pourrait donc attendre. Une confidence présidentielle qui a immédiatement poussé Gérald Darmanin à se rendre sur Europe 1 - le jour même - pour venir éteindre le début d'incendie. «Nous ferons la réforme du prélèvement à la source, dès fin janvier 2019, les Français paieront les impôts à la source», a-t-il affirmé, sûr de lui.
Fermez le ban, donc? Non, à en croire les déclarations d'Emmanuel Macron, qui a désavoué son ministre ce jeudi. «J'ai plutôt l'intention de conduire cette réforme à son terme, mais j'ai demandé aux ministres compétents de répondre à toutes les questions qui se posent encore, avant de donner une directive finale», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse en Finlande. «J'ai besoin d'une série de réponses très précises et d'être sûr de ce que nos concitoyens vivront le jour où on le mettra en place si on le met en place», a-t-il ajouté.
Le forcing de Darmanin
Bien décidé à ne pas rendre les armes, Gérald Darmanin a réaffirmé sa détermination ce jeudi après-midi depuis le Béarn. «J'ai encore eu le président de la République hier soir, j'ai eu encore un petit échange avec M. le premier ministre ce matin. Il se trouve que (je vais avoir l'occasion) la semaine prochaine (...) de pouvoir, avec M. le Directeur général des Finances publiques, démontrer et remontrer à quel point la modernisation de l'impôt est quelque chose de positif qui est d'ailleurs souhaité par l'ensemble de l'opinion publique», a-t-il martelé.
Rappelant que l'exécutif avait «choisi, il y a un an, de reporter la réforme d'un an», il a assuré que les problèmes du passé étaient désormais réglés. «Nous souhaitions (à l'époque) - et sur ma proposition -, montrer qu'il fallait être certain que les expérimentations soient positives et que, de manière générale, les choses marchent (...). Aujourd'hui je suis certain que les choses fonctionneront très bien, et j'aurai l'occasion, permettez-moi, de le dire au président et au premier ministre», a-t-il conclu.
Le bras de fer s'est ensuite poursuivi sur les réseaux sociaux, où le compte Twitter de la Direction générale des finances publiques, l'administration qui dépend de Gérald Darmanin, a posté un message qui semblait viser Emmanuel Macron. «Nous sommes confiants sur le fait que toutes les réponses à toutes les questions (du président) lui seront apportées et que le calendrier sera tenu», a écrit l'administration, signant son message du hashtag «#gauloispasréfractaire», référence à la sortie polémique du président depuis le Danemark. Preuve du malaise qu'il pouvait susciter, le message a ensuite été supprimé.
Rebelote quelques minutes plus tard, où c'est cette fois le ministre lui-même qui s'est mis en scène sur son propre compte Twitter. Photographié au téléphone, il a écrit le message suivant: «Au centre de contact de la Direction générale des Finances publiques de Pau, avec les agents qui répondent tous les jours à vos questions sur le prélèvement à la source». Le message est clair: Darmanin ne lâchera rien.
Au centre de contact de la @dgfip_officiel de Pau, avec les agents qui répondent tous les jours à vos questions sur le #PrélèvementALaSource au 0811368368 !
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) · Pau, France
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2 commentaires:
https://www.nouvelobs.com/economie/20180830.OBS1578/prelevement-des-impots-a-la-source-la-reforme-qui-fait-peur-a-macron.html
Le "prélèvement à la source" va devenir une réalité en 2019 (et 2020) pour les revenus les plus faibles : baisse des allocations familiales, baisse des allocations logement et baisse des pensions de retraite par une non-indexation sur l'inflation...
Le Premier Ministre qui prétend dans le JDD, qu'en "désocialisant" les heures supplémentaires, les travailleurs retrouveront 200 euros/an de pouvoir d'achat dès septembre 2019.
Quelle fumisterie!
https://www.humanite.fr/que-se-levent-les-gaulois-refractaires-contre-le-president-des-tres-riches-660022
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