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Jean-Luc Mélenchon annonce une plainte contre Papa..." :
ÉCONOMIE : LE DOUBLE DISCOURS DE MARINE LE PEN DÉCRYPTÉ
Le Média
https://youtu.be/JTx7f3Iv_ig
Quand on se penche sur l'histoire et le programme économique du Rassemblement National, comme l'a fait récemment François Ruffin, on constate que même si le parti est spécialiste des changements opportunistes, sa politique économique reste toujours de droite.
Mais les journalistes interrogent peu les représentants du parti sur ce sujet, l'écrasante
majorité du temps d'antenne étant consacré à la sécurité, l'immigration et l'identité. Il faudrait pourtant leur demander comment, outre le roman national, les uniformes, de drapeau, le fromage, ils comptent assurer concrètement l'unité de la nation. Que faire des inégalités ? comment s'y prendre pour que la prospérité des uns ne s'obtienne pas au prix de la misère des autres ? quelle relation entre le salarié et son employeur, le service public et son usager ?
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C'est peut-être justifié, mais c'est une critique totalement inefficace, car elle rate le vrai problème : dire que Marine Le Pen est incompétente, c'est sous-entendre que son manque de connaissances empêcherait le Rassemblement National d'obtenir de la croissance, de l'efficacité économique. C'est sous-entendre qu'au fond, il n'existe qu'une bonne manière de faire, mais que Marine Le Pen ne fait pas les bons calculs.
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Rester bloqué sur la question de la compétence revient à nier la dimension politique de l'économie. C'est-à-dire la façon dont les choix économiques affectent et avantagent de manière plus ou moins juste tels groupes sociaux au détriment d'autres. Or c'est précisément sur cette dimension que le programme du RN pose problème, notamment par son caractère flou.
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Pour 2022, la stratégie électorale est double : d'une part, amener à soi dès le 1er tour des électeurs plus bourgeois (patrons de PME, retraités aisés), qui votent habituellement pour Les Républicains. D'autre part, rassurer tout le monde, poursuivre la dédiabolisation, pour ne pas déclencher de front républicain au 2nd tour.
- Rassurer les milieux patronaux et financiers, des hauts-fonctionnaires, des patrons de presse qui restent attachés à l'ouverture de la mondialisation et pensent que le RN ne peut pas porter leurs intérêts avec une tribune de Marine Le Pen dans le quotidien patronal L'Opinion où affirme qu'il faut payer la dette publique.
- Rassurer la presse mainstream qui trouvait le programme économique de 2017 trop à gauche en y supprimant les mesures controversées. Le revirement sur la sortie de l'euro est emblématique à ce sujet.
- Rassurer et conquérir aussi un électorat plus âgé, possédant du patrimoine et de l'épargne, qui est donc en demande de stabilité monétaire, et ne serait pas prêt à suivre Le Pen dans des aventures comme la sortie de l'euro, mais qui pourrait être séduit par des promesses de réforme sur la fiscalité sur l'héritage.
On pourrait cependant résumer son discours ainsi : "sur l'économie je ferai au moins aussi bien que la droite normale. Vous pouvez donc voter pour vos obsessions sécuritaires et identitaires en toute tranquillité".
Mais dans l'ensemble, difficile de savoir ce que le RN veut faire exactement, comme le montre ce comparatif du Monde entre les différentes élections : la colonne 2022 est vide.
Cette stratégie s'inscrit dans une longue histoire de louvoiements opportunistes, depuis les débuts ultra-libéraux jusqu'à l'interventionnisme prôné en 2017. Pour 2022, Marine Le Pen reprend un virage libéral. Elle se retrouve alors face à une double difficulté. D'une part la contradiction entre les intérêts du nouvel électorat bourgeois qu'elle veut conquérir et ceux de sa base plus populaire. D'autre part les contractions d'intérêts au sein même de cette base populaire.