«GILETS JAUNES : ON EST LE PEUPLE.
"On est le Peuple" vient de déclarer sur BFMTV un gilet jaune de Toulouse. Finies les représentations du Peuple en carton pâte, théâtre de Guignol de la politologue Chantal Mouffe/JLM dans l'Ère du Peuple. Voici le Peuple "pour de vrai", issu d'une mobilisation populaire. Celui qui parle de la difficulté à joindre les deux bouts avec des accents de sincérité et de sensibilité, que beaucoup avaient oublié depuis longtemps, comme Alex Compère, gilet jaune de la Drôme (cf BFMTV dimanche 18 novembre).
Alain Badiou écrit à propos des Révolutions arables dans son ouvrage "Le réveil de l'Histoire", édition Lignes, 2011 : "Nous dirons alors qu'un changement du monde est réel, quand un inexistant du monde (le Peuple mis au rencart depuis 40 ans) commence à exister dans ce même monde avec une intensité maximale. C'est exactement ce que disaient et disent encore les gens dans les rassemblements populaires en Égypte : on n'existait pas, et maintenant on existe, on peut décider de l'Histoire du pays(sic)
De la même façon, le Peuple français a été mis au rencart depuis 40 ans, depuis le milieu des années 70, lorsque la petite bourgeoisie a trahi la Classe ouvrière et le bloc social antérieur, le célèbre "Peuple de gauche". La Classe moyenne a fait alliance avec la Classe dominante, oeuvrant de façon forcenée au maintien de l'oligarchie au Pouvoir. Et à l'immobilisme social. Transformant la société française en "Belle au Bois dormant", pour reprendre l'analyse d'Emmanuel Todd sur le site Atlantico du 1er juillet 2016.
C'est exactement ce qui se passe depuis le 17 novembre : le Peuple français qui n'existait pas commence à exister à travers les gilets jaunes, leur médiatisation importante dans les chaînes de l'idéologie dominante, dont la prolophobie, la hargne anti-populiste pour la France d'en bas, le pelé, le galeux de la fable, n'était pourtant plus à établir.
On assiste à un petit miracle social, comme aurait dit Pierre Bourdieu, à propos du mouvement social des chômeurs de 1995, développant une analyse très proche de celle d'Alain Badiou : "la première conquête de ce mouvement (des chômeurs) est le mouvement lui-même, son existence même. Il arraché les chômeurs et avec eux, les travailleurs précaires, dont le nombre s'accroit chaque jour à l'invisibilité sociale, à l'isolement, au silence, bref à l'inexistence. En réapparaissant au grand jour, les chômeurs ramènent à l'existence et à une certaine fierté des femmes et des hommes que, comme eux, le non emploi renvoie d'ordinaire à l'oubli et à la honte" (cf "Contre-feux", édition Raison d'Agir, 1998.
Exactement ce qui se passe aujourd'hui avec les gilets jaunes qui existent enfin dans un champ social, qui n'a eu de cesse "d'invisibiliser" la France d'en bas, les sans nom les sans grade que nous sommes. Invisibles jusque là dans tous les médias du pouvoir, sauf un peu sur les réseaux sociaux, "qui leur redonnent un peu de pouvoir" disait assez justement samedi Bénédetti, professeur de communication politique.»
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Blog Médiapart
Albert Einstein a dit : le monde est dangereux à vivre, Non pas à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire
lundi 10 décembre 2018
Nouveau commentaire sur Manifestation des gilets jaunes : Macron reconnait....
GILETS JAUNES ET BONNETS ROUGES.
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Que cette force qui se lève fasse attention au pouvoir qui va avoir à cœur de la briser, de la casser, de la déconsidérer, de la salir, de l'anéantir, de le circonscrire. Il va faire sortir des figures pour mieux les acheter. Ce pouvoir a intérêt à des débordements –il y a toujours des "Benalla" prêts à mettre la main à des dérapages utiles à ceux qui ont besoin du spectacle médiatique de la violence sociale pour l'instrumentaliser. Il va allumer des contre-feux avec des mesurettes d'accompagnement en distribuant des chèques de charité. Il va agiter l'épouvantail du poujadisme, du populisme, de l'extrême-droite, du pétainisme. L'avenir dira ce qu'il aura été possible de faire avec cette essence…»
Michel Onfray
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Que cette force qui se lève fasse attention au pouvoir qui va avoir à cœur de la briser, de la casser, de la déconsidérer, de la salir, de l'anéantir, de le circonscrire. Il va faire sortir des figures pour mieux les acheter. Ce pouvoir a intérêt à des débordements –il y a toujours des "Benalla" prêts à mettre la main à des dérapages utiles à ceux qui ont besoin du spectacle médiatique de la violence sociale pour l'instrumentaliser. Il va allumer des contre-feux avec des mesurettes d'accompagnement en distribuant des chèques de charité. Il va agiter l'épouvantail du poujadisme, du populisme, de l'extrême-droite, du pétainisme. L'avenir dira ce qu'il aura été possible de faire avec cette essence…»
Michel Onfray
dimanche 9 décembre 2018
samedi 8 décembre 2018
Nouveau commentaire sur "Gilets jaunes" : Alès dans la tourmente.
Un vrai coût de pompe
«En un an, le prix du gazole aura augmenté de 23 %, celui de l'essence de 14 %, et cela continuera l'année prochaine nous dit-on. Certes ce n'est pas la première fois que le sujet du coût des carburants s'invite dans le débat public et génère un mécontentement très largement partagé, tant il touche la vie quotidienne des citoyens et aussi l'ensemble de la vie économique, mais il a atteint un paroxysme. Le gouvernement plaide, pour justifier sa décision de l'augmentation du prix du baril de pétrole, que l'indispensable défi climatique s'impose à tous. Sauf que : 60 % du prix du litre est composé de taxes et que 75 % de cette somme va se noyer dans le budget général de l'Etat, le reste seulement, dans les mesures pour la transition énergétique. Comment croire alors en la sincérité de la motivation environnementale ?Nous avons abordé ce sujet essentiel pour la vie quotidienne dans les territoires ruraux lors de notre rencontre récente avec le Premier ministre et développé l'incidence non négligeable pour les familles et sur l'économie locale. Mais le gouvernement entend ne pas dévier de sa trajectoire et reste insensible à nos observations sur la faiblesse des mesures de compensation comme le chèque énergie ou le crédit d'impôts, ou encore l'insuffisance de la prime à la conversion pour les véhicules hybrides.Et c'est justement là que le bât blesse. De quelles alternatives disposent les territoires ruraux en particulier pour les déplacements du quotidien alors que les transports publics sont aux mieux inadaptés et aux pires inexistants et qu'il faut, par exemple, se battre pour l'arrêt d'un train dans une gare ? Si la très grande majorité des gens a intégré la nécessité de s'attaquer au défi climatique, ils ne pourront le faire sans en avoir les moyens en amont. Or jusqu'à aujourd'hui, à part la facilité de l'augmentation de la fiscalité – réponse quasi pavlovienne de certains écologistes – et les propositions baroques ou inadaptées aux territoires ruraux comme l'usage du vélo…, on ne voit rien venir de satisfaisant en phase avec les besoins et l'importance des enjeux. On l'a déjà vu en son temps avec la santé : bloquer le numérus clausus des médecins n'a jamais rendu les gens moins malades ; on le voit maintenant avec la mobilité : augmenter le prix du carburant ne diminuera pas le besoin de se déplacer. Dans ces conditions, nous serons à peine surpris de trouver dans les enveloppes au moment du dépouillement des prochaines élections… des factures de carburant.»
Édito de VANIK BERBERIAN
Président AMRF (Association des Maires Ruraux de France), novembre 2018.
«En un an, le prix du gazole aura augmenté de 23 %, celui de l'essence de 14 %, et cela continuera l'année prochaine nous dit-on. Certes ce n'est pas la première fois que le sujet du coût des carburants s'invite dans le débat public et génère un mécontentement très largement partagé, tant il touche la vie quotidienne des citoyens et aussi l'ensemble de la vie économique, mais il a atteint un paroxysme. Le gouvernement plaide, pour justifier sa décision de l'augmentation du prix du baril de pétrole, que l'indispensable défi climatique s'impose à tous. Sauf que : 60 % du prix du litre est composé de taxes et que 75 % de cette somme va se noyer dans le budget général de l'Etat, le reste seulement, dans les mesures pour la transition énergétique. Comment croire alors en la sincérité de la motivation environnementale ?Nous avons abordé ce sujet essentiel pour la vie quotidienne dans les territoires ruraux lors de notre rencontre récente avec le Premier ministre et développé l'incidence non négligeable pour les familles et sur l'économie locale. Mais le gouvernement entend ne pas dévier de sa trajectoire et reste insensible à nos observations sur la faiblesse des mesures de compensation comme le chèque énergie ou le crédit d'impôts, ou encore l'insuffisance de la prime à la conversion pour les véhicules hybrides.Et c'est justement là que le bât blesse. De quelles alternatives disposent les territoires ruraux en particulier pour les déplacements du quotidien alors que les transports publics sont aux mieux inadaptés et aux pires inexistants et qu'il faut, par exemple, se battre pour l'arrêt d'un train dans une gare ? Si la très grande majorité des gens a intégré la nécessité de s'attaquer au défi climatique, ils ne pourront le faire sans en avoir les moyens en amont. Or jusqu'à aujourd'hui, à part la facilité de l'augmentation de la fiscalité – réponse quasi pavlovienne de certains écologistes – et les propositions baroques ou inadaptées aux territoires ruraux comme l'usage du vélo…, on ne voit rien venir de satisfaisant en phase avec les besoins et l'importance des enjeux. On l'a déjà vu en son temps avec la santé : bloquer le numérus clausus des médecins n'a jamais rendu les gens moins malades ; on le voit maintenant avec la mobilité : augmenter le prix du carburant ne diminuera pas le besoin de se déplacer. Dans ces conditions, nous serons à peine surpris de trouver dans les enveloppes au moment du dépouillement des prochaines élections… des factures de carburant.»
Édito de VANIK BERBERIAN
Président AMRF (Association des Maires Ruraux de France), novembre 2018.
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