lundi 10 décembre 2018

GILETS JAUNES « ON EST LE PEUPLE »

«GILETS JAUNES : ON EST LE PEUPLE.
"On est le Peuple" vient de déclarer sur BFMTV un gilet jaune de Toulouse. Finies les représentations du Peuple en carton pâte, théâtre de Guignol de la politologue Chantal Mouffe/JLM dans l'Ère du Peuple. Voici le Peuple "pour de vrai", issu d'une mobilisation populaire. Celui qui parle de la difficulté à joindre les deux bouts avec des accents de sincérité et de sensibilité, que beaucoup avaient oublié depuis longtemps, comme Alex Compère, gilet jaune de la Drôme (cf BFMTV dimanche 18 novembre).
Alain Badiou écrit à propos des Révolutions arables dans son ouvrage "Le réveil de l'Histoire", édition Lignes, 2011 : "Nous dirons alors qu'un changement du monde est réel, quand un inexistant du monde (le Peuple mis au rencart depuis 40 ans) commence à exister dans ce même monde avec une intensité maximale. C'est exactement ce que disaient et disent encore les gens dans les rassemblements populaires en Égypte : on n'existait pas, et maintenant on existe, on peut décider de l'Histoire du pays(sic)

De la même façon, le Peuple français a été mis au rencart depuis 40 ans, depuis le milieu des années 70, lorsque la petite bourgeoisie a trahi la Classe ouvrière et le bloc social antérieur, le célèbre "Peuple de gauche". La Classe moyenne a fait alliance avec la Classe dominante, oeuvrant de façon forcenée au maintien de l'oligarchie au Pouvoir. Et à l'immobilisme social. Transformant la société française en "Belle au Bois dormant", pour reprendre l'analyse d'Emmanuel Todd sur le site Atlantico du 1er juillet 2016.
C'est exactement ce qui se passe depuis le 17 novembre : le Peuple français qui n'existait pas commence à exister à travers les gilets jaunes, leur médiatisation importante dans les chaînes de l'idéologie dominante, dont la prolophobie, la hargne anti-populiste pour la France d'en bas, le pelé, le galeux de la fable, n'était pourtant plus à établir.
On assiste à un petit miracle social, comme aurait dit Pierre Bourdieu, à propos du mouvement social des chômeurs de 1995, développant une analyse très proche de celle d'Alain Badiou : "la première conquête de ce mouvement (des chômeurs) est le mouvement lui-même, son existence même. Il arraché les chômeurs et avec eux, les travailleurs précaires, dont le nombre s'accroit chaque jour à l'invisibilité sociale, à l'isolement, au silence, bref à l'inexistence. En réapparaissant au grand jour, les chômeurs ramènent à l'existence et à une certaine fierté des femmes et des hommes que, comme eux, le non emploi renvoie d'ordinaire à l'oubli et à la honte" (cf "Contre-feux", édition Raison d'Agir, 1998.
Exactement ce qui se passe aujourd'hui avec les gilets jaunes qui existent enfin dans un champ social, qui n'a eu de cesse "d'invisibiliser" la France d'en bas, les sans nom les sans grade que nous sommes. Invisibles jusque là dans tous les médias du pouvoir, sauf un peu sur les réseaux sociaux, "qui leur redonnent un peu de pouvoir" disait assez justement samedi Bénédetti, professeur de communication politique.»
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Blog Médiapart

3 commentaires:

Anonyme a dit…

L’épaisseur des révoltes

«Les raccourcis sont toujours confortables. Ainsi les gilets jaunes ne seraient qu’un ramassis de « fachos » et de « beaufs ». Biberonné.es à une lecture simplifiée de l’histoire révolutionnaire, certaines et certains aimeraient que la réalité soit aussi simple.

La sécurité de l’entre-soi militant est puissante. Pourtant, chaque révolte possède sa propre épaisseur, mêlant contradictions sociales et politiques dans un bouillonnement hétérogène. C’est ainsi, et la clarification est un chemin difficile pour faire émerger la conscience de classe. Mais les attitudes méprisantes à l’égard d’une colère populaire sont catastrophiques et ne font que renforcer les «fausses consciences» et les illusions.

Le mouvement des gilets jaunes est une vraie révolte populaire, avec une dimension de classe évidente, mais dont la coloration politique dépend des contextes locaux. Le pire y côtoie le meilleur. Que la lèpre fasciste et nationaliste infecte plusieurs points de la mobilisation et affleure dans les propos d’une partie des gilets jaunes n’a rien d’étonnant au vu du contexte politique actuel.

Mais croire que l’extrême droite pourrait monopoliser une lutte populaire d’ampleur est un incroyable aveu de faiblesse. Numériquement bien plus nombreuses, les forces syndicales, associatives et politiques devraient être en capacité de proposer une clarification politique de cette révolte.

Au lieu de pointer un doigt accusateur, le mouvement social devrait tendre une main fraternelle.»

Édito paru dans «Alternative libertaire» le 1er décembre 2018.

Anonyme a dit…

«LES GILETS JAUNES OUVRENT L'ÈRE DU PEUPLE.»
Jean-Luc Mélenchon à la #ConvFi2018

https://youtu.be/HB2herIlHt0

Le président de «La France Insoumise» à l'Assemblée Nationale a remercié le mouvement des Gilets Jaunes et a expliqué que celui-ci portait un processus de révolution citoyenne.
Il a parlé de l'importance de la place des femmes dans ce mouvement et a rappelé que toutes les révolutions avaient commencé par l'action des femmes.
Jean-Luc Mélenchon a dénoncé la politique du gouvernement et a rappelé à rétablir l'ISF et à augmenter les salaires. Il a également expliqué pourquoi la violence n'était pas une bonne méthode d'action et pourquoi concernant les violences policières, il fallait pointer les responsables politiques qui donnent les ordres, et non les policiers eux-mêmes.
Pour conclure son intervention il a cité Étienne de la Boétie qui disait à propos du tyran :

«Je ne veux pas que vous le heurtiez ni que vous l'ébranliez. Mais seulement ne le soutenez plus.
Et vous le verrez comme un grand colosse dont se dérobe la base, il tombera de son propre poids et se brisera...»

Anonyme a dit…

Message de commerçants aux Gilets Jaunes.
Un tout petit Grain de Sable.

https://youtu.be/xtS6w4pZP9Q

Et surtout un message à Castaner, Philippe et Macron on ne peut plus clair...