80 km/h : 7 raisons pour lesquelles Macron va se prendre un platane
Par Hector Allain.
Si plusieurs raisons expliquent le décrochage de Macron dans l'opinion, la loi sur les 80 km/h est sans doute la goutte d'eau de trop dans ce déluge de contraintes et de vexations fiscales. Cette loi technocratique et mal expliquée est en effet symptomatique. Elle est l'expression d'un État étouffant, affamé et méprisant. Sept raisons pour lesquelles cette loi passera mal, qu'elle soit utile ou non :
Pour le Français, la loi ne s'attaque pas aux vraies causes de la mortalité
Si la vitesse est un facteur aggravant, l'alcool, les stupéfiants, la fatigue constituent les vraies causes de mortalité. Plus étrange encore, la Ligue contre la violence routière reconnait dans un rapport récent que 50% des tués sur routes sans séparateurs médians se concentrent sur 15% des distances. Pourquoi diable ne pas réduire la vitesse uniquement sur ces segments ? Mal ciblée, la nouvelle loi aura des résultats – on en obtiendrait encore plus en roulant à 10 km – mais au prix d'un effort mal compris.
L'État devrait commencer à faire son travail sur la sécurité
Malgré des impôts en hausse constante et un record mondial des taxes, l'état de nos routes se dégrade. Comme celui de nos trains, de notre éducation et de notre police. À Paris, la chaussée est criblée de nids-de-poule. La signalétique souvent bâclée perturbe aussi la conduite. Dispose-t-on des statistiques sur le rôle de cet amateurisme administratif sur les accidents routiers ? Plus généralement, d'où vient ce paradoxe qui fait que le citoyen en ait moins alors qu'il paie toujours plus cher ? La raison est malheureusement simple : à l'instar d'un obèse de 150 kg, plus l'État grossit, plus il devient inefficace et plus sa voracité s'accroît. L'absentéisme des fonctionnaires, l'imbroglio des règlements, l'empilement des structures continuent d'augmenter année après année. Pour l'État, il semble plus facile de s'en prendre aux automobilistes que de demander aux cantonniers de travailler pour améliorer la chaussée.
L'exemple d'autres pays pose question
Les comparatifs européens de pays similaires, notamment du Danemark ou de l'Allemagne incitent à la méfiance. Ces débats techniques ont été superbement ignorés par les technocrates français. Une approche intelligente aurait été de procéder à une campagne de tests qui aurait mis tout le monde d'accord. Les Français sont évidemment favorables à la sécurité, mais ils attendent des éléments factuels.
L'État est obsédé par l'argent
La mesure des 80 km/h s'inscrit dans une série noire fiscale. Elle vient après l'augmentation majeure des contraventions, qui sont passées à Paris de 17 à 50 €. La maire Anne Hidalgo a confié l'exploitation des contraventions à un partenaire privé autrement plus efficace que ses contractuels fatigués. Au niveau national, on va privatiser les radars. Dans l'administration, on déteste le secteur privé mais on a recours à lui quand il s'agit de réaliser les basses œuvres. Le citoyen préfèrerait sans doute qu'on privatise le nettoyage des rues particulièrement sales à Paris ou le traitement des demandes administratives qui se font de plus en plus lentement.
On veut nous refaire le coût de la vignette
L'arrogance de Macron est son talon d'Achille. Avec la promesse de réallouer les revenus des radars aux victimes, le gouvernement prend les Français pour des idiots. La vignette supposée aider les anciens a finalement renfloué le budget global. Les victimes de la route étant déjà prises en charge par la Sécurité sociale, les fonds collectés connaîtront le même sort. Les jeux d'écritures comptables ne sont que de la poudre aux yeux.
Il existe d'autres causes prioritaires mais peu rentables pour l'État
Sait-on que plus de 20 000 personnes meurent chaque année des suites d'accidents domestiques ? Cette statistique est particulièrement effroyable car elle concerne 2000 enfants. Qui prend la parole pour ces victimes ? Qui vient nous faire des leçons de morale pour pacifier les maisons ? Même si des mesures européennes ont amélioré depuis 30 ans la sécurité des foyers, l'État brille par son absence. Des campagnes de préventions ciblées auraient un impact fort, sans doute en milliers de vies sauvées. Un levier sans doute beaucoup plus efficace que l'ennuyeuse mesure sur les 80 Km/h. Mais comme il est difficile en effet de mettre un radar/collecteur de taxes dans chaque maison, l'État fait preuve d'une sentimentalité sélective.
Cette mesure est perçue comme liberticide
Personne ne conteste évidemment la nécessité de sécurité mais le Français aime sa voiture et la liberté qu'elle représente. Les États ont toujours utilisé le prétexte de la sécurité pour limiter les libertés citoyennes. Le mur de Berlin a été construit officiellement pour protéger les Allemands de l'Est des intrusions du monde libre.
La voiture a une particularité par rapport au système étatique : elle entre en concurrence avec le business des transports en commun qui représente des milliards d'euros. Ce combat de titan n'est pas seulement économique, il est aussi idéologique. En France, les transports en commun font l'objet d'un dogme presque religieux qui permet d'occulter une réalité parfois sombre : un service qui se dégrade malgré une dette et des prix qui grimpent, des trains électriques que l'on fait rouler grâce au nucléaire dont les prochaines générations paieront le prix écologique, des métaux lourds qui infestent les couloirs du métro…
Le gouvernement actuel est libéral par pragmatisme mais foncièrement étatique par sa culture. Macron a bénéficié du soutien de tout l'appareil d'État, grâce aux voix d'étatistes de gauche et de droite. Dans un monde où la démocratie recule, la mesure de limitation de la vitesse à 80Km/heure fait donc inconsciemment peur. En France, un État big brother se dessine à petites touches, accompagnées d'un sirop douçeâtre de technologie et de bonne conscience. Fondée ou pas, cette mesure coûtera cher au gouvernement actuel qui a péché par orgueil et manque de discernement.
ENQUETE FRANCEINFO. Même Macron dément ses "infos" sur l'affaire Benalla : Nordpresse, le site "satirique" belge qui ne fait pas rire tout le monde
Certains louent son talent pour les canulars, d'autres l'accusent de "jouer un jeu dangereux" en créant de vraies fake news. Franceinfo a enquêté sur ce site belge qui a contraint le président de la République, en personne, à démentir l'une de ses infos polémiques.
Emmanuel Macron parle. Enfin. Pour la première fois depuis le début de l'affaire Benalla. Mardi 24 juillet, dans les jardins de la Maison de l'Amérique latine à Paris, ministres et parlementaires de la majorité écoutent sans mouffeter ses explications. "Alexandre Benalla n'a jamais occupé un appartement de 300 m2 à l'Alma", "Alexandre Benalla n'a jamais gagné 10 000 euros", "Alexandre Benalla n'a jamais été mon amant". Puis : "Alexandre Benalla n'a jamais détenu le code nucléaire."
Au même moment, à 300 kilomètres de là, à Bruxelles, un homme est à deux doigts de s'étouffer. "J'ai halluciné quand j'ai entendu ça, explique Vincent Flibustier (un pseudonyme). J'avais l'impression de vivre dans une caméra cachée tellement ça devenait énorme." Parce que cette fausse histoire de code nucléaire arrivée jusqu'au sommet de l'Etat, c'est lui. Ou plutôt son site Nordpresse, parfois présenté comme le "Gorafi belge". Ce canular, il l'a imaginé "comme ça". Beaucoup ont compris le quinzième degré, d'autres sont tombés dans le panneau. Comme Eric Pauget, député Les Républicains des Alpes-Maritimes, qui l'a partagé tel quel sur Twitter.
C'est hallucinant qu'un député de la 5e puissance mondiale puisse partager un truc pareil ! C'est pas crédible quoi !Vincent Flibustier, fondateur du site Nordpresseà franceinfo
"Un million de visiteurs par mois"
L'histoire de Nordpresse remonte à 2014 : ce geek a eu l'idée de monter le site en rentrant chez lui, "bourré",raconte l'homme de 27 ans. Le nom n'a pas été choisi au hasard. C'est un clin d'œil à Sudpresse, un groupe de presse régionale belge qui englobe plusieurs journaux spécialisés dans l'information de proximité. Pourquoi ? Parce qu'il les a "dans le pif" depuis longtemps.
À la base, l'idée c'était de faire des articles encore plus chiens écrasés.Vincent Flibustierà franceinfo
L'une de ses premières publications donne le ton : "Partouze de vieux à Charleroi : 7 morts".Sa page Facebook compte 62 000 abonnés à ce jour, son compte Twitter 10 000. Il affirme "tourner autour de 800 000 à un million de visiteurs par mois". C'était même "trois fois ça" il y a deux ans. Celui qui dit "faire ça complètement à l'arrache" peut "pondre" 15 articles le même jour et ne rien publier les trois suivants.
Quand il y a une effervescence dans la presse traditionnelle, j'ai la même sur Nordpresse. Je suis le même train de cette folie de l'information.Vincent Flibustierà franceinfo
La ficelle principale, c'est de brosser les gens dans le sens du poil. C'est toute cette post-vérité qui fait que les gens ont envie de croire à la chose. Plus on a envie de croire, plus on est dans l'émotionnel. Je trouve ça plutôt intéressant de piéger les gens et de continuer à les piéger parce que fatalement ça stimule l'intellect.Vincent Flibustierà franceinfo
Son humour ne fait pas rire tout le monde, à commencer par son cousin français du Gorafi. "C'est quelqu'un qui joue constamment pour le buzz", s'énerve Jean-François Buissière, pseudonyme du directeur fictif derrière lequel se cachent les fondateurs du site parodique.
Le Gorafi et Nordpresse ne font pas le même métier, c'est deux choses différentes. Nous on fait de la parodie, lui fait de la fake news trash.Le Gorafià franceinfo
Éric Morain, l'avocat de Nordpresse, est habitué à cette critique. "Le problème, c'est qu'on a pris le Gorafi comme référentiel absolu. En clair, soit on fait de la parodie du type Gorafi, soit ce n'est pas de la parodie. Comme s'il ne pouvait pas y en avoir d'autre."
"Tout ce qu'il cherche, c'est buzzer"
Marcel Sel ne le porte pas beaucoup plus dans son cœur. "Sa première cible, c'était Sudpresse qu'il accusait de faire du mauvais journalisme, putassier. Mais ses pratiques à lui sont du même niveau, voire bien pire", s'agace le journaliste et chroniqueur belge qui a déjà écrit plusieurs posts au sujet de Nordpresse sur son blog.Tout ce qu'il cherche, c'est buzzer, se faire mousser, faire parler de lui."
Il fait notamment référence à la large couverture médiatique dont a bénéficié le site après une supposée "censure" de la part de Facebook. Dimanche 22 juillet, Vincent Flibustier a sauté sur son clavier pour rédiger un post alarmiste, après qu'un grand nombre de ses articles ont été "supprimés" du réseau social. Bingo : le post est partagé 46 000 fois. Dans la journée, Facebook évoque un "problème technique". Rien n'y fait : sur les réseaux sociaux, le sujet déchaîne les passions et de nombreux internautes voit derrière ces suppressions la main invisible d'Emmanuel Macron.
"On m'accuse d'être complotiste, je suis tout l'inverse"
Ses détracteurs reprochent aussi à Nordpresse de "jouer un jeu dangereux" en entretenant le doute sur le site. Lorsqu'on débarque sur la page d'accueil, rien n'indique en effet qu'il s'agit d'un site parodique. Il faut descendre tout en bas pour découvrir la mention suivante : "Certaines informations présentes sur ce site sont satiriques et/ou parodiques, veillez à conserver un esprit critique, merci." Sur Twitter, ce n'est pas beaucoup plus clair : "Toute l'information en Belgique – Faits divers – Animaux en danger." Et sur Facebook, l'internaute doit cliquer sur l'onglet"À propos" pour découvrir la vraie teneur de Nordpresse, "premier site satirique de Belgique, plus grand employeur de chimpanzés, site satirique le plus lu en Europe derrière d'autres".
Certains titres d'articles entretiennent aussi la confusion en relatant de vraies informations, comme celle annonçant l'élection de Pablo Sanchez à la tête du gouvernement espagnol : "Le but, c'était juste de faire un jeu de mot débile avec la photo d'un mime sans chaise", explique-t-il.
Vincent Flibustier n'hésite pas non plus à user de subterfuges pour accentuer la crédibilité de ses faux articles. Avec son compte Facebook personnel, le développeur masque le nom de domaine de Nordpresse et le remplace par d'autres suffisamment crédibles. Exemples : "actubelgique.be", "nordinfo.be" ou encore "nicesoir.press". Une technique pourtant interdite par les conditions d'utilisation du réseau social.
"J'assume complètement, je fais aussi du canular", répond Vincent Flibustier, pas beaucoup plus gêné quand il raconte aller lui-même poster ses faux articles dans des groupes de sympathisants d'extrême droite. "Je partage des trucs dedans pour qu'ils se fassent avoir, explique-t-il. Il y a quelques mois, un de mes articles a bien marché. Il était titré 'Un réfugié syrien est venu avec 97 enfants en Belgique', mais sur la photo, le gars est asiatique. On voit que ce n'est clairement pas un Syrien. C'est ridicule. Quand je vois des sympathisants FN, voire des élus locaux, partager ce genre de trucs, ça me fait marrer. Cela fait un bon fichier de cons."
Beaucoup de gens disent que c'est dangereux parce que les gens n'ont pas les capacités intellectuelles pour décrypter. Moi, je suis plutôt du genre à me dire 'tant pis s'ils ne les ont pas, ils vont apprendre'. C'est notre société qui doit leur apprendre à débunker les infos.Vincent Flibustierà franceinfo
Il le jure, ce n'est pas du tout son bord politique : lui se place "à gauche". Il est même candidat sur la liste des écologistes à Bruxelles pour les élections municipales du mois d'octobre. "On m'accuse d'être complotiste, antisémite ou je sais pas quoi, alors que je suis totalement tout l'inverse. Je porte plutôt des valeurs progressistes." Au parti Ecolo, la présence du fondateur du site parodique ne semble pas poser trop de soucis : "On est conscient que les histoires avec Nordpresse peuvent créer des remous. Mais Nordpresse et la candidature de Vincent sont deux choses distinctes et nous veillons à ce qu'il n'y ait pas de confusion. Après, Nordpresse est un site parodique, volontairement provocateur. On aime ou on n'aime pas."
Des canulars aux proportions inattendues
Il est vrai que ses canulars prennent parfois d'étranges proportions. Lors d'une conférence de presse donnée par Jean-Marie Le Pen dans sa résidence de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine) en 2015, un journaliste d'une agence de presse panafricaine, interpelle l'ancien président du Front national. Dans sa question, il cite un faux article de Nordpresse intitulé "Jean-Marie Le Pen : 'Une bombe atomique sur l'Afrique et fini les morts en Méditerranée !'"La scène, surréaliste, est racontée à l'époque par Le Lab.
"– Le journaliste : Il n'y a pas fort longtemps, vous avez appelé à frapper l'Afrique d'une bombe si j'ose dire atomique ou chimique, pour résoudre la question de l'immigration.
– Jean-Marie Le Pen : Non cher monsieur, ce tweet est un faux, comme il en existe beaucoup sur le net d'ailleurs, il faut le dire."
Trois ans après, Vincent Flibustier se marre toujours autant. "C'est extraordinaire comme affaire", ricane-t-il, avant d'entamer la liste de ses principaux faits d'armes. Il se souvient d'une fausse citation attribuée à Christine Boutin sur la pédophilie ou d'un faux tweet de Nicolas Dupont-Aignan à propos de Mamadou Gassama. Point commun : ils ont tous les deux provoqué la réaction outrée des intéressés.
Je suis un peu punk. D'une certaine manière, j'aime bien emmerder les méchants. Quand je vois la liste de mes ennemis c'est globalement le FN, Sudpresse, Christine Boutin, Nicolas Dupont-Aignan qui voulaient porter plainte contre moi pour un faux tweet. Que des braves quoi.Vincent Flibustierà franceinfo
"C'est œil pour œil, dent pour dent"
Son côté sans limite lui joue évidemment des tours. Vincent Flibustier connaît l'adresse du palais de justice de Bruxelles par cœur. Le groupe Sudpresse le poursuit pour avoir divulgué l'adresse d'une de ses journalistes dans un article. L'homme de 27 ans reconnaît les faits. Il explique avoir "fait ça pour [s]e foutre d'eux", en réponse à "la carte des musulmans de Belgique, commune par commune", publiée par le journal en mai 2016. En clair, c'est "œil pour œil, dent pour dent". Après deux ans de procès et 11 000 euros d'avocat, le Belge a remporté la partie en première instance. Un appel est toujours en cours. Sudpresse fait savoir à franceinfo qu'il ne souhaite pas s'exprimer à ce jour.
Pour la fausse déclaration sur l'Afrique attribuée à Jean-Marie Le Pen, le créateur de Nordpresse a évité le procès de peu, car le délai de prescription était dépassé. En attendant, c'est une internaute qui avait partagé la publication à l'époque qui devra répondre en diffamation en avril 2019. Quant à Nicolas Dupont-Aignan, il promettait de poursuivre le site satirique. Contacté par nos soins, l'élu de l'Essonne confie ne pas avoir "encore trouvé le temps de s'en occuper". Éric Morain se tient prêt : "La parodie obéit au même régime que la caricature, personne n'est obligée d'y croire, dit-il. Ça pose des questions sur la façon dont on ingurgite l'information. Il faut plus de prudence."
On ne peut pas être un internaute passif, être un réceptacle comme des oies qu'on gave.Éric Morain, avocat de Vincent Flibustierà franceinfo
Un millier d'euros par mois
Vincent Flibustier jure qu'il n'a pas créé Nordpresse pour l'audience, encore moins pour l'argent. "Ça ne représente pas la majorité de mes revenus, dit-il. C'est un gros millier d'euros par mois." Une somme jugée "crédible" par un ancien de Google contacté par franceinfo. Le reste du temps, il fait du développement web. Plus surprenant, il lui arrive d'aller dans les écoles belges pour sensibiliser les élèves... sur la question des fake news, au grand dam de ses détracteurs. Chez Enseignons.be, le réseau de création et d'accompagnement pédagogiques (structure soutenue par le ministère de l'Enseignement obligatoire), on assume complètement. "C'est nous qui l'avons contacté, et nous ne le regrettons pas, explique Jonathan Fischbach, son administrateur délégué. Il est plus que légitime finalement. Il ne se cache pas de vivre de la crédulité des gens."
Il intervient bénévolement chaque année dans une trentaine d'écoles. "Ce sont des cours de trois heures devant une petite centaine d'élèves âgés de 12 à 17 ans à chaque fois. Les jeunes peuvent même à la fin de la session créer leur fake news."
Oui, il y a quelques enseignants qui ne sont pas enchantés. Mais c'est extrêmement rare. Moi-même, je reconnais que certains articles sont crasseux. Ça n'enlève en rien ses compétences.Jonathan Fischbach, président d'Enseignons.beà franceinfo
Ce côté provocateur sans limite crée en tout cas un certain malaise dans le petit monde de la presse parodique. "Quand on parle de lui comme d'un Gorafi belge, ça m'hérisse le poil, grimace Jean-François Buissière. Nordpresse, c'est un peu le cousin dégénéré dont on a un peu honte au repas, celui qu'on essaie d'éviter du regard." En février dernier, plusieurs sites satiriques européens se sont réunis pendant trois jours à Amsterdam pour évoquer des futurs projets communs. Autour de la table, Le Gorafi, le Hollandais De Speld, l'Allemand Der Postillon et l'Irlandais Waterford Whispers News. Le "cousin dégénéré", lui, n'a pas été convié. Pas de quoi le vexer : "Franchement, je m'en fous."
Affaire Benalla: Ce que l'on ne sait pas encore (et ce que l'on sait déjà).
POLITIQUE - Sous une forme ou une autre, tous les protagonistes de l'affaire ont désormais parlé. Huit jours après que Le Monde a révélé qu'Alexandre Benalla, alors conseiller d'Emmanuel Macron, avait frappé au moins un militant lors de la manifestation parisienne du 1er mai, le principal intéressé a rompu le silence dans un entretien accordé au quotidien.
La réalité des faits qui se sont déroulés depuis commence à s'éclaircir, même si des contradictions demeurent. L'enquête judiciaire lancée jeudi 18 juillet déterminera si des sanctions pénales sont à envisager. Les commissions d'enquête de l'Assemblée (qui a explosé en vol ce jeudi) et du Sénat détermineront pour leur part s'il y a des défaillances politiques et, le cas échéant (dans un mois à l'Assemblée, six au Sénat) proposeront des réponses pour y faire face.
Quelles étaient les missions d'Alexandre Benalla à l'Élysée?
Dans Le Monde, Alexandre Benalla a livré sa vision du poste qu'il occupait auprès d'Emmanuel Macron. Cela consistait à "s'occuper des affaires privées du président de la République". "Toutes les missions délicates sont pour moi", précise le chargé de mission, qui occupait le poste d'adjoint au chef de cabinet. Il était chargé de coordonner "des services qui concourent aux déplacements officiels du président de la République", a précisé le directeur de cabinet du chef de l'État.
Interrogé au Sénat, un représentant d'un syndicat de police a estimé que "la confusion des rôles, des missions, l'ambiguïté des fonctions de monsieur Benalla, posent des problèmes sur la lisibilité des instructions qu'il pouvait donner à nos collègues".
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La grande question dont la réponse est encore peu claire est de savoir dans quelle mesure il s'occupait de la sécurité du chef de l'État et s'il était le seul "civil" à y être associé. "Elle est assurée par les policiers et les gendarmes, par eux et par eux seuls", répondent depuis plusieurs jours tous les protagonistes élyséens. Seulement le permis de port d'arme d'Alexandre Benalla a été justifié lors de son autorisation, notamment par sa "mission de police". Le fait qu'il participe régulièrement aux réunions de préparation à la réorganisation de la sécurité du président accrédite l'idée qu'il tenait un rôle dans la sécurité.
Qui a autorisé Alexandre Benalla à être observateur le 1er mai?
Dès le 19 juillet, le porte-parole de l'Élysée Bruno Roger-Petit a précisé qu'Alexandre Benalla a été autorisé par la préfecture de police de Paris à suivre le dispositif policier. Or les différentes auditions puis l'interview de l'intéressé ont montré qu'il a été invité non pas par la préfecture mais un haut gradé de la préfecture, Laurent Simonin, qui n'en a pas référé à sa hiérarchie. Ce même policier est désormais mis en examen pour avoir fourni à Alexandre Benalla des images de vidéosurveillance après la publication de l'article du Monde.
Alexandre Benalla précise avoir reçu deux jours avant le 1er mai un sac contenant tous les équipements dont il disposait pendant la manifestation: "un casque, un ceinturon en cuir, un masque à gaz, un brassard police et une cotte bleue marquée police et un grade de capitaine dessus." Il dit avoir ensuite reçu "des rangers et une radio" sans que l'on sache encore à ce stade qui lui a fourni.
Pourquoi la justice a-t-elle été prévenue si tard?
Il a fallu attendre le jeudi 19 juillet pour que le parquet de Paris décide d'ouvrir une enquête préliminaire puis qu'une information judiciaire soit ouverte; ce qui a débouché sur la mise en examen d'Alexandre Benalla. La préfet de police (le secrétaire général de l'Élysée a également affirmé l'avoir fait) a saisi le procureur sur le fondement de l'article 40 du code de procédure pénale après avoir appris qu'une copie des images des caméras de vidéosurveillance enregistrées le 1er mai avait été transmise à Alexandre Benalla. Cette copie a fait suite à la publication de l'article du Monde.
Avant celui-ci, aucune autorité n'avait jugé bon de saisir la justice pour les faits commis par Alexandre Benalla le 1er mai. Lors des premières auditions, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb et le préfet de police ont renvoyé la balle à l'Élysée, employeur d'Alexandre Benalla. Le directeur de cabinet du président de la République ainsi que le secrétaire général de l'Élysée ont précisé ensuite qu'il n'y avait, selon eux, rien qui justifiait une telle saisine. En clair que les événements place de la Contrescarpe ne constituaient pas un délit. C'est cette absence de réaction judiciaire initiale qui continue d'indigner l'opposition, qui accuse la présidence d'avoir couvert les agissements.
Alexandre Benalla a-t-il bien écopé d'une sanction?
Emmanuel Macron a lui-même jugée "proportionnée" la sanction délivrée le 3 mai dernier par le directeur de cabinet de la présidence après que le chef de l'état en a été informée. "C'est la plus grave contre un chargé de mission à l'Élysée", a même déclaré le porte-parole Bruno Roger-Petit avant que Patrick Strzoda précise quelques jours plus tard qu'à sa connaissance c'est la première qui a été prononcée.
Cette sanction est une mise à pied de quinze jours sans salaire et avec une rétrogradation. Si Alexandre Benalla n'a visiblement pas travaillé jusqu'au 22 mai (le policier qui avait dit l'inverse devant l'Assemblée est revenu sur ses propos), il a en revanche bien été payé intégralement au mois de mai et au mois de juin. Le directeur de cabinet a en effet reconnu devant le Sénat qu'une impossibilité légale existait pour faire une retenue. "Ses 15 jours de suspension feront l'objet d'une retenue sur les droits à congés qu'il avait en reliquat au titre de l'année 2017", a ajouté Patrick Strzoda avant que les sénateurs ne mettent en évidence une nouvelle fragilité juridique.
L'effectivité de la sanction est également mise en doute par les missions qu'Alexandre Benalla a continué à remplir. S'il se dit "humilié" et que les ténors de l'Élysée estiment que "la sanction a été vécue comme telle", il a poursuivi des missions exposées et pas seulement au cours des événements organisés à l'Élysée. Il a été vu le 13 juillet à Giverny avec le couple Macron, lors de l'hommage à Simone Veil, lors du 14 Juillet ou encore lors du retour de l'équipe de France de football à Paris. Une procédure de licenciement a ensuite été engagée par l'Élysée le 20 juillet.
Comment Alexandre Benalla est-il vu par ceux qui travaillent avec lui?
Deux types de commentaires ont été entendus lors des auditions sous serment à l'Assemblée et au Sénat. D'un côté les supérieurs d'Alexandre Benalla ont tous dit avoir d'excellents retours sur le chargé de mission. Emmanuel Macron lui-même l'a fait applaudir, saluant devant les députés de la majorité sa disponibilité et son engagement.
Tout l'inverse des déclarations des syndicats de police qui ont très largement dénoncé l'attitude du conseiller du Président. Selon Fabien Vanhemelryck, secrétaire général adjoint du syndicat de gardiens de la paix, Alliance, les relations entre Alexandre Benalla et les fonctionnaires de police sur le terrain "étaient exécrables". "Il se comportait comme un cador. Il a été vu sur plusieurs opérations, plusieurs debriefings et plusieurs voyages présidentiels", a ajouté le secrétaire général du syndicat des cadres de la sécurité intérieure (SCSI), Jean-Marc Bailleul.
L'intéressé lui-même a expliqué au Monde que les relations étaient loin d'être parfaites. Avec le GSPR, chargé de la sécurité du Président, Il évoque "des frictions, oui, mais sous forme de non-dits". "Evidemment, ça suscite des rancœurs", ajoute-t-il. On comprend que sa présence aussi près du chef de l'Etat n'a pas fait que des heureux. Il laisse entendre que l'origine de l'affaire pourrait être à chercher de ce côté.
Alexandre Benalla a-t-il bénéficié de privilèges?
L'entourage d'Emmanuel Macron et le chef de l'État lui-même ont affirmé qu'il n'y avait aucun passe-droit pour quiconque. Seulement, plusieurs des attributs de la fonction occupée par Alexandre Benalla posent question.
Ce n'est plus le cas de son salaire, que certains avaient évalué à 10.000 euros mais que l'intéressé a finalement chiffré à 6.000 euros net par mois, ce qui correspond à ce que peut gagner un tel chargé de mission. Patrick Strzoda a également démenti d'emblée l'existence d'une voiture de fonction, parlant seulement d'une voiture de service; le directeur de cabinet a assumé qu'elle bénéficie d'aménagements, comme certains véhicules de police, afin qu'Alexandre Benalla puisse prendre part aux cortèges présidentiels.
Au-delà du badge d'accès à l'Assemblée nationale (pour aller à la salle de sport, selon l'intéressé), reste l'appartement de fonction quai Branly attribué au mois de juillet, c'est-à-dire après sa rétrogradation. L'Express assure que l'Élysée avait un projet d'aménagement d'un duplex de 200 m² rénové pour 180.000 euros. La présidence a démenti mais confirmé l'existence de cet appartement de 80m² dont la seule existence continue d'alimenter les spéculations d'autant que les conditions d'attribution restent floues.
Trois jours après les exploits de Benalla place de la Contrescarpe, le directeur général de la police nationale flingue, en deux pages, une réforme de la sécurité présidentielle pourtant voulue par le chef de l'État lui-même. Dans sa bafouille, adressée, ce 4mai, au dircab de Collomb, et dont «Le Canard» a pris connaissance, le chef du poulailler craint «un effet de cour». Prémonitoire! Si Éric Morvan est en rogne, c'est parce que, le 17 avril, le ministre de l'Intérieur a été officiellement avisé qu'un secret service à la française verrait le jour à compter du 1er janvier 2019. Patrick Strzoda, le numéro 3 du Château, a détaillé sur une page et demie le projet d'une nouvelle Direction de la sécurité de la présidence de la République (DSPR). L'organisation actuelle, en effet, manque de «cohérence» et «d'efficacité» (sic). Et Macron veut ses super-gorilles à lui, avec, comme gardien du zoo... Alexandre Benalla.
Avant d'être viré, ce modeste «chargé de mission» était en effet les yeux et les oreilles du Président au sein du comité de la future DSPR. Parmi ses membres, le commandant militaire de l'Élysée (chargé de protéger les bâtiments) et le taulier du groupe de sécurité de la présidence de la République, veillant sur Jupiter et sa famille. Tout ça pour une «optimisation» des moyens, avec une meilleure «cohérence et efficacité». Pas de quoi casser trois pattes... à un poulet? Sauf que, dans la volière, on est monté sur ses ergots. Pas question de laisser une tribu de gorilles se déclarer indépendante de Beauvau. La DPSR n'aurait rendu compte qu'à l'Elysée pour ses missions, ses achats de matériel, et même ses recrutements ouverts aux militaires et aux civils réservistes de la gendarmerie... comme Benalla. Vassaux du seul Macron, ces gardiens allaient faire des jaloux chez les flics. «Ce projet est taillé sur mesure pour les Cruchots (les gendarmes), s'énerve un commissaire divisionnaire : «Sarko les avait virés de l'Élysée; depuis, ils veulent prendre leur revanche.» «Ces flics sont vraiment paranos, rétorque un haut gradé de la gendarmerie. Ils sont capables de tout.» Au point de faire la peau au bébé gorille Benalla, avant qu'il ne devienne King Kong?
Des "spots publicitaires", des "opérations évènementielles" pour "vanter à l'étranger l'attractivité de la France". Tel était était l'objet de la campagne "Creative France", lancée par Business France, une structure publique chargée d'aider les PME et ETI françaises à se faire une place à l'international. Une structure qui, de janvier 2015 à mai 2017, soit à l'époque de la création de la campagne "Creative France", a été dirigée par l'actuelle ministre du Travail, Muriel Pénicaud. D'après des révélations du Canard Enchaîné, publiées dans son édition du mercredi 25 juillet, Muriel Pénicaud est soupçonnée par la justice de favoritisme dans le cadre de cette campagne. Montant du gain pour Havas ? 13,2 millions d'euros.
Tout comme dans l'affaire Business France, où elle a été auditionnée en tant que témoin assisté en mai dernier, la ministre du Travail aurait favorisé le géant de la communication Havas pour l'organisation de la campagne "Creative France". En témoignent des échanges d'e-mails entre Muriel Pénicaud et Stéphane Fouks, le vice-président d'Havas, qu'a pu se procurer le Canard Enchaîné. En juin 2015, en pleine procédure d'appel d'offres de Creative France, Pénicaud écrit par exemple à sa secrétaire pour la prévenir d'un rendez-vous avec Stéphane Fouks qu'elle souhaite garder "secret".
S'ensuivent des messages où l'ex-patronne de Business France tutoie le n°2 d'Havas, qu'elle dit ne pas connaître, ainsi que de nombreuses conversations nocturnes. "Merci Stéphane pour ton coup de main !", lui écrira-t-elle ce même mois de juin 2015. Trois mois plus tard, en septembre 2015, l'actuelle ministre du Travail ira même jusqu'à demander à Fouks un stage pour son neveu. D'après le Canard Enchaîné, c'est désormais au procureur de Paris, François Molins, de décider s'il se saisit ou non de l'affaire, comme l'y incite la section financière de son parquet.
Etats-Unis: Un site promet une récompense à quiconque prouvera l'homosexualité de Macron
« Le candidat favori des médias ment-il au sujet de son attirance pour les hommes ? ». Aux Etats-Unis, la plateforme WeSearchr offre une récompense de 5.000 dollars à toute personne pouvant prouver que le président français fraîchement élu, Emmanuel Macron, est homosexuel.
A l'origine de ce site qui propose aux internautes d'enquêter sur des sujets controversés contre une prime ? Charles Johnson, figure de la droite alternative américaine pro-Trump et adepte des fake news, dixit Libération.
« C'est important de savoir parce que la France n'a jamais eu de président homo. Je crois qu'il y a beaucoup de preuves », a expliqué au quotidien le jeune homme de 28 ans qui donne pour seule « preuve » l'âge avancé de Brigitte Macron, 64 ans, ou les fameux Macron Leaks.
Mailing-list gay et drogue
Acculé par Libération qui démontre qu'aucun document n'évoque la prétendue homosexualité du nouveau Président français, Charles Johnson finit par s'emmêler les pinceaux et par affirmer ne pas savoir lequel de ses quelque 100 collaborateurs auraient relu et posté l'offre. Une prime supprimée depuis.
Reste que sur GotNews.com, autre site « d'informations » piloté par Charles Johnson, un article assure lui qu'Emmanuel Macron fait partie d'une mailing-list gay et qu'il consommerait de la drogue. Daté du 6 mai et intitulé « Révèle sa vie homosexuelle cachée, penchant pour la drogue », le papier traduit en français [avec fautes de syntaxe et d'orthographe] avance des preuves apparemment puisées dans les fameux documents de l'affaire Macron Leaks…
« Si j'avais été homosexuel, je le dirais et je le vivrais »
Pour rappel, durant la campagne présidentielle, une rumeur avait circulé, affirmant qu'Emmanuel Macron entretenait une « double vie » avec le PDG de Radio France, Mathieu Gallet.
En février dernier, en marge d'un meeting, le nouveau président avait finalement fermement balayé l'intox : « Deux choses sont odieuses derrière le sous-entendu : dire qu'il n'est pas possible qu'un homme vivant avec une femme plus âgée soit autre chose qu'homosexuel ou un gigolo caché, c'est misogyne. Et c'est aussi de l'homophobie. Si j'avais été homosexuel, je le dirais et je le vivrais. »