vendredi 27 juillet 2018

Affaire Benalla: Ce que l'on ne sait pas encore (et ce que l'on sait déjà)

Affaire Benalla: Ce que l'on ne sait pas encore (et ce que l'on sait déjà)

Affaire Benalla: Ce que l'on ne sait pas encore (et ce que l'on sait déjà)

Tous les protagonistes ont désormais parlé. Mais des zones d'ombre demeurent.

Affaire Benalla: Ce que l'on ne sait pas encore (et ce que l'on sait déjà).
POOL New / Reuters
Affaire Benalla: Ce que l'on ne sait pas encore (et ce que l'on sait déjà).

POLITIQUE - Sous une forme ou une autre, tous les protagonistes de l'affaire ont désormais parlé. Huit jours après que Le Monde a révélé qu'Alexandre Benalla, alors conseiller d'Emmanuel Macron, avait frappé au moins un militant lors de la manifestation parisienne du 1er mai, le principal intéressé a rompu le silence dans un entretien accordé au quotidien.

La réalité des faits qui se sont déroulés depuis commence à s'éclaircir, même si des contradictions demeurent. L'enquête judiciaire lancée jeudi 18 juillet déterminera si des sanctions pénales sont à envisager. Les commissions d'enquête de l'Assemblée (qui a explosé en vol ce jeudi) et du Sénat détermineront pour leur part s'il y a des défaillances politiques et, le cas échéant (dans un mois à l'Assemblée, six au Sénat) proposeront des réponses pour y faire face.

Quelles étaient les missions d'Alexandre Benalla à l'Élysée?

Dans Le Monde, Alexandre Benalla a livré sa vision du poste qu'il occupait auprès d'Emmanuel Macron. Cela consistait à "s'occuper des affaires privées du président de la République". "Toutes les missions délicates sont pour moi", précise le chargé de mission, qui occupait le poste d'adjoint au chef de cabinet. Il était chargé de coordonner "des services qui concourent aux déplacements officiels du président de la République", a précisé le directeur de cabinet du chef de l'État.

Interrogé au Sénat, un représentant d'un syndicat de police a estimé que "la confusion des rôles, des missions, l'ambiguïté des fonctions de monsieur Benalla, posent des problèmes sur la lisibilité des instructions qu'il pouvait donner à nos collègues".

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La grande question dont la réponse est encore peu claire est de savoir dans quelle mesure il s'occupait de la sécurité du chef de l'État et s'il était le seul "civil" à y être associé. "Elle est assurée par les policiers et les gendarmes, par eux et par eux seuls", répondent depuis plusieurs jours tous les protagonistes élyséens. Seulement le permis de port d'arme d'Alexandre Benalla a été justifié lors de son autorisation, notamment par sa "mission de police". Le fait qu'il participe régulièrement aux réunions de préparation à la réorganisation de la sécurité du président accrédite l'idée qu'il tenait un rôle dans la sécurité.

Qui a autorisé Alexandre Benalla à être observateur le 1er mai?

Dès le 19 juillet, le porte-parole de l'Élysée Bruno Roger-Petit a précisé qu'Alexandre Benalla a été autorisé par la préfecture de police de Paris à suivre le dispositif policier. Or les différentes auditions puis l'interview de l'intéressé ont montré qu'il a été invité non pas par la préfecture mais un haut gradé de la préfecture, Laurent Simonin, qui n'en a pas référé à sa hiérarchie. Ce même policier est désormais mis en examen pour avoir fourni à Alexandre Benalla des images de vidéosurveillance après la publication de l'article du Monde.

Alexandre Benalla précise avoir reçu deux jours avant le 1er mai un sac contenant tous les équipements dont il disposait pendant la manifestation: "un casque, un ceinturon en cuir, un masque à gaz, un brassard police et une cotte bleue marquée police et un grade de capitaine dessus." Il dit avoir ensuite reçu "des rangers et une radio" sans que l'on sache encore à ce stade qui lui a fourni.

Pourquoi la justice a-t-elle été prévenue si tard?

Il a fallu attendre le jeudi 19 juillet pour que le parquet de Paris décide d'ouvrir une enquête préliminaire puis qu'une information judiciaire soit ouverte; ce qui a débouché sur la mise en examen d'Alexandre Benalla. La préfet de police (le secrétaire général de l'Élysée a également affirmé l'avoir fait) a saisi le procureur sur le fondement de l'article 40 du code de procédure pénale après avoir appris qu'une copie des images des caméras de vidéosurveillance enregistrées le 1er mai avait été transmise à Alexandre Benalla. Cette copie a fait suite à la publication de l'article du Monde.

Avant celui-ci, aucune autorité n'avait jugé bon de saisir la justice pour les faits commis par Alexandre Benalla le 1er mai. Lors des premières auditions, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb et le préfet de police ont renvoyé la balle à l'Élysée, employeur d'Alexandre Benalla. Le directeur de cabinet du président de la République ainsi que le secrétaire général de l'Élysée ont précisé ensuite qu'il n'y avait, selon eux, rien qui justifiait une telle saisine. En clair que les événements place de la Contrescarpe ne constituaient pas un délit. C'est cette absence de réaction judiciaire initiale qui continue d'indigner l'opposition, qui accuse la présidence d'avoir couvert les agissements.

Alexandre Benalla a-t-il bien écopé d'une sanction?

Emmanuel Macron a lui-même jugée "proportionnée" la sanction délivrée le 3 mai dernier par le directeur de cabinet de la présidence après que le chef de l'état en a été informée. "C'est la plus grave contre un chargé de mission à l'Élysée", a même déclaré le porte-parole Bruno Roger-Petit avant que Patrick Strzoda précise quelques jours plus tard qu'à sa connaissance c'est la première qui a été prononcée.

Cette sanction est une mise à pied de quinze jours sans salaire et avec une rétrogradation. Si Alexandre Benalla n'a visiblement pas travaillé jusqu'au 22 mai (le policier qui avait dit l'inverse devant l'Assemblée est revenu sur ses propos), il a en revanche bien été payé intégralement au mois de mai et au mois de juin. Le directeur de cabinet a en effet reconnu devant le Sénat qu'une impossibilité légale existait pour faire une retenue. "Ses 15 jours de suspension feront l'objet d'une retenue sur les droits à congés qu'il avait en reliquat au titre de l'année 2017", a ajouté Patrick Strzoda avant que les sénateurs ne mettent en évidence une nouvelle fragilité juridique.

L'effectivité de la sanction est également mise en doute par les missions qu'Alexandre Benalla a continué à remplir. S'il se dit "humilié" et que les ténors de l'Élysée estiment que "la sanction a été vécue comme telle", il a poursuivi des missions exposées et pas seulement au cours des événements organisés à l'Élysée. Il a été vu le 13 juillet à Giverny avec le couple Macron, lors de l'hommage à Simone Veil, lors du 14 Juillet ou encore lors du retour de l'équipe de France de football à Paris. Une procédure de licenciement a ensuite été engagée par l'Élysée le 20 juillet.

Comment Alexandre Benalla est-il vu par ceux qui travaillent avec lui?

Deux types de commentaires ont été entendus lors des auditions sous serment à l'Assemblée et au Sénat. D'un côté les supérieurs d'Alexandre Benalla ont tous dit avoir d'excellents retours sur le chargé de mission. Emmanuel Macron lui-même l'a fait applaudir, saluant devant les députés de la majorité sa disponibilité et son engagement.

Tout l'inverse des déclarations des syndicats de police qui ont très largement dénoncé l'attitude du conseiller du Président. Selon Fabien Vanhemelryck, secrétaire général adjoint du syndicat de gardiens de la paix, Alliance, les relations entre Alexandre Benalla et les fonctionnaires de police sur le terrain "étaient exécrables". "Il se comportait comme un cador. Il a été vu sur plusieurs opérations, plusieurs debriefings et plusieurs voyages présidentiels", a ajouté le secrétaire général du syndicat des cadres de la sécurité intérieure (SCSI), Jean-Marc Bailleul.

L'intéressé lui-même a expliqué au Monde que les relations étaient loin d'être parfaites. Avec le GSPR, chargé de la sécurité du Président, Il évoque "des frictions, oui, mais sous forme de non-dits". "Evidemment, ça suscite des rancœurs", ajoute-t-il. On comprend que sa présence aussi près du chef de l'Etat n'a pas fait que des heureux. Il laisse entendre que l'origine de l'affaire pourrait être à chercher de ce côté.

Alexandre Benalla a-t-il bénéficié de privilèges?

L'entourage d'Emmanuel Macron et le chef de l'État lui-même ont affirmé qu'il n'y avait aucun passe-droit pour quiconque. Seulement, plusieurs des attributs de la fonction occupée par Alexandre Benalla posent question.

Ce n'est plus le cas de son salaire, que certains avaient évalué à 10.000 euros mais que l'intéressé a finalement chiffré à 6.000 euros net par mois, ce qui correspond à ce que peut gagner un tel chargé de mission. Patrick Strzoda a également démenti d'emblée l'existence d'une voiture de fonction, parlant seulement d'une voiture de service; le directeur de cabinet a assumé qu'elle bénéficie d'aménagements, comme certains véhicules de police, afin qu'Alexandre Benalla puisse prendre part aux cortèges présidentiels.

Au-delà du badge d'accès à l'Assemblée nationale (pour aller à la salle de sport, selon l'intéressé), reste l'appartement de fonction quai Branly attribué au mois de juillet, c'est-à-dire après sa rétrogradation. L'Express assure que l'Élysée avait un projet d'aménagement d'un duplex de 200 m² rénové pour 180.000 euros. La présidence a démenti mais confirmé l'existence de cet appartement de 80m² dont la seule existence continue d'alimenter les spéculations d'autant que les conditions d'attribution restent floues.

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8 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est notamment à lui que le préfet de police de Paris, Michel Delpuech, pensait quand il a parlé de «dérives individuelles inacceptables, condamnables sur fond de copinage malsain»...

https://www.lejdd.fr/societe/laurent-simonin-le-policier-au-centre-de-laffaire-benalla-3718367

Anonyme a dit…

Une ascension fulgurante qui a défié toutes les règles... et qui fait dire à Emmanuel Macron qu'il est le «seul responsable»?...

https://blogs.mediapart.fr/vilmauve/blog/220718/benalla-lieutenant-colonel-grace-un-ordre-venu-de-tres-haut

Anonyme a dit…



Bonjour, effectivement, ce qu'on ne sait pas encore...et encore et ce que l'on ne saura jamais...

Une tempête ds un verre d'O

http://www.liberation.fr/france/2018/07/27/1er-mai-benalla-et-crase-impliques-dans-une-autre-interpellation_1669273

Arl

Anonyme a dit…

COLLOMB : «UN HOMME QUI MENT»
Jean-Luc Mélenchon.

https://youtu.be/T52evL-qjZw

Intervention de Jean-Luc Mélenchon à l'Assemblée Nationale pour la motion de rejet sur la loi Asile-immigration...
Comme il a rejeté les applaudissements à l'endroit d'Alexandre Benalla lors du comité restreint à la maison de l'Amérique latine.

Anonyme a dit…

Quelques conseils sont suggérés à Alexandre Benalla par Periannat, notamment de remettre son CV à jour...

https://www.lereboot.com/topic/6720/l-affaire-benalla/477

Se raser la barbe "fait perdre" quelques années et adoucit les traits pour paraître moins brute surtout lorsque l'on veut passer à la lucarne...
Ce soir sur TF1, on va avoir droit aux mêmes dédouanements sur les exactions commises comme sur LCI il y a quelques jours?

Anonyme a dit…

http://www.liberation.fr/france/2018/07/27/affaire-benalla-le-parquet-aurait-probablement-du-saisir-l-igpn-des-le-mois-de-mai_1669297

Anonyme a dit…

https://mobile.lemonde.fr/police-justice/article/2018/07/28/derriere-l-affaire-benalla-la-question-des-violences-policieres_5337080_1653578.html

Anonyme a dit…

https://francais.rt.com/france/53009-syndicat-policier-benalla-etait-tout-autre-chose-bagagiste-retour-bleus