"La Commission européenne ne veut surtout pas être accusée de se mêler de la très tendue campagne présidentielle américaine. L’institution s’est distanciée, mardi 13 août, du rappel à l’ordre adressé par Thierry Breton, commissaire chargé du marche intérieur et du numérique, à X, pile avant la diffusion d’un entretien entre le propriétaire du réseau social, Elon Musk, et le candidat républicain, Donald Trump.
« Le timing et la formulation de la lettre n’ont été ni coordonnés ni convenus avec la présidente [Ursula von der Leyen] ou le collège » des commissaires, a déclaré Arianna Podesta, porte-parole de l’exécutif européen. La précision n’est pas anodine et sonne comme un désaveu du moment choisi par M. Breton pour hausser le ton, alors que Bruxelles retient son souffle en vue du scrutin américain.
Lundi, le Français a alerté le patron de X sur son devoir de respecter les règles européennes en matière de modération des contenus, dressées dans le règlement sur les services numériques (connu sous le sigle anglais DSA, pour Digital Services Act). Avec l’entrée en vigueur de cette législation, en octobre 2022, l’Union européenne (UE) est devenue pionnière en matière d’encadrement des réseaux sociaux et des risques systémiques qu’ils posent pour la société, leur imposant notamment de prévenir « l’amplification de contenus dangereux », comme l’a souligné le Français dans sa lettre, qui souligne également la flambée de violences au Royaume-Uni. Cette obligation vaut pour toute publication accessible aux citoyens européens, y compris pour « les diffusions en live ». Elle s’impose aussi à « vous, en tant qu’utilisateur avec 190 millions de followers », a rappelé le commissaire à Elon Musk, qui partage, à l’occasion, de fausses informations, y compris sur l’élection américaine.
Défenseur autoproclamé de la liberté (totale) d’expression, le milliardaire est engagé dans un conflit avec l’UE, qu’il accuse de vouloir le forcer à « censurer la parole ». En décembre 2023, la Commission avait lancé une enquête officielle au sujet de X, portant sur la dissémination de contenus illégaux et l’efficacité des mesures prises (ou pas) par l’entreprise pour lutter contre la manipulation de l’information. Les conclusions sont attendues dans les prochaines semaines.
En vertu du DSA, la Commission peut infliger des amendes pouvant atteindre 6 % du chiffre d’affaires mondial de l’entreprise concernée. En l’occurrence, elle pourrait même décider de baser son calcul sur les revenus de l’ensemble des firmes détenues par Elon Musk, au vu de son influence décisive sur le fonctionnement de X. De plus, en cas de violations graves et répétées, la plate-forme mise en cause peut être interdite d’opérer dans l’UE." (…)
"Il y a bientôt deux ans, la première version de ChatGPT sortait. Depuis, l'intelligence artificielle (IA) n'a cessé de susciter un intérêt immense, d'enthousiasme, mais aussi quelques inquiétudes, tant ses potentialités semblent illimitées. Mais pour Jacques Luzi, la raison est plus profonde : « L'intelligence artificielle prolonge cette croyance industrielle que le monde, la nature, les êtres vivants, les humains, leurs organisations sont des machines qu'il est possible et souhaitable de décomposer, analyser et reproduire dans des artefacts améliorés. »
Pourtant, pour l'auteur de Ce que l'intelligence artificielle ne peut pas faire (La Lenteur), l'IA « ne peut pas être l'équivalent de la pensée humaine », « ne peut pas être un instrument au service de la paix », « ne peut pas résoudre la crise écologique, ni même en freiner les dommages », « ne peut pas non plus accroître l'autonomie des personnes, ni dans le travail ni dans la vie quotidienne. » Au contraire, cette technologie, selon lui, aura des effets délétères sur notre société." (…)
"L’un des plus grands centres de données de Meta (ex-Facebook) en Europe devrait voir le jour en Espagne. Quelques militants tentent d’éveiller les habitants sur ses conséquences néfastes. En vain.
Talavera de la Reina (Espagne), reportage
« Tant que le projet est en cours de négociation et que la construction n’a pas démarré, il est temps de l’arrêter ! » dit Aurora Gómez, fondatrice de l’association Tu Nube Seca Mi Río (« Ton nuage assèche ma rivière »). Debout, au milieu de l’immense terrain vague qui doit accueillir la future infrastructure, la militante aimerait mobiliser davantage : « J’essaye d’être un porte-voix pour créer un débat public autour de ça. »
« Ça » : le Meta Data Center Campus de 191 hectares censé voir le jour dans la zone industrielle de Torrehierro, en périphérie de la ville de Talavera de la Reina. Situé à quelques kilomètres du Tage, il devrait être l’un des plus grands de la firme californienne en Europe. Un de plus dans la péninsule ibérique. Depuis deux ans, l’Espagne devient une terre d’implantation privilégiée pour les Big Tech. Microsoft, Amazon et Google ont déjà massivement investi la région d’Aragón, dans le nord du pays. Et des dizaines de projets de centres de données sont en cours de déploiement." …/…
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"La Commission européenne ne veut surtout pas être accusée de se mêler de la très tendue campagne présidentielle américaine. L’institution s’est distanciée, mardi 13 août, du rappel à l’ordre adressé par Thierry Breton, commissaire chargé du marche intérieur et du numérique, à X, pile avant la diffusion d’un entretien entre le propriétaire du réseau social, Elon Musk, et le candidat républicain, Donald Trump.
« Le timing et la formulation de la lettre n’ont été ni coordonnés ni convenus avec la présidente [Ursula von der Leyen] ou le collège » des commissaires, a déclaré Arianna Podesta, porte-parole de l’exécutif européen. La précision n’est pas anodine et sonne comme un désaveu du moment choisi par M. Breton pour hausser le ton, alors que Bruxelles retient son souffle en vue du scrutin américain.
Lundi, le Français a alerté le patron de X sur son devoir de respecter les règles européennes en matière de modération des contenus, dressées dans le règlement sur les services numériques (connu sous le sigle anglais DSA, pour Digital Services Act). Avec l’entrée en vigueur de cette législation, en octobre 2022, l’Union européenne (UE) est devenue pionnière en matière d’encadrement des réseaux sociaux et des risques systémiques qu’ils posent pour la société, leur imposant notamment de prévenir « l’amplification de contenus dangereux », comme l’a souligné le Français dans sa lettre, qui souligne également la flambée de violences au Royaume-Uni. Cette obligation vaut pour toute publication accessible aux citoyens européens, y compris pour « les diffusions en live ». Elle s’impose aussi à « vous, en tant qu’utilisateur avec 190 millions de followers », a rappelé le commissaire à Elon Musk, qui partage, à l’occasion, de fausses informations, y compris sur l’élection américaine.
Défenseur autoproclamé de la liberté (totale) d’expression, le milliardaire est engagé dans un conflit avec l’UE, qu’il accuse de vouloir le forcer à « censurer la parole ». En décembre 2023, la Commission avait lancé une enquête officielle au sujet de X, portant sur la dissémination de contenus illégaux et l’efficacité des mesures prises (ou pas) par l’entreprise pour lutter contre la manipulation de l’information. Les conclusions sont attendues dans les prochaines semaines.
En vertu du DSA, la Commission peut infliger des amendes pouvant atteindre 6 % du chiffre d’affaires mondial de l’entreprise concernée. En l’occurrence, elle pourrait même décider de baser son calcul sur les revenus de l’ensemble des firmes détenues par Elon Musk, au vu de son influence décisive sur le fonctionnement de X. De plus, en cas de violations graves et répétées, la plate-forme mise en cause peut être interdite d’opérer dans l’UE."
(…)
https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/08/13/la-commission-europeenne-prend-ses-distances-avec-thierry-breton-apres-sa-mise-en-garde-a-elon-musk_6280037_3234.html
MON CHAT S'APPELLE GPT
"Il y a bientôt deux ans, la première version de ChatGPT sortait. Depuis, l'intelligence artificielle (IA) n'a cessé de susciter un intérêt immense, d'enthousiasme, mais aussi quelques inquiétudes, tant ses potentialités semblent illimitées. Mais pour Jacques Luzi, la raison est plus profonde : « L'intelligence artificielle prolonge cette croyance industrielle que le monde, la nature, les êtres vivants, les humains, leurs organisations sont des machines qu'il est possible et souhaitable de décomposer, analyser et reproduire dans des artefacts améliorés. »
Pourtant, pour l'auteur de Ce que l'intelligence artificielle ne peut pas faire (La Lenteur), l'IA « ne peut pas être l'équivalent de la pensée humaine », « ne peut pas être un instrument au service de la paix », « ne peut pas résoudre la crise écologique, ni même en freiner les dommages », « ne peut pas non plus accroître l'autonomie des personnes, ni dans le travail ni dans la vie quotidienne. » Au contraire, cette technologie, selon lui, aura des effets délétères sur notre société."
(…)
https://www.marianne.net/agora/entretiens-et-debats/l-intelligence-artificielle-detruit-toute-forme-dautonomie-et-promeut-lemergence-dune-societe-de-la-contrainte
"L’un des plus grands centres de données de Meta (ex-Facebook) en Europe devrait voir le jour en Espagne. Quelques militants tentent d’éveiller les habitants sur ses conséquences néfastes. En vain.
Talavera de la Reina (Espagne), reportage
« Tant que le projet est en cours de négociation et que la construction n’a pas démarré, il est temps de l’arrêter ! » dit Aurora Gómez, fondatrice de l’association Tu Nube Seca Mi Río (« Ton nuage assèche ma rivière »). Debout, au milieu de l’immense terrain vague qui doit accueillir la future infrastructure, la militante aimerait mobiliser davantage : « J’essaye d’être un porte-voix pour créer un débat public autour de ça. »
« Ça » : le Meta Data Center Campus de 191 hectares censé voir le jour dans la zone industrielle de Torrehierro, en périphérie de la ville de Talavera de la Reina. Situé à quelques kilomètres du Tage, il devrait être l’un des plus grands de la firme californienne en Europe. Un de plus dans la péninsule ibérique. Depuis deux ans, l’Espagne devient une terre d’implantation privilégiée pour les Big Tech. Microsoft, Amazon et Google ont déjà massivement investi la région d’Aragón, dans le nord du pays. Et des dizaines de projets de centres de données sont en cours de déploiement."
…/…
https://reporterre.net/Chasse-des-Pays-Bas-Meta-s-implante-en-Espagne-dans-l-indifference
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