Loi Sécurité globale : 30 auteurs dévoilent les 388 “députés de la honte”
« La colère, c’est un point de départ, indiquant qu’il faut agir. Tout en construisant des actions qui ne sont pas portées par la colère. » Cyril Pedrosa résume en quelques mots comment une trentaine de dessinateurs se sont regroupés pour dénoncer le vote de la loi Sécurité globale. Les 388 qui ont donné leur voix à un texte liberticide se retrouvent soudainement sur les réseaux, représentés en noir et blanc, avec le hashtag #DéputésdelaHonte. .../...
Sécurité globale, ou résignation totale ?
« Quand on prend les articles, 21, 22 et le fameux 24 — qui n’est que l’arbre cachant la forêt — rien ne va dans cette loi. Elle aligne la généralisation de la vidéosurveillance, dont on sait qu’elle n’a aucun impact sur la baisse de la criminalité. En revanche, elle montre que les policiers savent très bien mentir », reprend Loïc Sécheresse.
« De même, la surveillance par drones, l’exploitation immédiate des vidéos, avec une large porte ouverte à la reconnaissance faciale qui nous pend au nez… Je déplore vraiment tout cela d’autant que les textes surgissent quand le peuple est sous les verrous du confinement : on profite d’une population cadenassée pour instaurer des lois liberticides. »
Sans même parler de loi Séparatisme qui se prépare : « Une crasse en chasse une autre. » Et de poursuivre : « Imaginer que des députés LREM s’accordent avec des représentants Front national, c’est le monde à l’envers : on avait élu Macron pour faire barrage au FN, et désormais, Marine Le Pen se félicite de la législation approuvée ? »
La pente glissante de la dérive sécuritaire, au nom du sanitaire, voilà précisément ce que la nouvelle gratuitement publiée et diffusée de Nicolas Beuglet, Ça n’arrivera jamais, explorait. De l’anticipation, à peine surréelle, de la société française en 2022…." .../...
"Pedrosa conclut : « Ce que nous avons réalisé, c’est un tour de force. Tout le monde nous a répondu : “J’ai pas le temps, mais je vais le faire.” Le résultat est contrôlé, maitrisé, avec un objectif précis. Personnellement, je continuerai de mener une opposition à la politique de ce gouvernement: les moyens sont modestes, peut-être, mais ils existent. »
À ce titre, le dessinateur avait dernièrement refusé de se rendre à la villa Kujoyama, projet porté par le ministère de la Culture. « Ça n’avait aucun sens. Et le risque d’être instrumentalisé existe. Notre capital sympathie d’auteurs, nous devons rester lucides sur la manière dont il sert. »
De quoi rappeler ces auteurs devenus parrains de l’année BD 2020, qui devant « l’incohérence et les contradictions des choix politiques à l’égard de la culture et des métiers du livre en ce temps de pandémie [ont décidé] de démissionner immédiatement de cette responsabilité ». Signé Florence Cestac, Catherine Meurisse, Régis Loisel et Jul.
Les 388 dessins peuvent être téléchargés depuis cette adresse.
Pour une meilleure compréhension de la loi Sécurité globale, voir l'article de La Quadrature du net."
BORDEAUX : UNE ÉTINCELLE DANS LE BROUILLARD Retour sur la manifestation contre la loi sécurité globale
Au cours d’une année 2020 particulièrement morose, au milieu d’un confinement qui favorise le travail, mais interdit aux gens de se divertir, une soirée est venue réchauffer les cœurs de quelques milliers de bordelais et de bordelaises. Mardi 24 novembre, à l’appel de nombreuses organisations et en présence du Gilet Jaune Jérôme Rodriguez, un rassemblement était prévu Place de la Comédie en début de soirée, afin de protester contre la loi dite de Sécurité Globale.
"Après avoir été haranguées durant un peu plus d’une heure, les 2 à 3000 personnes présentes ont décidé de reprendre possession de la ville comme bon leur semblait en prenant la direction du commissariat central de Meriadeck. Sur le chemin, l’ambiance monte petit à petit à coup de grosses enceintes sono qui crachent du son pour qui veut : de la grosse électro par ici, des chants révolutionnaires par là, de la pop devant. Les gens se parlent, les connaissances se saluent, les bandes de potes se retrouvent, les amis s’enlacent. Ça danse, ça chante, ça festoie. Peu à peu, des dizaines de tags fleurissent, parfois en soutien à toutes les victimes d’abus policiers, d’abus sexuels, souvent des jeux de mots bien sentis sur la loi, sur la police, sur la liberté d’informer et sur la dérive autoritaire que l’on est en train de vivre (« Floutez le zbeul », « le clair est un moment du flou », « floutez pas le spectacle svp »). Les manifestants prennent le temps de lire, de commenter, d’applaudir et de soutenir. L’ambiance est bonne, les tags s’improvisent et se répondent par leur inventivité. Sur une agence MMA, on peut lire « trop de tracas » ou encore « on assure », sur l’École Nationale de la Magistrature remplacée par l’École Nationale de la Censure, les journalistes présents mitraillent le « ACAB en flou artiflic », ou encore le « Pas de vidéos, Pas de justice »." .../...
"Quand on arrive aux abords de la Mairie, la police décide d’intervenir et fait usage de gaz lacrymogènes. Les gens refluent, reculent ensemble, ça va continuer encore une petite demi-heure avant que le gros du cortège se désagrège peu à peu et que le silence des nuits bordelaises retrouve sa terrifiante normalité du moment, si l’on excepte les dizaines de brasiers qui ont continué à se consumer jusqu’au petit matin.
Il est encore trop tôt pour savoir s’il s’agit d’un one shot ou, au vu de l’affaire Michel et de la colère qui monte vis-à-vis de la loi Sécurité Globale, dans un contexte d’impunité des violences policières, le début d’une série de protestations à la hauteur des enjeux. Nous pouvons néanmoins tirer quelques enseignements de cette déambulation :
La manifestation, qui plus est, la manifestation nocturne, est, en temps de confinement, un parfait remède contre l’isolement, la déprime et la frustration.
7 personnes ont été arrêtées à la fin de la manifestation, toutes relâchées. La plupart étaient soupçonnées d’avoir mis le feu à des poubelles alors que l’enquête a prouvé qu’elles les éteignaient. On risque donc plus la garde à vue en les éteignant qu’en les allumant.
Pierre Hurmic, nouveau maire écologiste de Bordeaux, qui a passé le début de son mandat à faire une surenchère sur les questions de la police et de la sécurité, vient de subir son premier avertissement depuis son élection, par une partie de la jeunesse bordelaise qui se place dans la lignée des pratiques Gilets Jaunes."
4 commentaires:
LA DÉMOCRATIE EST MORTE
VIVE LA DÉMOCRATIE !
Loi Sécurité globale : 30 auteurs dévoilent les 388 “députés de la honte”
« La colère, c’est un point de départ, indiquant qu’il faut agir. Tout en construisant des actions qui ne sont pas portées par la colère. » Cyril Pedrosa résume en quelques mots comment une trentaine de dessinateurs se sont regroupés pour dénoncer le vote de la loi Sécurité globale. Les 388 qui ont donné leur voix à un texte liberticide se retrouvent soudainement sur les réseaux, représentés en noir et blanc, avec le hashtag #DéputésdelaHonte.
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Sécurité globale, ou résignation totale ?
« Quand on prend les articles, 21, 22 et le fameux 24 — qui n’est que l’arbre cachant la forêt — rien ne va dans cette loi. Elle aligne la généralisation de la vidéosurveillance, dont on sait qu’elle n’a aucun impact sur la baisse de la criminalité. En revanche, elle montre que les policiers savent très bien mentir », reprend Loïc Sécheresse.
« De même, la surveillance par drones, l’exploitation immédiate des vidéos, avec une large porte ouverte à la reconnaissance faciale qui nous pend au nez… Je déplore vraiment tout cela d’autant que les textes surgissent quand le peuple est sous les verrous du confinement : on profite d’une population cadenassée pour instaurer des lois liberticides. »
Sans même parler de loi Séparatisme qui se prépare : « Une crasse en chasse une autre. » Et de poursuivre : « Imaginer que des députés LREM s’accordent avec des représentants Front national, c’est le monde à l’envers : on avait élu Macron pour faire barrage au FN, et désormais, Marine Le Pen se félicite de la législation approuvée ? »
La pente glissante de la dérive sécuritaire, au nom du sanitaire, voilà précisément ce que la nouvelle gratuitement publiée et diffusée de Nicolas Beuglet, Ça n’arrivera jamais, explorait. De l’anticipation, à peine surréelle, de la société française en 2022…."
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"Pedrosa conclut : « Ce que nous avons réalisé, c’est un tour de force. Tout le monde nous a répondu : “J’ai pas le temps, mais je vais le faire.” Le résultat est contrôlé, maitrisé, avec un objectif précis. Personnellement, je continuerai de mener une opposition à la politique de ce gouvernement: les moyens sont modestes, peut-être, mais ils existent. »
À ce titre, le dessinateur avait dernièrement refusé de se rendre à la villa Kujoyama, projet porté par le ministère de la Culture. « Ça n’avait aucun sens. Et le risque d’être instrumentalisé existe. Notre capital sympathie d’auteurs, nous devons rester lucides sur la manière dont il sert. »
De quoi rappeler ces auteurs devenus parrains de l’année BD 2020, qui devant « l’incohérence et les contradictions des choix politiques à l’égard de la culture et des métiers du livre en ce temps de pandémie [ont décidé] de démissionner immédiatement de cette responsabilité ». Signé Florence Cestac, Catherine Meurisse, Régis Loisel et Jul.
Les 388 dessins peuvent être téléchargés depuis cette adresse.
Pour une meilleure compréhension de la loi Sécurité globale, voir l'article de La Quadrature du net."
https://www.actualitte.com/article/monde-edition/loi-securite-globale-30-auteurs-devoilent-les-388-deputes-de-la-honte/104030
Le “trombinoscope de la honte”.
https://www.huffingtonpost.fr/entry/marche-des-libertes-les-388-deputes-qui-ont-vote-la-loi-securite-globale-affiches_fr_5fc262c9c5b68ca87f849ed4
BORDEAUX : UNE ÉTINCELLE DANS LE BROUILLARD
Retour sur la manifestation contre la loi sécurité globale
Au cours d’une année 2020 particulièrement morose, au milieu d’un confinement qui favorise le travail, mais interdit aux gens de se divertir, une soirée est venue réchauffer les cœurs de quelques milliers de bordelais et de bordelaises. Mardi 24 novembre, à l’appel de nombreuses organisations et en présence du Gilet Jaune Jérôme Rodriguez, un rassemblement était prévu Place de la Comédie en début de soirée, afin de protester contre la loi dite de Sécurité Globale.
"Après avoir été haranguées durant un peu plus d’une heure, les 2 à 3000 personnes présentes ont décidé de reprendre possession de la ville comme bon leur semblait en prenant la direction du commissariat central de Meriadeck. Sur le chemin, l’ambiance monte petit à petit à coup de grosses enceintes sono qui crachent du son pour qui veut : de la grosse électro par ici, des chants révolutionnaires par là, de la pop devant. Les gens se parlent, les connaissances se saluent, les bandes de potes se retrouvent, les amis s’enlacent. Ça danse, ça chante, ça festoie. Peu à peu, des dizaines de tags fleurissent, parfois en soutien à toutes les victimes d’abus policiers, d’abus sexuels, souvent des jeux de mots bien sentis sur la loi, sur la police, sur la liberté d’informer et sur la dérive autoritaire que l’on est en train de vivre (« Floutez le zbeul », « le clair est un moment du flou », « floutez pas le spectacle svp »). Les manifestants prennent le temps de lire, de commenter, d’applaudir et de soutenir. L’ambiance est bonne, les tags s’improvisent et se répondent par leur inventivité. Sur une agence MMA, on peut lire « trop de tracas » ou encore « on assure », sur l’École Nationale de la Magistrature remplacée par l’École Nationale de la Censure, les journalistes présents mitraillent le « ACAB en flou artiflic », ou encore le « Pas de vidéos, Pas de justice »."
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"Quand on arrive aux abords de la Mairie, la police décide d’intervenir et fait usage de gaz lacrymogènes. Les gens refluent, reculent ensemble, ça va continuer encore une petite demi-heure avant que le gros du cortège se désagrège peu à peu et que le silence des nuits bordelaises retrouve sa terrifiante normalité du moment, si l’on excepte les dizaines de brasiers qui ont continué à se consumer jusqu’au petit matin.
Il est encore trop tôt pour savoir s’il s’agit d’un one shot ou, au vu de l’affaire Michel et de la colère qui monte vis-à-vis de la loi Sécurité Globale, dans un contexte d’impunité des violences policières, le début d’une série de protestations à la hauteur des enjeux. Nous pouvons néanmoins tirer quelques enseignements de cette déambulation :
La manifestation, qui plus est, la manifestation nocturne, est, en temps de confinement, un parfait remède contre l’isolement, la déprime et la frustration.
7 personnes ont été arrêtées à la fin de la manifestation, toutes relâchées. La plupart étaient soupçonnées d’avoir mis le feu à des poubelles alors que l’enquête a prouvé qu’elles les éteignaient. On risque donc plus la garde à vue en les éteignant qu’en les allumant.
Pierre Hurmic, nouveau maire écologiste de Bordeaux, qui a passé le début de son mandat à faire une surenchère sur les questions de la police et de la sécurité, vient de subir son premier avertissement depuis son élection, par une partie de la jeunesse bordelaise qui se place dans la lignée des pratiques Gilets Jaunes."
https://lundi.am/Bordeaux-Une-etincelle-dans-le-brouillard
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