Le monde politique comme les éditorialistes ont beaucoup glosé sur le coup d’arrêt qu’aurait représenté l’épidémie de covid-19 pour le monde de l’économie. Les nécessités sanitaires seraient venues suspendre la bonne marche économique ; la santé d’un côté, la production et le profit de l’autre. Dans cet article, l’économiste et philosophe Jacques Fradin démontre qu’il n’en est rien, que biopolitique et capitalisme, loin de s’opposer, ont de tous temps marchés main dans la main ; aujourd’hui plus que jamais."
"L’objet de cet article est de tenter d’expliquer que le confinement, l’intervention sanitaire, la gouvernance sanitaire, voire le droit d’ingérence sanitaire, la lutte anti-épidémique, que tout cet appareillage de contrôle (justifié par la menace) bien loin de s’opposer à la marche normale de l’économie, bien loin de mettre à l’arrêt la contre-révolution néolibérale, le confinement semblant une mise à l’arrêt des activités normales, que tout cela organise ou complète une politique exigée pour poursuivre le développement normal de l’économie, en marche néolibérale, et pour « défendre l’économie ».
La sécurité sanitaire n’étant qu’un élément, disons contingent, de la sécurité économique; la bonne santé et son modèle sportif étant une pièce d’une bonne économie." .../...
Protéger la santé, puis « la vie », devient un objet policier.
"La même chose se répète en France, près de 20 ans plus tard, toujours dans le cadre d’une accélération de la contre-révolution conservatrice néolibérale (accélération dont Macron se fait le promoteur et à laquelle il lie sa carrière politique : réussir là où ses prédécesseurs ont échoué). Reprenons le schéma américain, légèrement décalé. D’abord face à un mouvement de révolte, dénoncé comme violence inacceptable (décalage du thème du terrorisme), une généralisation de la contre violence policière appuyée par une débauche, à l’américaine, de lois sécuritaires, également calquées sur le modèle américain. Puis arrive, divine contingence, une crise épidémique (laquelle se place dans un espace d’unpreparedness). Crise épidémique, traitée à la Bush (comme en 2002), de la même manière que le mouvement de révolte, c’est-à-dire de manière sécuritaire (toujours l’exemple américain).
À la sécurité publique ou à la sûreté économique succède la sécurité sanitaire, sans rupture de logique ; ce qui permet de compléter, sans fin, un arsenal sécuritaire foisonnant. Globalement, suite au terrorisme, 2015 en France, aux révoltes, 2018 en France, et à l’épidémie contingente, se met en place, de manière tout à fait justifiée, un régime autoritaire et policier prêt à achever la dislocation néolibérale nécessaire à l’incorporation européenne. Le glissement d’un despotisme économique « modéré » vers un autoritarisme de sûreté ou une dictature néolibérale se justifie par une série d’événements aléatoires, dont l’épidémie. Imposer à la France de rentrer dans le rang commun européen, ordo-libéral à l’allemande, défendre l’ordre économique européen passe ainsi par une politique de sécurité sanitaire. Voilà ce qu’il faut retenir de la crise épidémique et de son traitement sécuritaire : le gouvernement économique a pu saisir un prétexte imparable, totalement justifié, comme pour les attentats, pour mener à terme le projet européen de la grande unification économique, néolibérale ou ordolibérale, autour de l’Allemagne.
La crise épidémique est le moment rêvé, le rêve épidémique, pour casser toutes les résistances, ou ce qu’il en reste, casser toutes les résistances à la mise en ordre économique (et la leçon vaut bien un endettement accru, à taux d’intérêt nul !)." .../...
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RÊVE ÉPIDÉMIQUE
Le monde politique comme les éditorialistes ont beaucoup glosé sur le coup d’arrêt qu’aurait représenté l’épidémie de covid-19 pour le monde de l’économie. Les nécessités sanitaires seraient venues suspendre la bonne marche économique ; la santé d’un côté, la production et le profit de l’autre. Dans cet article, l’économiste et philosophe Jacques Fradin démontre qu’il n’en est rien, que biopolitique et capitalisme, loin de s’opposer, ont de tous temps marchés main dans la main ; aujourd’hui plus que jamais."
"L’objet de cet article est de tenter d’expliquer que le confinement, l’intervention sanitaire, la gouvernance sanitaire, voire le droit d’ingérence sanitaire, la lutte anti-épidémique, que tout cet appareillage de contrôle (justifié par la menace) bien loin de s’opposer à la marche normale de l’économie, bien loin de mettre à l’arrêt la contre-révolution néolibérale, le confinement semblant une mise à l’arrêt des activités normales, que tout cela organise ou complète une politique exigée pour poursuivre le développement normal de l’économie, en marche néolibérale, et pour « défendre l’économie ».
La sécurité sanitaire n’étant qu’un élément, disons contingent, de la sécurité économique; la bonne santé et son modèle sportif étant une pièce d’une bonne économie."
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Protéger la santé, puis « la vie », devient un objet policier.
"La même chose se répète en France, près de 20 ans plus tard, toujours dans le cadre d’une accélération de la contre-révolution conservatrice néolibérale (accélération dont Macron se fait le promoteur et à laquelle il lie sa carrière politique : réussir là où ses prédécesseurs ont échoué).
Reprenons le schéma américain, légèrement décalé.
D’abord face à un mouvement de révolte, dénoncé comme violence inacceptable (décalage du thème du terrorisme), une généralisation de la contre violence policière appuyée par une débauche, à l’américaine, de lois sécuritaires, également calquées sur le modèle américain.
Puis arrive, divine contingence, une crise épidémique (laquelle se place dans un espace d’unpreparedness). Crise épidémique, traitée à la Bush (comme en 2002), de la même manière que le mouvement de révolte, c’est-à-dire de manière sécuritaire (toujours l’exemple américain).
À la sécurité publique ou à la sûreté économique succède la sécurité sanitaire, sans rupture de logique ; ce qui permet de compléter, sans fin, un arsenal sécuritaire foisonnant.
Globalement, suite au terrorisme, 2015 en France, aux révoltes, 2018 en France, et à l’épidémie contingente, se met en place, de manière tout à fait justifiée, un régime autoritaire et policier prêt à achever la dislocation néolibérale nécessaire à l’incorporation européenne.
Le glissement d’un despotisme économique « modéré » vers un autoritarisme de sûreté ou une dictature néolibérale se justifie par une série d’événements aléatoires, dont l’épidémie.
Imposer à la France de rentrer dans le rang commun européen, ordo-libéral à l’allemande, défendre l’ordre économique européen passe ainsi par une politique de sécurité sanitaire.
Voilà ce qu’il faut retenir de la crise épidémique et de son traitement sécuritaire : le gouvernement économique a pu saisir un prétexte imparable, totalement justifié, comme pour les attentats, pour mener à terme le projet européen de la grande unification économique, néolibérale ou ordolibérale, autour de l’Allemagne.
La crise épidémique est le moment rêvé, le rêve épidémique, pour casser toutes les résistances, ou ce qu’il en reste, casser toutes les résistances à la mise en ordre économique (et la leçon vaut bien un endettement accru, à taux d’intérêt nul !)."
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https://lundi.am/Reve-epidemique-Jacques-Fradin
https://www.lesechos.fr/monde/europe/budget-de-lue-la-sante-la-recherche-la-defense-et-le-climat-deplumes-1225261
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