Envoyé par JL
Extrême droite : en toute contradiction
C’est ainsi que Marine Le Pen qui appelle à la réduction de la contribution française à l’Union européenne n’a pas renoncé à la généreuse participation de l’UE à sa future retraite. Également adhérente du FPV, la cheffe des parlementaires du Rassemblement national, députée européenne pendant treize ans, pourrait ainsi toucher, d’après nos calculs, 6 246 euros par mois de Bruxelles (4 463 euros + 1 783 du VPF), en sus de ses autres retraites quand elle atteindra l’âge de 65 ans.
Jean-Marie Le Pen et Marine Le Pen lors d’une séance de vote au Parlement européen à Strasbourg en février 2012.Quant à son père, Jean-Marie Le Pen, 94 ans, il est déjà l’un des pensionnaires en or du fonds luxembourgeois, après trente-cinq ans de mandats. Sachant que tous ceux qui ont cotisé plus de dix-neuf ans touchent le pactole, soit 13 674 euros par mois, d’après les estimations d’IE. Pour rappel, le fondateur du Front national est l’eurodéputé français qui a le moins participé aux séances plénières lors de son dernier mandat entre 2014 et 2019, d’après le site VoteWatch Europe.
L’extrême droite française, qui fustige régulièrement le coût de l’Union, a pourtant fait le choix de profiter de ses deniers. On note par exemple la présence de Bruno Gollnisch, eurodéputé FN pendant trente ans, et de Carl Lang, ancien dirigeant de l’organisation frontiste. Bruno Gollnisch explique aujourd’hui : « C’est un fonds instauré par le Parlement, nous avons a été incités par le parlement à y souscrire, c’est même le Parlement qui nous faisait nos estimations. J’y ai souscrit car à l’époque je craignais de disparaître avant mon épouse. Aujourd’hui, on nous dit que le fonds est au bord de la faillite, c’est incroyable ! C’est insensé ! Le Parlement est censé garantir le versement des pensions. »
Quant à Carl Lang, il assure : « J’ai souscrit car mes collègues me disaient que la politique était très instable et qu’il était toujours préférable de préparer la suite, c’est comme un fonds de pension privé. Ce fonds était proposé à tous les eurodéputés en 1994. »
Ils ne sont pas les seuls à pratiquer le grand écart : l’un des principaux architectes du Brexit outre-Manche, Nigel Farage, fait aussi partie des plus importants bénéficiaires du fonds, il devrait empocher 13 700 euros, par mois.
La gauche de l’hémicycle européen n’est pas en reste. L’ancien secrétaire d’État, eurodéputé pendant quinze ans, fondateur de SOS Racisme, Harlem Désir, fait également parti des adhérents du FPV. Tout comme l’ancien ministre Jack Lang, aujourd’hui patron de l’Institut du monde arabe et des dizaines d’autres socialistes moins connus.
Dans le listing on aperçoit aussi les noms d’élus communistes ou écologistes comme Gérard Onesta, qui, à 62 ans, n’est pas encore pensionnaire et qui explique : « Je touche aujourd’hui un quart du Smic, le fonds de pension était mon plan retraite, car à mon époque – avant 2009 – la retraite des eurodéputés n’était pas celle d’aujourd’hui. Je n’ai jamais manqué une réunion et j’ai dû quitter mon travail d’architecte pour effectuer mon mandat. Le fonds de pension n’était pas un fonds vautour qui faisait des investissements offshore, il faisait des placements de bon père de famille. »
Benoit Hamon, ancien candidat à la présidentielle, qui a quitté le fonds depuis plusieurs années, nous a répondu : « Ayant commencé à cotiser tard, j’y ai vu une opportunité d’améliorer ma retraite, nous explique-t-il par SMS. Et puis j’ai considéré qu’il était difficile de défendre un système par répartition et de bénéficier soi-même d’un fonds de pension, j’ai donc mis fin à cette contradiction. »
L’eurodéputé socialiste pendant cinq ans en est donc parti non sans avoir déclaré ces revenus « dans sa déclaration de patrimoine », mais pour ses anciens camarades de gauche, la contradiction perdure. Car le FPV n’est pas une simple complémentaire retraite, c’est un fonds basé dans un paradis fiscal, qui gère des dizaines de millions d’euros d’actifs.
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