"Comment gagner beaucoup d'argent sans aucun savoir et sans trop d'effort ? Suivons les conseils de Lucien de Samosate (120-180) dans son Éloge du parasite et entrons dans la vie rêvée des cabinets de conseils. D'abord, nous explique Lucien dans son dialogue aussi cruel que comique, reconnaître la personne en mesure de vous nourrir. Ce peut être un particulier ou une entreprise. Une institution publique ? Un excellent choix.
Le parasite, l'insecte xylophage d'argent public, sait reconnaître la main nourricière et généreuse. C'est déjà un grand talent, celui de découvrir les ressources là où elles se trouvent. L'argent public, hors du contrôle de ceux à qui il pourrait être destiné si nous étions réellement en démocratie, est assurément une très belle ressource. Les parasites en conseils et communication ne s'y trompent pas, ils savent prélever à la source. Un parasite de cabinet ne vit pas de peu. Le conseiller n'est pas le payeur, l'adage est vrai. Mais il peut se faire payer grassement en échange de quelques recommandations dont il n'aura pas à subir les effets. Le parasite en conseils a compris, comme Lucien en son temps, qu'il valait toujours mieux conseiller que faire.
Autrement plus rentable, autrement moins risqué. Aucune responsabilité en cas d'échec : vous n'étiez pas obligé de le suivre après tout. Mais il conseille quoi et qui ? Le conseiller conseille sans qu'il soit besoin de déterminer un objet, un sujet, ne soyez pas si vulgaires. Préciser, c'est amoindrir la puissance de sa vision générale. Il conseille tout ce qui peut l'être. Cet Atlas du nouveau monde, expert en tout, est un homme universel là où ses semblables manquent cruellement de vision d'ensemble. Ce ne sont après tout que de simples exécutants. On reproche parfois aux parasites en conseils et communication de se payer sur la bête publique pour alléger la dette qu'ils créent. Pourquoi se priver ? Un feuillet à 200 euros, c'est une brochure sans valeur, un rapport de stage ; à 500 000 euros, cela devient une orientation stratégique décisive, une véritable expertise, un sommet de compétence, la fine fleur du conseil. " (...)
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"Comment gagner beaucoup d'argent sans aucun savoir et sans trop d'effort ? Suivons les conseils de Lucien de Samosate (120-180) dans son Éloge du parasite et entrons dans la vie rêvée des cabinets de conseils. D'abord, nous explique Lucien dans son dialogue aussi cruel que comique, reconnaître la personne en mesure de vous nourrir. Ce peut être un particulier ou une entreprise. Une institution publique ? Un excellent choix.
Le parasite, l'insecte xylophage d'argent public, sait reconnaître la main nourricière et généreuse. C'est déjà un grand talent, celui de découvrir les ressources là où elles se trouvent. L'argent public, hors du contrôle de ceux à qui il pourrait être destiné si nous étions réellement en démocratie, est assurément une très belle ressource. Les parasites en conseils et communication ne s'y trompent pas, ils savent prélever à la source. Un parasite de cabinet ne vit pas de peu. Le conseiller n'est pas le payeur, l'adage est vrai. Mais il peut se faire payer grassement en échange de quelques recommandations dont il n'aura pas à subir les effets. Le parasite en conseils a compris, comme Lucien en son temps, qu'il valait toujours mieux conseiller que faire.
Autrement plus rentable, autrement moins risqué. Aucune responsabilité en cas d'échec : vous n'étiez pas obligé de le suivre après tout. Mais il conseille quoi et qui ? Le conseiller conseille sans qu'il soit besoin de déterminer un objet, un sujet, ne soyez pas si vulgaires. Préciser, c'est amoindrir la puissance de sa vision générale. Il conseille tout ce qui peut l'être. Cet Atlas du nouveau monde, expert en tout, est un homme universel là où ses semblables manquent cruellement de vision d'ensemble. Ce ne sont après tout que de simples exécutants. On reproche parfois aux parasites en conseils et communication de se payer sur la bête publique pour alléger la dette qu'ils créent. Pourquoi se priver ? Un feuillet à 200 euros, c'est une brochure sans valeur, un rapport de stage ; à 500 000 euros, cela devient une orientation stratégique décisive, une véritable expertise, un sommet de compétence, la fine fleur du conseil. "
(...)
https://www.marianne.net/agora/tribunes-libres/harold-bernat-les-cabinets-de-conseils-ces-nouveaux-parasites
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