ENQUÊTE 3/3 — "L’ambition d’un développement massif de la production hydrogène à grand renfort d’argent public fait peser de nombreux risques sur l’environnement, qu’il s’agisse de transport, de délocalisation de la production dans des pays pauvres ou encore du fantasme du stockage du carbone.
Cet article est le dernier d’une enquête en trois volets consacrée à l’hydrogène. Premier volet : « L’hydrogène, trop gourmand en énergie pour être écologique ». Deuxième volet : « Le plan hydrogène français entérine discrètement la relance du nucléaire »." .../...
Tout changer pour que rien ne change
"Les promoteurs de l’hydrogène ont réussi à s’assurer, pour mener à bien ces projets périlleux, des financements colossaux : « Un tiers des 430 milliards d’euros nécessaires au déploiement de l’hydrogène proviendrait de fonds publics. Cela représente presque le budget annuel de l’ensemble de l’Union européenne », notent Belen Balanya et Hans van Scharen, de l’ONG Corporate Europe observatory [5]. Ces industries ont aussi réussi à imposer l’idée qu’on pourrait lutter contre le changement climatique par un tour de passe-passe technologique : tout changer pour que rien ne change. Alors que la production mondiale de plastique a été multipliée par trente depuis les années 1960 et fait apparaître des continents de déchets dans les océans, l’idée n’est pas de la réduire mais de la « décarboner ». Alors que, du fait de l’explosion de la vente en ligne, la circulation de camions et d’utilitaires augmente de 10 % par an en région parisienne [6], on s’apprête à construire des réacteurs nucléaires et des déserts de panneaux photovoltaïques pour les alimenter. Alors que les engrais au nitrate asphyxient les cours d’eau et nous intoxiquent lentement par l’eau du robinet, la priorité, là encore, est de produire de l’ammonitrate bas carbone…
Plus encore, « il serait nécessaire que les promoteurs de l’hydrogène chiffrent le bilan carbone du changement de toutes les infrastructures », demandent les chercheurs de l’Atelier d’écologie politique [7] . « Il faut construire cinquante gigafactories d’électrolyseurs en Europe dans les années à venir ! » déclare Thierry Lepercq, consultant et auteur de Hydrogène, le nouveau pétrole (Cherche Midi, 2019). Lancer, aussi, une production en masse de piles à combustible et de compresseurs. Construire des pipelines, des stockages souterrains d’hydrogène, des infrastructures de captage de CO2, des centrales électriques, des stations d’avitaillement, renouveler les parcs de véhicules… Il serait étonnant qu’un tel chambardement soit sans effet sur le climat. Faute de contester l’agenda des géants de l’énergie, les citoyens se retrouveront enfermés pour les cinquante années à venir dans un interminable chantier planétaire. L’hydrogène serait alors une transition vers un monde tout aussi énergivore et polluant que celui d’aujourd’hui."
L'Hydrogène et la nutri-écologie : après le bleu, le marron, le vert, voilà que se pointe le blanc...
"Alors que l''hydrogène décarboné peut être produit grâce à des électrolyseurs, il peut l'être aussi par... la terre, dans le sous-sol, comme le démontrent de nombreux travaux scientifiques. Cet hydrogène naturel, dit "blanc", serait non seulement présent en abondance sur plusieurs continents mais aussi très peu cher à produire. Son potentiel reste difficile à évaluer, mais, depuis quelques mois, les projets de forage se multiplient. Si les startups sont les premières à se lancer sur ce marché naissant, les majors pétrolières scrutent de très près cette effervescence. L'hydrogène naturel renouvelable pourrait rebattre les cartes de la géopolitique de l'énergie." (...)
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ENQUÊTE 3/3 — "L’ambition d’un développement massif de la production hydrogène à grand renfort d’argent public fait peser de nombreux risques sur l’environnement, qu’il s’agisse de transport, de délocalisation de la production dans des pays pauvres ou encore du fantasme du stockage du carbone.
Cet article est le dernier d’une enquête en trois volets consacrée à l’hydrogène. Premier volet : « L’hydrogène, trop gourmand en énergie pour être écologique ». Deuxième volet : « Le plan hydrogène français entérine discrètement la relance du nucléaire »."
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Tout changer pour que rien ne change
"Les promoteurs de l’hydrogène ont réussi à s’assurer, pour mener à bien ces projets périlleux, des financements colossaux : « Un tiers des 430 milliards d’euros nécessaires au déploiement de l’hydrogène proviendrait de fonds publics. Cela représente presque le budget annuel de l’ensemble de l’Union européenne », notent Belen Balanya et Hans van Scharen, de l’ONG Corporate Europe observatory [5]. Ces industries ont aussi réussi à imposer l’idée qu’on pourrait lutter contre le changement climatique par un tour de passe-passe technologique : tout changer pour que rien ne change. Alors que la production mondiale de plastique a été multipliée par trente depuis les années 1960 et fait apparaître des continents de déchets dans les océans, l’idée n’est pas de la réduire mais de la « décarboner ». Alors que, du fait de l’explosion de la vente en ligne, la circulation de camions et d’utilitaires augmente de 10 % par an en région parisienne [6], on s’apprête à construire des réacteurs nucléaires et des déserts de panneaux photovoltaïques pour les alimenter. Alors que les engrais au nitrate asphyxient les cours d’eau et nous intoxiquent lentement par l’eau du robinet, la priorité, là encore, est de produire de l’ammonitrate bas carbone…
Plus encore, « il serait nécessaire que les promoteurs de l’hydrogène chiffrent le bilan carbone du changement de toutes les infrastructures », demandent les chercheurs de l’Atelier d’écologie politique [7] . « Il faut construire cinquante gigafactories d’électrolyseurs en Europe dans les années à venir ! » déclare Thierry Lepercq, consultant et auteur de Hydrogène, le nouveau pétrole (Cherche Midi, 2019). Lancer, aussi, une production en masse de piles à combustible et de compresseurs. Construire des pipelines, des stockages souterrains d’hydrogène, des infrastructures de captage de CO2, des centrales électriques, des stations d’avitaillement, renouveler les parcs de véhicules… Il serait étonnant qu’un tel chambardement soit sans effet sur le climat. Faute de contester l’agenda des géants de l’énergie, les citoyens se retrouveront enfermés pour les cinquante années à venir dans un interminable chantier planétaire. L’hydrogène serait alors une transition vers un monde tout aussi énergivore et polluant que celui d’aujourd’hui."
https://reporterre.net/L-hydrogene-un-reve-industriel-mais-pas-ecologique
L'Hydrogène et la nutri-écologie : après le bleu, le marron, le vert, voilà que se pointe le blanc...
"Alors que l''hydrogène décarboné peut être produit grâce à des électrolyseurs, il peut l'être aussi par... la terre, dans le sous-sol, comme le démontrent de nombreux travaux scientifiques. Cet hydrogène naturel, dit "blanc", serait non seulement présent en abondance sur plusieurs continents mais aussi très peu cher à produire. Son potentiel reste difficile à évaluer, mais, depuis quelques mois, les projets de forage se multiplient. Si les startups sont les premières à se lancer sur ce marché naissant, les majors pétrolières scrutent de très près cette effervescence. L'hydrogène naturel renouvelable pourrait rebattre les cartes de la géopolitique de l'énergie."
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https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/energie-environnement/l-hydrogene-naturel-une-autre-revolution-pour-reussir-la-transition-energetique-891115.html
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