"Ma religion me l'interdit" : comment l'école est polluée par le champ religieux
Professeur de philosophie et membre du Conseil supérieur de l'éducation, René Chiche raconte le climat particulier des salles de classe quand vient le temps d'aborder les attentats. Illustration avec un extrait de son livre "La désinstruction nationale".
« Congédier l’esprit, qui se moque de tout, c’est faire le premier pas vers l’enfer. Les suivants sont de pure mécanique. Tant qu’elle en est le refuge et consacre tous ses efforts à prendre soin de l’esprit, l’école constitue le seul « centre de déradicalisation » efficace. Mais on ne cesse de la saccager, pendant que tous regardent ailleurs.
Par moment, la réalité nous contraint brutalement à sortir de notre confortable sommeil dogmatique, où l’on replonge hélas aussitôt. Ce fut le cas lorsque survinrent en 2015 des attentats qui secouèrent la France. On découvrit que leurs fauteurs n’étaient point des illuminés de l’arrière-monde venus de l’étranger, mais des citoyens français, et que certains étaient même bacheliers. Ils avaient donc passé une quinzaine de leurs premières années, autrement dit la plus grande partie de leur vie, sur les bancs de l’école, sans avoir été vaccinés contre toutes les formes de la bêtise, notamment les plus meurtrières.
On s’aperçut également avec stupeur qu’il n’était pas possible de faire respecter une minute de silence dans certains établissements, comme au lendemain du massacre qui décima la rédaction de Charlie Hebdo où l’on eut du mal à dissimuler aux Français choqués par cette réalité que de nombreux élèves de l’école de la République tenaient ce massacre pour la juste punition d’un blasphème, quelques-uns allant jusqu’à s’en réjouir. Ici comme ailleurs, le voile épais du déni ne tarda pas à être jeté sur une réalité décidément trop dérangeante."
NAUFRAGE
"Les choses sont pires qu’on ne croit. Ceux qui prennent prétexte de tels évènements pour désigner l’immigration comme la source de tous les maux commettent une grave erreur. Le problème n’est pas l’immigration et ne l’a jamais été. Le problème est l’éducation. C’est là où tout commence. C’est là où chacun est mis devant sa responsabilité et prend n’importe quel prétexte pour la fuir." .../...
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"Ma religion me l'interdit" : comment l'école est polluée par le champ religieux
Professeur de philosophie et membre du Conseil supérieur de l'éducation, René Chiche raconte le climat particulier des salles de classe quand vient le temps d'aborder les attentats. Illustration avec un extrait de son livre "La désinstruction nationale".
« Congédier l’esprit, qui se moque de tout, c’est faire le premier pas vers l’enfer. Les suivants sont de pure mécanique. Tant qu’elle en est le refuge et consacre tous ses efforts à prendre soin de l’esprit, l’école constitue le seul « centre de déradicalisation » efficace. Mais on ne cesse de la saccager, pendant que tous regardent ailleurs.
Par moment, la réalité nous contraint brutalement à sortir de notre confortable sommeil dogmatique, où l’on replonge hélas aussitôt. Ce fut le cas lorsque survinrent en 2015 des attentats qui secouèrent la France. On découvrit que leurs fauteurs n’étaient point des illuminés de l’arrière-monde venus de l’étranger, mais des citoyens français, et que certains étaient même bacheliers. Ils avaient donc passé une quinzaine de leurs premières années, autrement dit la plus grande partie de leur vie, sur les bancs de l’école, sans avoir été vaccinés contre toutes les formes de la bêtise, notamment les plus meurtrières.
On s’aperçut également avec stupeur qu’il n’était pas possible de faire respecter une minute de silence dans certains établissements, comme au lendemain du massacre qui décima la rédaction de Charlie Hebdo où l’on eut du mal à dissimuler aux Français choqués par cette réalité que de nombreux élèves de l’école de la République tenaient ce massacre pour la juste punition d’un blasphème, quelques-uns allant jusqu’à s’en réjouir. Ici comme ailleurs, le voile épais du déni ne tarda pas à être jeté sur une réalité décidément trop dérangeante."
NAUFRAGE
"Les choses sont pires qu’on ne croit. Ceux qui prennent prétexte de tels évènements pour désigner l’immigration comme la source de tous les maux commettent une grave erreur. Le problème n’est pas l’immigration et ne l’a jamais été. Le problème est l’éducation. C’est là où tout commence. C’est là où chacun est mis devant sa responsabilité et prend n’importe quel prétexte pour la fuir."
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