SAINT-FÉLIX-DE-PALLIERES L'État met en demeure l'ancien exploitant minier
Le préfet du Gard, Didier Lauga, somme l'ancienne société minière Umicore de procéder au confinement de plusieurs sites représentant potentiellement des dangers.
« Il est temps de passer à l'action », lance le haut fonctionnaire. Didier Lauga ne cache d'ailleurs pas que le dossier des anciennes mines de Saint-Félix-de-Pallières est « d'envergure nationale, voir internationale. »
Fermée en 1999, l'exploitation minière est située sur la faille des Cévennes. Cet héritage naturel et économique influe aujourd'hui sur le quotidien des habitants des communes de Saint-Félix-de-Pallières, Tornac et Thoiras, qui présentent une sur-imprégnation aux polluants, comme l'arsenic.
C'est ce qu'une énième étude sur le sujet, conduite cette fois par Santé Publique France, vient de confirmer. Les experts relèvent également que les poussières dans les logements concentrent deux fois plus de plomb que la moyenne métropolitaine. Toutefois, « il est impossible de lier l'imprégnation des toxiques à d'éventuelles pathologies », poursuit Santé Publique France, qui vient de lancer des travaux en ce sens. Une étude qui prendra très certainement des années.
Signalétique
En attendant, la préfecture a pris une série de mesures en concertation avec les élus du territoire, l'ARS (Agence régionale de santé) et la DREAL (Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement). À l'automne prochain, l'État installera des panneaux pour rappeler les risques liés à l'historique du site. « Aux abords des anciens dépôts, il y aura des recommandations de type "pique-nique déconseillé", tout comme certains cours d'eau », illustre Didier Lauga.
De quoi faire grincer les dents des acteurs du tourisme et de l'immobilier. Par ailleurs, le représentant de l'État a rappelé « le porté à connaissance » pris par la préfecture en janvier 2017, interdisant la construction et l'agrandissement des maisons. Un coup dur pour l'attractivité du territoire.
Confinement des sites à risque
Le plus gros du dossier réside dans le confinement de cinq sites qui concentrent des polluants. Sans surprise, ces derniers correspondent aux anciennes exploitations minières, comme les dépôts des mines Joseph et Issart sur la commune de Saint-Félix-de-Pallières.
À Thoiras, le site de la Gravouilère abrite aujourd'hui des populations vivant dans des roulottes et autres tentes. « Ce dossier s'annonce compliqué à traiter puisque ces populations ne veulent pas partir », commente le préfet. À cette difficulté s'ajoute celle de l'ancien exploitant. Umicore entend uniquement payer pour le confinement de son ancien centre d'exploitation. Hors de question pour la préfecture qui a mis en demeure l'entreprise en tant que propriétaire des déchets présents sur ces sites. « Ma décision sera contestée en justice par la société », assure, réaliste, Didier Lauga. Une première en France qui fera très certainement jurisprudence pour d'autres dossiers.
Coralie Mollaret
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