vendredi 29 juin 2018

Limitation à 80 km/h : les départements en première ligne

Limitation à 80 km/h : les départements en première ligne

Limitation à 80 km/h : les départements en première ligne

Vivement décriée par une partie des élus locaux, la vitesse limitée à 80 kilomètres par heure – et non plus 90 – sur les routes à double sens sans séparateur central prend effet ce dimanche 1er juillet. Ce sont 400 000 kilomètres de routes qui sont concernés, dont 98 % gérés par les départements et 2 % par l'Etat.

« Nous avons sondé une quinzaine de départements à la mi-juin et tous étaient dans le bon timing pour mettre en œuvre la mesure au 1er juillet, relate Anne-Marie Herbourg, présidente de l'ADTECH [Association des directeurs techniques des métropoles, des départements et des régions], ou au plus tard le 2 juillet – le 1er tombant un dimanche. » Et ce, en dépit des réticences fortes d'un certain nombre d'élus départementaux. Dans les faits, les panneaux à changer ne sont pas forcément nombreux et les situations sont très variées d'un département à l'autre : par exemple, 418 panneaux à changer dans le Nord, aucun dans le Gers !

Encore des zones à 90 km/h

Autre mission réalisée par les services départementaux : l'identification des zones restant à 90 kilomètres/heure. En effet, le décret du 17 juin concède une exception : « La vitesse sur les sections de routes comportant au moins deux voies affectées à un même sens de circulation est relevée, sur ces seules voies, à 90 kilomètres/heure ». Il s'agit de sections à trois voies, dont deux dans le même sens, qui permettent les dépassements.

Ainsi, en Côte-d'Or, il faut changer une douzaine de panneaux, et en implanter environ 80 sur ces fameuses sections à trois voies. « Il est illogique que l'on puisse rouler à 90 kilomètres/heure dans un sens, et à 80 dans l'autre, commente le président du département, François Sauvadet. La mesure est peu lisible, et pas du tout acceptée par les usagers ! » Cet élu avait été à l'initiative d'un courrier envoyé à Edouard Philippe en mars et signé par une trentaine de présidents de départements. En Côte-d'Or, la pose de 92 panneaux coûte 18 700 euros, que le département doit avancer. « Au niveau national, 11 000 panneaux ont dû être changés, pour un coût compris entre 6 et 12 millions d'euros », estime Emmanuel Barbe, délégué interministériel à la sécurité routière. L'Etat remboursera les départements le 1er janvier 2020.

Panneaux aux frontières

Un cas particulier se pose : celui des départements frontaliers. Des panneaux de grand format sont apposés aux frontières pour indiquer la limitation de vitesse sur les routes de France. Par exemple, « en Moselle, nous avons 23 grands panneaux aux frontières avec le Luxembourg et l'Allemagne, témoigne Anne-Marie Herbourg, qui est aussi directrice générale adjointe chargée du patrimoine et de l'aménagement des territoires dans ce département. Faut-il les changer ou simplement corriger la vitesse indiquée ? L'Etat ne nous a pas encore répondu ».

Et après ? Une « revoyure » pourrait avoir lieu dans deux ans, a indiqué le Premier ministre, si la mesure ne s'avère pas efficace pour réduire la mortalité routière.

Focus

Pas de perte de temps significative

La vitesse a un impact direct sur la mortalité routière : « 1 % de vitesse en moins engendre une baisse de 4 % de la mortalité », a martelé le délégué interministériel à la sécurité routière fin juin. A 90 km/h, il faut 13 mètres de plus qu'à 80 km/h pour s'arrêter face à un obstacle. Le gouvernement table sur une baisse du nombre annuel de tués sur les routes, de 350 à 400 (sur 3 684 tués en 2017). Autre argument, directement destiné à ceux qui fustigent une mesure qui va faire perdre du temps aux habitants du monde rural : un test réalisé au centre d'essais de Mortefontaine (Oise) montre que, sur un circuit de 40 kilomètres comportant des virages, un véhicule à 80 km/h a seulement une minute et 30 secondes de retard par rapport à un véhicule qui roule à 90 km/h. La perte de temps n'est donc pas significative.

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