dimanche 1 avril 2018


Envoyé par Elton l ‘ aquarelliste




1 commentaire:

Anonyme a dit…

Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que l'horizon embrassant tout le cercle,
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits;
Quand la Terre est chargée en un cachot humide,
Où l'Espérance, comme une chauve-souris,
S'en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris;
Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D'une vaste prison imite les barreaux,
Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,
Des cloches tout à coup sautent en furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que les esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.
Et de longs corbillards, sans tambour ni musique,
Défilent lentement dans mon âme,
L'Espoir vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.

Charles Baudelaire.