lundi 23 avril 2012

J. de La Fontaine




Voilà  plus de quatre ans qu'un coq en rien gaulois
Gouvernait sans partage et imposait sa loi.
 
 
Nombre de volatiles n'osaient le contredire 
Bien  qu'il fut bas sur pattes, c'est le moins qu'on puisse  dire. 
 
   
D'origine hongroise, ce coq trop  agité
Ne laissait à personne le soin de  décider.
 
    
Oui mais dans quelques mois il faudrait  bien choisir 
Un chef  pour la basse-cour. Qui allait-on élire ? 
 
   
« On ne veut plus du coq, il nous a affamés 
Gardant  le blé pour lui et pour tous ses poulets » 
 
  
Disaient les pensionnaires de notre  basse-cour. 
«  Voyons un peu pour qui voter au premier tour.» 
    
Trouver un prétendant n'était pas chose  aisée, 
On le voulait plus grand, pas trop mou et racé. 
    
Une faisane royale aux dernières élections 
Avait  perdu des plumes dans cette confrontation
, 
   
D'ailleurs perdu aussi la confiance de ses  potes 
Qui cherchaient quelqu'un d'autre pour battre le  despote. 
    
Un jars avait la côte, vieux mâle grisonnant  ; 
Dominer et niquer, tel était son passe-temps. 
    
Partout, dans chaque recoin, on le voyait le  soir 
Sauter toutes les oies, qu'elles soient blanches ou  noires. 
    
« Pas question de le prendre, il pense trop  à la chose. 
Qu'il  aille se faire soigner, que nos oies se reposent » 
    
Clamait un fier dindon venu droit de  Hollande 
Qui  jurait d'exaucer jusqu'aux moindres demandes. 
    
Il avait réussi à se débarrasser 
D'une  grosse dinde chti qui voulait s'imposer 
    
En cherchant le soutien des poules et des  faisanes 
Par  l'interdit des œufs de plus de trente-cinq grammes. 
    
Ce Dindon courtisait une cane colvert.
Migratrice, elle venait d'un pays où l'hiver 
     
Est plus rude qu'en France et pour son  grand bonheur 
Avait  mis hors combat un pigeon voyageur. 
    
Au demeurant jolie, elle jugeait qu'il  fallait 
Pour pouvoir l'emporter promettre aux poulets 
    
Nourriture plus saine, une vie plus aisée, 
Mais  sans OGM et blé labellisé. 
  
Le Dindon disait oui mais en réalité
C'était juste pour lui prendre les voix qu'il  convoitait. 
    
Et pour tout perturber, voila qu'un vieux  poulet
Qui avait trépassé, était ressuscité. 
    
Prétextant qu'il avait ainsi côtoyé  Dieu,

à la place de dirigeant, il appelait de ses vœux. 
    
Ajoutez à ceux là une sorte de poule d'eau, 
Une  espèce marine qui parlait fort et haut 
    
Et voulait qu'Allah sorte de son poulailler 
Mettre  les poules tête nue qui avaient immigré. 
   
« Elles viennent nous envahir et manger notre  blé
Si on les laisse faire, nos cous elles vont
  plumer. 
    
Renvoyons les chez elles à coups de pieds  aux cul(te)s, !» 
Tels  étaient les propos de notre gallinule. 
    
Il y en aura bien d'autres d'ici les  élections,
Candidats qui voudront susciter des passions, 
    
Des paons et des canards essayant de faire  croire
Que dans la basse-cour il faut reprendre espoir,
Que le bonheur est là, juste à portée de  patte.
Vous y croyez vraiment ? Mais que vous êtes tartes  !
 

J.   de  La Fontaine

1 commentaire:

Hélène Larrivé a dit…

Absolument génial, bravo. Puis-je uploader et publier ? Mais je n'ai pas tout compris peut-être.. Hélène Larrive