Motions de censure : le quarté des pires arguments de la macronie
Après-midi d'exception au palais Bourbon : au lieu de se livrer aux traditionnelles et compassées questions au gouvernement, Edouard Philippe a dû batailler. L'opposition a en effet soumis au vote deux motions de censure. S'ils ont été rejetés par une très large majorité des députés, les deux textes ont néanmoins donné lieu à une organisation des débats peu habituelle : Christian Jacob (LR) et André Chassaigne (PCF) ont tous deux disposé d'un bon quart d'heure pour assaillir le gouvernement de critiques, avant que chaque président de groupe ne s'exprime à son tour. Et, à l'instar de Valérie Rabault (PS) ou Jean-Luc Mélenchon, beaucoup ont condamné sévèrement et dans le détail la manière dont le gouvernement s'était comporté dans l'affaire Benalla.
Il n'en fallait pas plus pour exaspérer les partisans du président de la République, davantage habitués à une Assemblée docile. Et pour condamner l'attitude de l'opposition, les macronistes ont été piocher des arguments parfois très, très loin… Voici les quatre gagnants de ce festival.
Aurore Bergé mouline contre "les populismes"
Députée LREM des Yvelines et sniper attitrée de la majorité, Aurore Bergé n'a pas digéré ce qu'elle appelle "l'obstruction" de l'opposition mais surtout, le fait que la France insoumise et le Parti communiste votent en faveur de la motion de censure déposée par la droite, tout comme les députés du Rassemblement national. Loin d'y voir le salutaire "dépassement des vieux clivages" qu'elle avait applaudi quand il était prôné par Emmanuel Macron, Aurore Bergé a expliqué sur BFMTV, la mine grave, que "des digues ont sauté" et que l'opposition allait devoir "expliquer l'alliance avec l'extrême gauche et l'extrême droite".
Maniant l'injure ("imposteurs et tartuffes"), l'ancienne membre de LR renvoie tous les partis d'opposition, de la France insoumise au Rassemblement national en passant par le PS et Les Républicains, dans un même sac "populiste". Et Aurore Bergé ne prête à la motion de censure qu'une seule intention : "Tenter de déstabiliser nos institutions". A quoi bon, en effet, traiter toutes les critiques développées lors des discours à la tribune sur la manière dont l'exécutif a géré le cas d'Alexandre Benalla, quand on peut simplement verser dans le complotisme ?
Brune Poirson perd son temps à l'Assemblée
Les vacances d'été des membres du gouvernement débutent ce vendredi 3 août. Et visiblement, Brune Poirson n'en peut plus d'attendre. La secrétaire d'Etat au ministère de la Transition écologique n'a pas supporté de passer son mardi après-midi à subir les discours de l'opposition. "Je suis dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale depuis 4 heures pour entendre des amis de circonstances parler théorie du complot et fake news", s'est-elle lamentée sur Twitter. "Pas un mot sur le fond, sur les vraies urgences: lutte contre le dérèglement climatique, le chômage, la pauvreté…". D'un autre côté, il aurait été étonnant qu'une motion de censure déclenchée par l'affaire Benalla donne lieu à des envolées lyriques sur la préservation de l'environnement…
Brune Poirson n'en démord pas : comme Emmanuel Macron, elle pense que l'affaire Benalla est une "tempête dans un verre d'eau". "Imaginez vous êtes partis en congés en vous déconnectant entièrement, se figure-t-elle. En rentrant, vous découvrez le dépôt de 2 motions de censure, pas à cause d'un différend économique, de santé ou écologique. Mais pour une dérive certes inacceptable mais individuelle d'un homme de 26 ans !". Sauf que si l'opposition se met à déposer des motions de censure sur chaque désaccord "économique, de santé ou écologique" avec le gouvernement, Brune Poirson va y passer tous ses mardis !
Laurianne Rossi, une mémoire de poisson rose
Laurianne Rossi a fait une entrée fracassante dans le hit parade des analyses politiques improbables : la députée LREM des Hauts-de-Seine a été choquée par le fait que le PS signe une motion commune avec les Insoumis et les communistes. D'après l'élue macroniste, on assisterait là au "dernier reniement", au franchissement du "pas ultime" par le parti à la rose, qui romprait ainsi "avec la social-démocratie et la culture de gouvernement". "Je pense à ses militants (dont j'ai été), je pense à M. Rocard", poursuit la députée macroniste, théâtrale.
Membre du PS pendant quatre ans de 2007 à 2011, Laurianne Rossi n'en a manifestement pas profité pour faire un tour aux archives… Elle aurait sinon appris que bien avant cette motion de censure, socialistes et communistes ont longtemps travaillé ensemble, pendant le gouvernement du Front populaire entre 1936 et 1938, mais également en bâtissant le Programme commun en 1972 et lors des premières années au pouvoir de François Mitterrand. Les gouvernements Pierre Mauroy 2 et 3 comptaient en effet pas moins de 4 communistes dans leurs rangs… ainsi que Michel Rocard, justement.
Benjamin Griveaux récupère à tour de bras
Benjamin Griveaux est remonté encore plus en amont dans l'histoire, en convoquant carrément Jean Jaurès ! Le porte-parole du gouvernement a remarqué que la date d'examen des motions de censure correspondait avec celle de la mort de cette figure de la gauche, assassinée le 31 juillet 1914 par un nationaliste partisan de la guerre. Et il n'a pas hésité à convoquer l'icône sans vergogne, pour justifier... de ne pas trop s'attarder sur l'affaire Benalla : "Il ne faut avoir aucun regret pour le passé, aucun remords pour le présent, et une confiance inébranlable pour l'avenir". Et Benjamin Griveaux de comparer les combats macronistes à Jaurès, qui a "payé de sa vie son combat pour la justice et le progrès". "Ce combat, nous le continuerons inlassablement", conclut le porte-parole de l'exécutif, bravache.
6 commentaires:
«L'affaire Benalla?
Une manifestation inattendue, mais finalement très cohérente, du managérialisme macronien : en quelque sorte l'organisation au sommet de l'État d'une start-up de la "répression agile" - hors institutions, hors règles, hors tout protocole formel - orientée la la seule «efficacité»...
https://blog.mondediplo.net/benalla-et-l-arc-d-extreme-droite
«Benalla et l'arc d'extrême droite.»
«.../...Il a fallu trois décennies de transformation profonde des structures économiques pour que le capital acquière la possibilité objective de faire ce qu’il veut, et la certitude subjective de sa toute-puissance. D’une toute-puissance l’autre, en quelque sorte. Celle du capital en miroir de celle de l’État. Et en quel personnage mieux qu’en Macron, fondé de pouvoir du capital (6), devenu zinzin à se prendre pour un roi de France, ces deux formes de la souveraineté absolue pouvaient-elles mieux se rejoindre, fusionner même ? L’absolutisme politique donne alors la main à l’absolutisme économique, l’aide à mieux s’accomplir, lui ouvre la voie juridique à coups d’ordonnances, et dégage les oppositions en faisant donner les cogneurs « agiles » du cabinet privé.
Les « barragistes » ont vraiment bonne mine.»
Frédéric Lordon
On a enfin le trio de gonzesses aux taquets pour défendre la macronie dans ce qu'il a de plus pervers et narcissique : à défaut d'argumenter sur le fond, elles se comportent comme des papillons autour d'une bougie... elles ne sont pas plus éclairées dans leur teston que des guêpes dérangées dans leur habitat!
Aurore Bergé en tête dans le rôle de la multi-récidiviste qui avoine à tort et à travers...
Manque plus que Schiappa dans ce quartet, qui s'est fait damer le pion par Benjamin Griveaux.
Chapeau bas à ces artistes de pacotille!
«VOUS ÊTES LES VALETS DE L'ELYSÉE.»
François RUFFIN.
https://youtu.be/LUX_DMF3_E8
Voilà du Ruffin qui ne s'embarrasse plus de dire au Parlement qu'il ne s'adresse plus aux représentants du gouvernement, puisqu'il n'entend plus rien, mais directement à ses concitoyens qui l'ont élu...
LREM un ramassis de charlots
Pour la promotion de son dernier livre, la Secrétaire d'État à l'Égalité Hommes-Femmes, Marlène Schiappa ne s'est pas trop souciée de mélange des genres entre privé et professionnel...
Elle qui manque de temps pour faire le lien entre sa vie de femme et de mère et ses responsabilités au sein du gouvernement, trouve quand même le temps d'écrire des livres à la gloire du Président...
À moins que ce ne soit sous son pseudo de «Marie Minelli» qu'elle ne fasse la promotion du livre de «Schiappa Marlène» avec les services du Secrétariat d'État...
https://www.lesechos.fr/politique-societe/politique/0302072092791-le-recadrage-dedouard-philippe-apres-la-promotion-du-livre-de-marlene-schiappa-2196189.php
Enregistrer un commentaire