Qui s'en souvient ? Dans les années 2010, il était de bon ton, pour les principaux partis, de se doter de «cellules» dédiées à la riposte contre le Front national. Même l'UMP de Jean-François Copé avait cru devoir lancer la sienne. Ces structures n'ont guère porté de fruits, mais elles témoignent qu'alors, une certaine combativité était encore de rigueur contre le parti d'extrême droite. Le tableau est bien différent aujourd'hui, entre une droite toujours plus compromise, un macronisme au mieux poliment adverse, au pire complaisant, et une gauche qui semble ne plus savoir par quel bout prendre la question. D'où, alors, pourrait venir la réplique ?
Peut-être du terrain et de la société civile, dont nous rapportons régulièrement les initiatives dans Frontal. On est encore loin, bien sûr, du vaste mouvement suscité par l'accession de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle, en 2002 ; ou, plus récemment, des manifestations massives en Allemagne contre le parti raciste AFD. Chez nous, aujourd'hui, ce sont bien les vents contraires qui soufflent le plus fort. Mais au fil des mois, nous constatons dans nos échanges et nos reportages un frémissement, le début d'un refus de subir, d'une envie d'agir. Car, comme le dit l'une des militants dont nous rapportons le témoignage, «une fois l'extrême droite au pouvoir, il sera trop tard, ça va aller très vite». C'est le sujet du dossier que nous vous proposons cette semaine. Bonne lecture.