LE RETOUR DE LA FLEUR DU MAL
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«On l'a bien vu, la chasse aux gilets-jaunes est ouverte depuis que le gilet-jaune existe. Ce gibier fluorescent a d'abord été traqué par des meutes, puis, parce que cela ne suffisait pas, par des meutes de meutes: des politiciens et des journalistes, c'est le couple le plus célèbre et c'est aussi celui qui vient immédiatement à l'esprit, des universitaires et des philosophes parisiens, des éditocrates et des éditeurs, des "économistes" et des sondeurs, des communicants et des publicitaires, des people du show-biz, bien qu'ils fassent profil bas, le public populaire est si vite perdu, et des "consultants" comme il est dit, des historiens spécialisés en mouvements sociaux et des chercheurs au CNRS qui cherchent, c'est sûr, ne trouvent pas souvent, c'est certain, mais n'évoluent pas plus dans la science que les frères Bogdanoff ou Françoise Dolto..
Tous sont d'accord: les gilets-jaunes sentent le peuple, c'est à dire l'ail et le vin rouge, le tabac et le diesel, la sueur et la crasse, la civette et le putois... Les caméras cherchent sur les ronds-points: il faut trouver des spécimens sales et édentés, obèses et avinés. S'ils éructent ou bégayent, s'ils sont grossiers ou vulgaires, c'est encore mieux... Ils sont déjà homophobes et antisémites, misogynes et phallocrates, racistes et complotistes, climato-sceptiques et putschistes, fascistes et lepenistes: montrez-les beaufs et crades, c'est bon pour tous ceux qui ne disposent pas d'un gros QI, grâce à l'école des pédagogues et à la télévision libérale, et qui sont aujourd'hui pléthore, ils seront faciles à faire basculer dans le camp du bien -le fameux cercle de la raison d'Alain Minc. Il suffit de trois minutes de reportage présentés en boucle.
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Michel Onfray.com 25/12/2018.