Emmanuel Macron présente son plan contre la pauvreté et son image de président des riches
Jeunesse, retour à l'emploi... Soucieux d'amorcer un virage social, le chef de l'État veut frapper fort.
POLITIQUE - "La politique sociale, regardez: on met un pognon de dingue dans les minima sociaux et les gens ne s'en sortent pas." En juin dernier, la diffusion de cette vidéo s'était brutalement retournée contre le président de la République. Alors qu'il prétendait s'attaquer à la racine de la pauvreté et de ses déterminismes sociaux, Emmanuel Macron s'était retrouvé (une nouvelle fois) pris au piège de sa caricature de président des riches, méprisant à l'égard des défavorisés, arrogant avec les plus faibles.
Depuis, les perspectives de croissance en berne, la rentrée calamiteuse de son gouvernement, l'effondrement de sa popularité et les doutes qui se sont installés au sein de sa propre majorité ont sonné l'alarme. La présentation ce jeudi 13 septembre du plan anti-pauvreté devra marquer un virage dans le quinquennat d'Emmanuel Macron, attestant jusqu'ici d'un réformisme profitant davantage aux vainqueurs de la mondialisation qu'à ses victimes.
L'attente est d'autant plus forte que le plan pauvreté a déjà été reporté sur fond de Coupe du Monde (encore une polémique). Et que le chef de l'État a promis, en guise de compensation, de jeter les bases de "l'État providence du XXIe siècle" dès l'année prochaine. Rien que cela.
Priorité à la jeunesse pour "enrayer les inégalités de destin"
Pour se montrer à la hauteur de cette ambition, Emmanuel Macron va devoir renouer avec la promesse d'égalité, cette "passion insatiable" des Français passée au second plan depuis le début du quinquennat. Huit milliards seront investis sur quatre ans pour y parvenir, un geste censé marquer les esprits en période de disette budgétaire. Pas question en revanche de renouer avec la "logique curative et monétaire" qui prévalait jusqu'alors, ce "pognon de dingue" qui adoucirait la pauvreté sans la résorber. L'entourage du chef de l'État veut avant tout "améliorer la prévention de la pauvreté et assurer l'émancipation par l'activité."
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Ceci étant dit, les moyens débloqués pour le plan dévoilé ce jeudi iront prioritairement aux enfants et aux jeunes, "deux nouveaux visages de la pauvreté en France" selon l'Élysée qui entend ainsi "enrayer les inégalités de destin qui se perpétuent de génération en génération".
Parmi les mesures les plus emblématiques:
- Favoriser la garde d'enfants avec un objectif de 30.000 places de crèche supplémentaires et des aides pour les communes situées en zone prioritaire.
- Développer les petit-déjeuners dans les écoles primaires en REP+ en sollicitant les acteurs locaux, les parents d'élèves...
- Mettre en place une obligation de formation de 16 à 18 ans pour réduire le chômage précoce et anticiper les décrochages.
- Étendre la garantie jeunes (accompagnement vers l'emploi) à 500.000 personnes.
- Accompagner les jeunes majeurs de 18 ans qui sortent de l'Aide sociale à l'enfance.
Le plan prévoit aussi de démultiplier l'hébergement d'urgence pour notamment mettre à l'abri les enfants et leurs parents qui dorment dehors. En matière de santé, la CMU (couverture maladie universelle) sera étendue à plusieurs millions de personnes pour qu'elles bénéficient d'une complémentaire santé.
L'emploi comme antidote
Fidèle à sa ligne, le président de la République a toutefois prévu de promouvoir l'activité comme antidote à la précarité. "Le retour au travail est le meilleur outil de lutte contre la pauvreté", assure l'Élysée tout en promettant un meilleur accompagnement vers le retour à l'emploi.
Plus facile à dire qu'à faire au regard des chiffres: 9 millions de pauvres en France, 6,2 millions de chômeurs toutes catégories confondues rien qu'en France métropolitaine. Pour résoudre l'équation, pas de formule miracle mais une myriade d'initiatives pour s'attaquer au fléau du chômage de longue durée.
Chantiers d'insertion, territoires zéro chômeurs, Travail alternatif payé à la journée (Tapaj)... L'ambition est d'étendre ces dispositifs déjà en cours d'expérimentation à 100.000 bénéficiaires supplémentaires d'ici 2022 (contre 140.000 aujourd'hui). Les minima sociaux et le RSA devraient être repensés et simplifiés pour faciliter l'accès aux aides tout en incitant à la reprise d'un emploi.