Fête du travail: même le 1er mai n'a pas réussi à mettre tous les syndicats d'accord
Cela fait six ans que tout le monde n'a pas défilé derrière une banderole commune.
POLITIQUE - Nous sommes le 1er mai 2012. Dans l'entre-deux tours de la présidentielle qui oppose François Hollande et Nicolas Sarkozy, la CGT et la CFDT défilaient derrière les mêmes banderoles pendant que le candidat UMP fêtait "le vrai travail" au Trocadéro. C'est la dernière fois à l'occasion du Fête du travail. Et, bien que Force ouvrière ait fait cavalier seul cette année-là, il s'agit d'un souvenir d'unité syndicale que certains ont essayé de relancer. En vain.
Même en ce printemps de commémoration de Mai-68, pas plus que le 1er mai 2017 alors que le Front national était qualifié pour le second tour de la présidentielle, les principaux leaders syndicaux ne font front commun. A l'approche du premier anniversaire de l'élection d'Emmanuel Macron, le climat social est électrique, les mobilisations vont des pilotes d'Air France aux salariés des Ehpad en passant par les étudiants, et pourtant chacun sera dans son coin.
Il y a quelques semaine, Philippe Martinez avait convié tous ses homologues à le rejoindre dans les rues de Paris. Solidaires (qui n'a pas atteint le seuil de représentativité au niveau interprofessionnel) a répondu présent. Mais c'est à peu près tout, si bien que le leader de la CGT devra surtout compter sur les forces cégétistes pour faire grossir les rangs du cortège parisien qui s'élancera en début d'après-midi de la place de la Bastille pour rejoindre celle d'Italie.
L'union sectorielle mais pas plus
Sur une ligne pourtant plus virulente vis-à-vis d'Emmanuel Macron que son prédécesseur Jean-Claude Mailly, Pascal Pavageau ne mène pas Force ouvrière dans la rue; des militants FO seront tout de même présents en Ile-de-France. Laurent Berger ne manifestera pas non plus; le secrétaire général de la CFDT -premier syndicat du privé- organise un "1er-Mai culturel et revendicatif", autour de la diffusion en avant-première d'un film italien, "7 minuti", sur les ouvrières d'une usine textile. L'Unsa se joint à cette manifestation.
La convergence des luttes que promeut la CGT n'est "pas la tasse de thé de la CFDT", justifie le leader de cette dernière qui préfère les luttes professionnelles. Cette configuration est la plus à même de garder un cadre syndical sans tomber dans des considérations plus politiques. "Cheminots et fonctionnaires tiennent à ne pas mélanger leur mouvement dans quelque chose de plus global", estime dans le Monde la numéro deux de la centrale réformiste, Véronique Descacq.
Dans ces deux secteurs, c'est pourtant bien une lutte unitaire qui se joue. Depuis un mois, et bien que les taux de grévistes commencent à chuter, le mouvement reste par exemple très uni (de Sud-Rail à la CFDT) autour de la grève saute-mouton contre la réforme de la SNCF. C'est d'ailleurs l'intersyndicale au grand complet qui a appelé à des manifestations jeudi 3 mai. Chez les fonctionnaires, la CFDT et l'Unsa qui étaient en retrait ont appelé leurs adhérents à rejoindre la journée du 22 mai.
Les syndicats perdus face à la stratégie de Macron
"Il y a un décalage entre les postures confédérales et la réalité de terrain", dénonce dans Libération Philippe Martinez qui voudrait faire discuter plus régulièrement les responsables des syndicats. A ce titre la réunion au sommet organisée il y a quelques semaines a été un échec cuisant. "On doit voir ce qui nous rassemble. On tombe trop souvent dans le jeu de la division organisée par d'autre", reprend le leader cégétiste. Sous-entendu le gouvernement qui aime bien diviser pour mieux régner.
Jusqu'à présent, cela a souri à l'exécutif qui a fait passer sans trop d'encombre ses ordonnances réformant le code du travail. Pour Emmanuel Macron qui ne croit pas à la "coagulation des luttes", ce 1er-mai n'est qu'une nouvelle étape dans le travail de transformation du pays qu'il a entrepris. "Faudrait-il que l'on modifie notre projet à la moindre contrariété, se demande un cadre du groupe LREM. On savait que l'on rencontrerait des inquiétudes. On ne bouge pas."
Preuve que cela n'inquiète guère l'Elysée, le chef de l'Etat sera en Australie -à plus de 15.000 km de Paris- quand les manifestants défileront. "C'est la convergence de nos agendas respectifs avec les dirigeants australiens", sourit un proche. "On ne va quand même pas caler son agenda sur celui de la mobilisation sociale", balaye un autre, encore plus ferme.
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