Enquête -
On semble se diriger vers la fin d’un projet pharaonique (à l’échelle d’Alès), celui dit du Golf de Saint Hilaire de Bréthmas, commune qui est accolée à Alès. Les commissaires enquêteurs viennent de rendre leurs conclusions, elles sont quasiment toutes contre la déclaration d’utilité publique (DUP) de ce projet, les « antis » sont ravis et demandent maintenant à l’agglomération d’Alès d’abandonner définitivement la partie.
Pour résumer le lourd dossier des commissaires enquêteurs, on notera que ces derniers reprennent bon nombre d’incohérences soulevées par l’association Saint Hilaire Durable, principal opposant au projet porté par l’Agglomération d’Alès*. Un complexe qui avait plusieurs volets, un golf de 18 trous, un autre de 9 trous, 2 pôles touristiques immobiliers, la création d’une zone artisanale économique (ZAE) et toutes les infrastructures urbaines qui vont avec. En tout, un projet immense de 360 hectares (la taille moyenne d’une commune) dont 300 hectares de terres agricoles.
Les terres agricoles qui disparaissent d’ailleurs, c’était le principal cheval de bataille des opposants. Que ces terres deviennent des terrains de jeu pour personnes fortunées au détriment des paysans, dans un des bastions de la Confédération paysanne, ça ne passe pas vraiment, José Bové, le député Vert européen et ancien-porte-parole de la Confédération paysanne s’est même rendu sur place pour apporter son soutien aux anti-golf : « Les projets de golfs sont toujours des projets d'urbanisation déguisés et donc des coups financiers portés par des personnes peu soucieuse de l'intérêt général », a-t-il déclaré à l’occasion.
Autre argument, les antis dénoncent la consommation en eau qu’un tel complexe pourrait engendrer, plus de 300 mille mètre cubes par an. Même si cette année est pluvieuse, les sécheresses sont récurrentes chaque été.
Les commissaires enquêteurs sont aussi défavorables à une déclaration d’utilité publique du projet parce que l’étalement urbain qui en découlerait leur semble incohérent, parce qu’économiquement ce golf n’apporte pas de garanties de rentabilité avérées. « L’agglo explique que ce golf sera rentable – explique Rémy Coulet le vice-président de St Hilaire Durable – mais leurs études économiques sont floues, alors que les commissaires enquêteurs eux ont poussé leurs investigations pour se rendre compte que le golf 18 trous risquerait de connaître, chaque année, un déficit d’au-moins 370 000 euros. »
Quant à la création d’emplois et l’implantation d’entreprises sur la ZAE, (arguments poussés en avant par les porteurs de projet pour justifier le complexe) là aussi les commissaires enquêteurs retoquent : Aucune étude n’est présentée par les porteurs de projet pour démontrer la création de futurs emplois (200 sont annoncés) quant à savoir quelles entreprises peuvent être intéressées pour venir s’installer sur la ZAE, idem, rien de concret mis à part un garagiste (sic).
Taillé en pièce par les commissaires enquêteurs, le projet du Golf de St Hilaire aura donc bien du mal à être déclaré d’utilité publique, on voit en effet mal le Préfet du Gard Hugues Bousiges passer outre « dans ces conditions il nous semblerait effectivement invraisemblable aussi que l’agglomération d’Alès maintienne son projet en l’état » ajoute Rémy Coulet qui se méfie cependant d’un ultime coup de Jarnac du président de l’agglo d’Alès Max Roustan « depuis toujours Roustan clame haut et fort qu’il est sûr que le Préfet signera. »
En attendant, certains commencent à faire les comptes et vont certainement en demander si ce projet ne se fait jamais. Depuis 10 ans, ce serpent de mer aura coûté des millions d’euros, au moins 2 pour l’achat du foncier, sans compter les études préalables diverses et les frais annexes (architecture, urbanisme, communication, mise à disposition de personnel dédié…)
Après la rocambolesque affaire du Tram-Bus de Nîmes, le projet surréaliste de la French Vallée, les épisodes à rebondissement de la gestion du Pont du Gard, voilà encore un dossier qui va laisser bien dubitatifs les gardois sur la capacité de gestion de leurs élus.
*Contacté, le président de l’Agglomération d’Alès Max Roustan n’a pas donné suite à notre demande d’interview.
Sylvère Pla