LE PRIVÉ LUCRATIF...
ET PAS QU'UN PEU !
REGION
« L'élève est une marchandise », les
écoles du géant Galileo dans le
viseur
Le président de Galileo
s'explique au ministère
Tout bien pesé, Pierre (*) a
fini par claquer la porte en 2024 de l'une des huit écoles (dont Esarc, Digital Campus ou ESG) de Galileo Global Education qu'il dirigeait, après quatorze années d'enseignement. « Diriger, pas vraiment, car tout se décide à l'échelon supérieur », rectifie-t-il. Dans ce
regroupement sur l'Edo Campus à Mauguio, près de Montpellier, qui revendique plus de 100 intervenants ou « prestataires » (enseignants non salariés), les 1 600
étudiants sont formés dans une logique d'interdisciplinarité des enseignements.
Un étudiant en management pouvant bénéficier de cours de comédie au Cours Florent, propriété du groupe depuis 2018, pour soigner sa prise de parole en public par exemple.
Le livre de Claire Marchal, Le cube, ouvre également une reconnaissance à Camille. « J'y ai été professeur pendant de nombreuses années et j'ai été virée car je coûtais "trop d'argent" à l'école », témoigne-t-elle. « Quand Galileo nous rachète, il y a cinq ans, peu à peu, on ne faisait plus de pédagogie mais de la
rentabilité, poursuit Pierre, notamment en mutualisant les cours de Studi », le spécialiste de la formation en ligne, « fabriquée en interne », installé à Pérols (toujours près de Montpellier) sur 9 500 m² et propriété du groupe depuis 2018,
qui embauche alors à tour de bras. « L'élève n'est qu'une marchandise et il est aussi un peu roi car certains ne méritent pas la certification qu'on leur octroie », explique l'ex-enseignant, pris dans la valse des injonctions venues « d'en haut ».
« Les candidats devaient défendre leur souhait d'entrer à l'école alors que la directive était de prendre tout le monde », se souvient Cathy (*), chargée des admissions pendant deux ans dans une école d'arts. « C'est le "parcours du prospect", car on ne parlait pas de lycéens. »
Par sa loi Avenir professionnel du 5 septembre 2018, le gouvernement libéralise l'accès à l'apprentissage, un dispositif jusque-là sous le contrôle des régions qui tiennent serrés les cordons de la bourse. En 2019, le secteur de l'e-learning explose, boosté par la crise sanitaire et la réforme de la formation
professionnelle, dont fait partie le compte personnel de formation (CFP) promu par Muriel Penicaud, mais aussi l'alternance, mesure phare de lutte contre le chômage des jeunes."
Vendredi 14 mars 2025
https://kiosque.midilibre.fr/reader/dc42ae2b-6629-4260-a627-f788bb0...
Albert Einstein a dit : le monde est dangereux à vivre, Non pas à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire
vendredi 14 mars 2025
LE PRIVÉ LUCRATIF... ET PAS QU'UN PEU !
Anonyme a ajouté un nouveau commentaire sur votre article "François Bayrou a arrosé Bétharram d'argent public en dépit des alertes | Mediapart" :
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2 commentaires:
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La jungle des centres de formation lucratifs
"Fin 2024, on comptait 1 015 400 apprentis en France contre 321 000 en 2019.
Une évolution inédite dans l’histoire de la formation. Selon la Cour des comptes, les entrées en apprentissage ont augmenté de 98 % entre 2019 et 2021. « Les
moyens affectés conduisent à s’interroger sur leur capacité à contrôler une offre
de formation si importante », alerte-t-elle déjà, en 2022. Les apprentis de
l’enseignement supérieur sont majoritaires. « 61 % des entrants préparent des certifications de niveau 5 à 8 (équivalent à bac + 2 ou plus) contre 37 % en 2018.»
Nelly a suivi une formation d’assistante juridique à l’école Elije :
« Je n’ai jamais pu trouver de stage en alternance, l’école ne nous y a pas aidés, et nous avons
dû régler les frais de scolarité exorbitants. J’ai dû m’endetter, sans la moindre perspective professionnelle. On repassera pour l’insertion tant vantée par
Galileo ! »
Les témoignages affluent par dizaines : « Les cours sont vides, mais d’un vide…
Les classes sont petites mais surchargées d’élèves. » « Réussir ou échouer n’a aucune importance, car tous les candidats sont acceptés. »
« J’ai dû insister et dénoncer des pratiques malhonnêtes pour enfin pouvoir être payée au bout de
plusieurs mois. »
(…)
(suite et fin)...
Un beau campus
Hugo finit sa 3e année à l’ESG Sports, plus que mitigé. Impossibilité de récupérer ses bulletins, rattrapages des partiels deux ans après, erreur dans l’attribution
des sujets d’examen, l’étudiant dont les parents ont déboursé 15 000 € s’est senti industrialisé. Dans le paysage florissant des écoles privées, « cette école n’était pas la pire, donc je suis resté. Le campus est super bien, au moins ça. »
Le groupe Galileo et les directions d’écoles des campus de Mauguio, de Studi et du Cours Florent que nous avons sollicités n’ont pas donné suite à nos demandes.
(*) Prénoms d’emprunt.
L’enquête accablante menée pendant près de deux ans par la journaliste Claire Marchal a fait l’effet d’une bombe dans le monde de l‘enseignement privé
lucratif hors contrat. Et libère la parole.
Valérie Marco
vmarco@midilibre.com
Les ministres de l’Éducation (Élisabeth Borne) et de l’Enseignement supérieur
(Philippe Baptiste) ont reçu, lundi, le président du groupe Galileo Global
Education, Marc-François Mignot Mahon, « sommé de venir s’expliquer sur les graves allégations dont fait l’objet le groupe ». Ils ont par ailleurs annoncé qu’une inspection interministérielle serait missionnée « pour une plus grande
transparence du fonctionnement des établissements d’enseignement supérieur privés à but lucratif ».
« Depuis 2021, la rentabilité opérationnelle a été divisée par 4, passant de 12,8 % à 3,4 % », s’est défendu le président face aux « insinuations de course aux
profits ». Les résultats d’un baromètre indépendant Harris a été mis en avant : « 77 % des étudiants recommandent ses établissements, 90 % jugent leurs
enseignants compétents et 77 % sont très satisfaits de la qualité de
l’enseignement ». Galileo Global Education a assuré sa « volonté de collaborer étroitement avec les pouvoirs publics ».
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