"Des mois d'arbitrages tendus jetés à la poubelle. Tous les dossiers législatifs en cours visant à mettre en œuvre les promesses faites par le gouvernement aux agriculteurs après leurs manifestations de colère de début d'année sont gelés. C'est l'une des conséquences de la décision du président de la République de dissoudre l'Assemblée nationale en raison des résultats des élections européennes.
Dès la publication du décret de dissolution et jusqu'aux nouvelles élections, tous travaux cessent en effet à l'Assemblée nationale. Le Sénat, bien que toujours en place, a décidé de suspendre ses travaux en séance publique. Seules les « affaires courantes » gérées par le ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, sans besoin de l'intervention du Parlement, pourront être poursuivies pendant les quatre prochaines semaines, dans l'attente de l'élection des nouveaux députés, explique le ministère.
Plusieurs années de travail
Premier gâchis, le « projet de loi d'orientation pour la souveraineté en matière agricole et le renouvellement des générations en agriculture ». Adopté en première lecture par l'Assemblée nationale le 28 mai, le texte devait être discuté par la Commission affaires économique du Sénat le 12 juin, puis en séance publique à partir du 24 juin. Le gouvernement espérait terminer le processus législatif devant la Commission mixte paritaire début juillet.
Bien que considéré insuffisant par l'ensemble des oppositions, ce texte était le résultat de plusieurs années de concertations entre les syndicats agricoles majoritaires et le gouvernement. « L'équilibre trouvé est le bon », avait encore défendu le tout nouveau président de Jeunes Agriculteurs, Pierrick Horel, lors de leur congrès annuel le 6 juin, en espérant que le Sénat « ne remette pas tout à plat ».
De nouveaux sujets clivants sur la table?
Désormais, il faudra recommencer tout presqu'à zéro. Même si le nouveau gouvernement décidait de reproposer le texte à l'ordre du jour du Sénat, celui-ci devrait en effet être de nouveau examiné et approuvé par les deux chambres, dans un contexte de nouveaux équilibres parlementaires.
Les Jeunes Agriculteurs, tout en considérant « dommage de sacrifier le travail réalisé », mettent en outre en garde: si le nouveau ministre de l'Agriculture ne devait pas « être dans la même ligne que l'actuel, Marc Fesneau », le syndicat serait prêt à « rouvrir le dossier du A au Z », explique son vice-président Julien Rouger. Il ne se contenterait alors plus d'un texte axé sur les sujets les plus consensuels dans le monde agricole: la souveraineté alimentaire, la simplification et l'installation-transmission. Il exigerait que soient mis en même temps sur la table aussi des sujets « très clivants », tels que la réforme du foncier, sur lequel les Jeunes Agriculteurs viennent de formuler des propositions dans leur Rapport d'orientation 2024.
Plus de nouvelle loi Egalim avant les négociations commerciales?
La question du revenu, au centre des revendications agricoles, prend aussi un coup dans l'aile. Le gouvernement voulait l'adresser dans un autre texte législatif, dont il avait confié la préparation à deux députés de la majorité, Anne-Laure Babault et Alexis Izard. Leur mission était d'auditionner l'ensemble des acteurs de la chaîne alimentaire, afin d'identifier les failles des diverses lois déjà adoptées depuis 2018 afin d'améliorer la répartition de la valeur ajoutée entre l'amont et l'aval, dites « Egalim ». Ils devaient présenter un rapport à la mi-juin, puis une proposition de loi début juillet. L'objectif, explicite, était qu'elle soit ensuite adoptée avant le début des prochaines négociations commerciales entre les industriels de l'agroalimentaire et les distributeurs, qui démarrent habituellement en novembre."
https://www.latribune.fr/economie/france/crise-agricole-les-dossiers-brulants-mis-aux-oubliettes-suite-a-la-dissolution-de-l-assemblee-999557.html
Albert Einstein a dit : le monde est dangereux à vivre, Non pas à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire
mardi 11 juin 2024
Des mois d'arbitrages tendus jetés à la poubelle
Anonyme a ajouté un nouveau commentaire sur votre article "L'oligarchie place l'extrême droite au seuil du pouvoir. La gauche et les écologistes doivent être à la hauteur de ce danger, et s'unir sans barguigner." :
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
2 commentaires:
Paris, reportage
"Sur la façade du siège de France Télévisions, à Paris, l’immense affiche faisant la promotion de la saison 3 de « Drag Race France » est immanquable. Sur la photo, l’animatrice Nicky Doll tient à bout de bras une bouée de sauvetage. Cela tombe bien : si l’association QuotaClimat a organisé un rassemblement à cet endroit le 11 juin, c’est justement pour sauver de la noyade l’émission « Vert de rage » sur France 5. Alors que France Télévisions a annoncé en avril la suppression de ce programme, une cinquantaine de personnes se sont réunies afin de protester contre cette décision.
Toutes les organisations présentes (France Nature Environnement, Notre Affaire à tous, Générations futures, etc.) l’affirment : en ces temps d’urgence écologique, cette émission qui enquête sur les scandales environnementaux est « d’utilité publique ». Et ce, d’autant que l’information écologique ne cesse de subir des attaques, comme en témoignent les menaces qui ont un temps pesé sur le programme « La Terre au carré » sur France inter.
« Actuellement, l’écologie n’occupe que 3 à 5 % de l’espace médiatique et, depuis des mois, le traitement médiatique des sujets environnementaux ne cesse de régresser. À l’heure où l’extrême droite propose de privatiser l’audiovisuel public en cas d’accession au pouvoir, il est encore plus important de manifester aujourd’hui », lance au micro Éva Morel, coprésidente de QuotaClimat, une association militant pour augmenter la place de l’écologie dans les médias.
Les résultats du Rassemblement national (31,5 % des voix) et de Reconquête ! (5,3 %) aux élections européennes du 9 juin sont en effet dans tous les esprits. De même que l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, laquelle laisse craindre une vague brune lors des élections législatives anticipées du 30 juin et 7 juillet.
« L’extrême droite désinforme sans cesse sur la science et le climat. Notre rôle en tant que scientifiques et vulgarisateurs devient donc d’autant plus politique dans ce contexte », assure Terence Saulnier, membre du collectif Scientifiques en rébellion venu apporter son soutien à « Vert de rage », dont le travail rappelle que « la science relève des faits, et pas de l’opinion »."
.../...
https://reporterre.net/France-Televisions-debranche-l-ecologie-des-militants-verts-de-rage
"La France s’est engagée à mettre un terme, d’ici à 2030, à la disparition des espèces menacées connues sur son territoire. Aujourd’hui, pourtant, moins de la moitié d’entre elles sont couvertes par un arrêté de protection, le principal outil réglementaire permettant d’éviter leur destruction. Tel est le résultat de l’analyse détaillée que publie, jeudi 13 juin, le comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Pour la première fois, l’UICN a croisé deux bases de données : la Liste rouge des espèces menacées en France, qui évalue le risque d’extinction de la faune et de la flore, et l’Inventaire national du patrimoine naturel sur le statut de protection. Les arrêtés de protection définissent, pour chaque espèce concernée, une série d’interdictions telles que la destruction d’individus ou de nids, la collecte de plantes, la vente de spécimens ou la dégradation d’habitats.
Ce croisement révèle que plus de 56 % des 2 857 espèces menacées d’extinction, soit 1 610 espèces, ne sont inscrites dans aucun arrêté. « Nous entendons souvent dire qu’il existe trop de mesures de protection de la biodiversité et qu’il y a un besoin de simplification de la réglementation, souligne Florian Kirchner, responsable du programme espèces du comité français de l’UICN, qui a coordonné cette analyse. Or, à l’inverse, nous faisons le constat qu’il y a des lacunes très importantes et que, au niveau de la protection, la France n’y est pas. Protéger des espèces crée des obligations mais, si nous n’agissons pas, nous risquons de voir des animaux et des végétaux disparaître. »
Des arrêtés trop anciens
Le niveau de protection est très variable selon les groupes. Les 18 espèces d’amphibiens menacées et la quasi-totalité des espèces de mammifères et de reptiles bénéficient d’un arrêté. Sur les 319 espèces d’oiseaux, 282 sont couvertes. La proportion s’inverse en revanche totalement pour les poissons, les invertébrés ou les plantes. Si la pêche de certains requins et raies est interdite, aucune des 11 espèces menacées n’est protégée par un arrêté. De même, seulement 3 espèces de crustacés menacées (sur 171), 9 de poissons osseux (sur 98), 15 d’insectes (sur 92) ou 93 de fougères et plantes alliées (sur 288) sont couvertes. La disparité est aussi géographique, la Guadeloupe, la Martinique ou la Polynésie française comptant une très petite proportion d’espèces figurant dans un arrêté.
Ces divergences s’expliquent notamment par un manque d’attention porté à certains végétaux et animaux. « Des espèces, telles que les animaux marins, les mollusques, les araignées ou les plantes, sont beaucoup moins étudiées que d’autres. Le retard des politiques publiques est aussi lié à ce retard de connaissances », note Florian Kirchner. La première liste rouge des araignées de métropole n’a par exemple été publiée qu’en avril 2023, et celle sur les champignons qu’en avril 2024."
(…)
https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/06/13/plus-de-la-moitie-des-2-900-especes-menacees-d-extinction-en-france-ne-sont-pas-directement-protegees_6239423_3244.html
Enregistrer un commentaire