Verbaliser « va dégoûter les agriculteurs de faire des écobuages »
"Autant de faits qui pourraient faire l’objet de contraventions. Mais la direction du Parc national des Cévennes, malgré les constats de ses agents, a préféré éviter la confrontation. « Si on verbalise, si on continue de les stigmatiser, on va dégoûter les agriculteurs de faire des écobuages, approuve Jean-François Maurin, président de la FNSEA de Lozère. Ce sera une perte pour les exploitations agricoles, mais aussi de milieux ouverts pour la biodiversité, et dans la lutte contre les feux de forêt. » Pour FNE, ce qui a plutôt joué dans la décision du parc est une « pression économique très forte », commente Olivier Gourbinot. « Pour toucher les primes de la PAC [politique agricole commune], les agriculteurs ont besoin de maintenir les terres pâturables. » Y pratiquer l’écobuage est la technique la plus simple.
La direction du Parc national ne conteste pas ces infractions. Mais elle défend le choix de la sensibilisation. « Il y a une méconnaissance de l’arrêté préfectoral, constate Denis Lenganey, chef du service connaissance et veille du territoire du Parc. C’est pour cela qu’on a décidé de retourner à la rencontre des principaux agriculteurs concernés. On a fourni des cartographies des milieux sensibles et en particulier les tourbières, on leur a dit qu’on était à leur disposition pour des visites de terrain. »
Une sensibilisation qui ne semble pas fonctionner pour tout le monde. Deux agriculteurs ont également été auditionnés comme témoins par la gendarmerie. Ce sont les exploitants des parcelles de forêt écobuées. Il leur est reproché d’avoir fait un feu à moins de 200 mètres d’une forêt. Les deux assurent bien connaître l’arrêté préfectoral. Mais ils défendent une pratique traditionnelle : « Tous les entretiens de sous-bois se font par écobuage », dit l’un. « J’ai fait comme j’ai appris depuis toujours », soutient l’autre. Il se félicite qu’en sous-bois, « le sol a été nettoyé ». Face à la même photo du bois sept mois après le passage du feu, les agents du parc, eux, déplorent un « sol dénudé ». L’enquête s’est arrêtée là.
« Il y aura toujours quelques récalcitrants, admet de son côté Jean-François Maurin. Mais je pense quand même que les agriculteurs ont pris conscience des enjeux. » La direction du Parc national plaide également pour ne pas mettre tous les agriculteurs dans le même panier. « Certains ne savent vraiment pas. Plusieurs sont venus aux formations proposées », explique Denis Lenganey. Après la phase d’information, il promet que suivra une phase de contrôle.
Le Parc national des Cévennes est dans une situation délicate, il doit arriver à faire cohabiter préservation du vivant et activités économiques du territoire. Sa charte défend l’écobuage en tant que « pratique utile pour l’entretien des milieux ouverts en complément du pâturage ». Mais il ne faut pas que cette pratique « conduise à la destruction de zones naturelles classées », plaide Olivier Gourbinot côté FNE, demandant tout simplement une application du droit de l’environnement. « Pour cela, il faut contrôler, et sanctionner les dérives.»
2 commentaires:
https://infoccitanie.fr/gard-nimes-et-sauve-reconnues-en-etat-de-catastrophe-naturelle/
Verbaliser « va dégoûter les agriculteurs de faire des écobuages »
"Autant de faits qui pourraient faire l’objet de contraventions. Mais la direction du Parc national des Cévennes, malgré les constats de ses agents, a préféré éviter la confrontation. « Si on verbalise, si on continue de les stigmatiser, on va dégoûter les agriculteurs de faire des écobuages, approuve Jean-François Maurin, président de la FNSEA de Lozère. Ce sera une perte pour les exploitations agricoles, mais aussi de milieux ouverts pour la biodiversité, et dans la lutte contre les feux de forêt. » Pour FNE, ce qui a plutôt joué dans la décision du parc est une « pression économique très forte », commente Olivier Gourbinot. « Pour toucher les primes de la PAC [politique agricole commune], les agriculteurs ont besoin de maintenir les terres pâturables. » Y pratiquer l’écobuage est la technique la plus simple.
La direction du Parc national ne conteste pas ces infractions. Mais elle défend le choix de la sensibilisation. « Il y a une méconnaissance de l’arrêté préfectoral, constate Denis Lenganey, chef du service connaissance et veille du territoire du Parc. C’est pour cela qu’on a décidé de retourner à la rencontre des principaux agriculteurs concernés. On a fourni des cartographies des milieux sensibles et en particulier les tourbières, on leur a dit qu’on était à leur disposition pour des visites de terrain. »
Une sensibilisation qui ne semble pas fonctionner pour tout le monde. Deux agriculteurs ont également été auditionnés comme témoins par la gendarmerie. Ce sont les exploitants des parcelles de forêt écobuées. Il leur est reproché d’avoir fait un feu à moins de 200 mètres d’une forêt. Les deux assurent bien connaître l’arrêté préfectoral. Mais ils défendent une pratique traditionnelle : « Tous les entretiens de sous-bois se font par écobuage », dit l’un. « J’ai fait comme j’ai appris depuis toujours », soutient l’autre. Il se félicite qu’en sous-bois, « le sol a été nettoyé ». Face à la même photo du bois sept mois après le passage du feu, les agents du parc, eux, déplorent un « sol dénudé ». L’enquête s’est arrêtée là.
« Il y aura toujours quelques récalcitrants, admet de son côté Jean-François Maurin. Mais je pense quand même que les agriculteurs ont pris conscience des enjeux. » La direction du Parc national plaide également pour ne pas mettre tous les agriculteurs dans le même panier. « Certains ne savent vraiment pas. Plusieurs sont venus aux formations proposées », explique Denis Lenganey. Après la phase d’information, il promet que suivra une phase de contrôle.
Le Parc national des Cévennes est dans une situation délicate, il doit arriver à faire cohabiter préservation du vivant et activités économiques du territoire. Sa charte défend l’écobuage en tant que « pratique utile pour l’entretien des milieux ouverts en complément du pâturage ». Mais il ne faut pas que cette pratique « conduise à la destruction de zones naturelles classées », plaide Olivier Gourbinot côté FNE, demandant tout simplement une application du droit de l’environnement. « Pour cela, il faut contrôler, et sanctionner les dérives.»
https://reporterre.net/Feux-de-paturage-dans-les-Cevennes-des-agriculteurs-impunis
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