mercredi 18 juillet 2018

Centre-ville d'Alès : une cohabitation tendue entre commerçants et "marginaux"

Centre-ville d'Alès : une cohabitation tendue entre commerçants et "marginaux"

Centre-ville d'Alès : une cohabitation tendue entre commerçants et "marginaux"

L'occupation par des marginaux de certains trottoirs alésiens déclenche un ras-le-bol des professionnels.

"Il va finir par y avoir un drame", lâche Franck Pocher, gérant du Café Gambrinus. De nombreux commerçants autour du tout nouveau square Arnaud-Beltrame, mais aussi ailleurs dans le centre-ville d'Alès, affichent un ras-le-bol général.

Des personnes qui occupent des trottoirs, souvent avec leurs chiens et en bande, qu'ils qualifient de "marginaux" leur posent problème. "Quand ils sont en groupe, ils crient, se disputent, il y a les chiens..., abonde Gilles Bourgade, lui aussi gérant du Gambrinus. Ils viennent mendier aux clients. Et le pire, c'est qu'ils sont agressifs."

La dernière fois, il y en a un qui a sorti un couteau !

De nombreuses altercations ont même eu lieu ces dernières semaines : "Lorsqu'on lui a demandé de partir, il s'est énervé et a montré ses parties génitales à toute la terrasse, y compris à des enfants. Les parents sont allés déposer une plainte. Et la dernière fois, il y en a un qui a sorti un couteau !, racontent, lassés, les patrons du café. On n'ose même pas aller faire les papiers dans le bureau par peur qu'il ne se passe quelque chose devant."

Ils espèrent des mesures : "Nous avons envoyé des courriers au maire, au procureur... Nous pensons même à faire des actions avec d'autres commerçants comme placer des pancartes pour alerter sur la situation."

L'économie impactée

Dans une rue adjacente, un autre commerçant se dit lui aussi désemparé. "On a fait une pétition. Comment peut-on revitaliser le centre-ville avec des personnes qui se promènent torse nu en état d'ébriété ?" Il confie même avoir été menacé un soir où il fermait sa boutique : "Sans aucune raison, il m'a dit qu'il avait envie de me poignarder..."

Pour lui, c'est une catastrophe pour l'économie de la ville. "Les gens sont mal à l'aise, ils ne peuvent pas faire de lèche-vitrines. De notre côté, on fait des efforts, on ouvre le dimanche pour certaines occasions, la ville est embellie avec de nouvelles places, des squares. Et d'un autre côté, rien n'est fait pour les marginaux. Je suis sûr que si je me mettais à insulter les gens dans la rue, comme eux, je serais vite réprimandé." Installé depuis un an dans sa ville d'origine, il songe même à partir. "Si on ne fait rien, on va à l'échec."

Il faut parvenir à instaurer un dialogue

Il se sent un peu révolté face à ce mode de vie. "J'ai déjà essayé de discuter avec eux, ils disent que c'est un choix. Il y en a un qui m'a avoué se faire 80 € par jour ! Nous, il arrive que nous fassions 80 heures par semaine !"

"Il faut trouver un terrain d'entente entre leur envie de rester marginaux et la sécurité des commerçants, des passants. Il faut parvenir à instaurer un dialogue", estime Dominique Grinda-Deras, présidente de l'union des commerçants d'Alès.

Réglementation faible

Du côté de la municipalité, on assure prendre en compte de la situation. "Je sais qu'ils piquent des verres sur les terrasses, que c'est insupportable. Mais nous manquons de moyens juridiques, la réglementation est insuffisante", se défend Max Roustan. Le maire affirme avoir déjà discuté de ce sujet avec le tout nouveau sous-préfet, Jean Rampon, "ça pourrait être l'objet de notre première table ronde".

L'élu regrette que les structures mises à disposition de ce type de population ne soient pas suffisamment exploitées. "Elles sont payées par nos impôts, ils ne sont pas à la rue. Ces personnes-là sont différentes des "vrais SDF"."

" J'ai bien conscience que ça pose problème "

La Clède propose un accueil de jour et un lieu de domiciliation pour les SDF et personnes précaires. Les premiers éléments d'hygiène y sont mis à disposition. La structure a enregistré 8 507 passages en 2017, ce qui représente 643 personnes, dont 505 nouvelles. "Ce sont des personnes avec qui nous n'avons pas encore tissé de lien, ici nous créons une relation de confiance avec les personnes accueillies, insiste Michel Bouquet. Il y a un échange avec les travailleurs sociaux sur comment ça se passe dans la rue mais quand ils sont dehors, en groupe, c'est différent. Ça ne crée pas une dynamique positive. J'ai bien conscience que ça pose problème. Il y a eu une évolution depuis environ trois ans, il y a beaucoup plus de violences, d'addictions." Alors La Clède a déposé une proposition à la Direction de la cohésion sociale : "Nous souhaitons faire des maraudes de jour. Un peu sur le même système que celles de la Croix-Rouge mais pour discuter, pour essayer de travailler sur le respect des habitants et des habitations."

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