L'extrême droite tue ![]()
Du RN aux groupuscules violents, Libé passe au crible l'extrême droite
L'extrême droite tue. La chose a longtemps tenu de l'évidence statistique, avant que par une inversion orwellienne du sens des mots et de la vérité, les antifascistes ne soient présentés comme les vrais fascistes, les antiracistes comme les vrais racistes, et des partis républicains comme les véritables dangers pour la République. A l'aide d'un empire médiatique entièrement tendu vers ce seul but, l'extrême droite et la droite extrême saturent désormais le débat public de leurs obsessions, leurs raisonnements et leurs cibles, déshumanisant toujours plus les populations désignées comme indésirables – l'immigration qui ne serait pas «une chance», selon les mots du ministre de l'Intérieur ; les «OQTF» qu'il faudrait déporter à Saint-Pierre-et-Miquelon selon Laurent Wauquiez, chef de file de la droite à l'Assemblée ; «les banlieues», désignées en bloc comme responsables des dégradations du week-end…
Dans ce climat, le racisme prospère et devient une opinion parmi d'autres. Début mai, des néonazis n'ont-ils pas défilé dans les rues de Paris, au rythme des tambours des Jeunesses hitlériennes, recouverts de runes et de tatouages néonazis, avant de lever le bras en hommage à l'un de leurs morts ? En février, un local antifasciste n'a-t-il pas été attaqué par un groupe de nervis violents au son de «Paris est nazi» ? Comme désinhibés, certains franchissent le pas. C'est le cas de Christophe B., principal suspect d'un attentat dans le Var qui a fait un mort et un blessé samedi. Dans son manifeste, il désigne les «bicots» comme ses ennemis, et le Rassemblement national comme le parti à porter au pouvoir. Si Marine Le Pen comme Jordan Bardella ont condamné l'acte, il est difficile pour eux de nier l'évidence : c'est dans les rangs de leurs sympathisants, avant tout, que se recrutent les candidats au passage à l'acte raciste.![]()
Nicolas Massol, journaliste chargé du suivi de l'extrême droite au service Politique de Libération
Scellé sur la porte de l'habitation de Hichem Miraoui, victime de Christophe B., à Puget-sur-Argens, le 3 juin 2025. (laurent Carre/Libération)
L'évènement
«Votez bien la prochaine fois» : le manifeste raciste de Christophe B., suspect de l'attaque terroriste de Puget-sur-Argens
Un véritable manifeste terroriste, «allégeance» comprise. Une vidéo d'un peu moins d'une minute trente, postée par le principal suspect de l'attentat dans le Var, sans ambiguïté : «Arrêtez de vous faire enculer par ces putains de bâtards de bicots de mes deux. Tous ces bicots de mes deux. Là je vais sortir je vais faire un petit carton déjà.» Dans d'autres vidéos, retrouvées par Libé, Christophe B. mentionne explicitement le Rassemblement national, appelle «les Français» à commettre d'autres attentats et à «vote[r] bien»…
Marine Le Pen à Nouméa, le 28 mai. (Delphine Mayeur/AFP)
Mare aux droitards
«Vous êtes en train de nous donner des leçons !» A Nouméa, Marine Le Pen se met à dos les loyalistes les plus radicaux
Des sifflets et des huées : le plan de Marine Le Pen pour la Nouvelle-Calédonie ne fait pas que des heureux dans le camp des loyalistes, ceux qui s'opposent à la décolonisation de l'île, soutiens traditionnels du FN devenu RN. Le prix à payer pour tenter de passer pour une modérée.
…Après avoir elle-même tancé Jordan Bardella sur le dossier calédonien
Un déplacement aussi mouvementé que stratégique, donc, et qui lui aura aussi servi à marquer son territoire. A ce stade empêchée par la justice en vue de la prochaine course à l'Elysée, Marine Le Pen n'entend pas laisser son dauphin, Jordan Bardella, rêver trop grand. Et le rabroue à distance.
Comment l'empire Bolloré remet en selle Philippe de Villiers, un aristo plus si has been
Retailleau, Zemmour, Bolloré, Buisson… La (longue) carrière de l'ancienne gloire de la droite réactionnaire est jalonnée de noms qui font l'actualité. Surtout celle des droites extrêmes. Alors qu'on le croyait fini, relégué à son Puy-du-Fou, Philippe de Villiers revient en force avec ses prêches anti-woke et ses fantasmes d'un «génocide de la nation» supposément en cours. Enquête sur la croisade culturelle d'un «has-been qui prêchait dans un désert» devenu «star des néo-conservateurs français».
L'actuel député de la 7e circonscription de l'Hérault, Aurélien Lopez-Liguori, à l'Assemblée nationale, en octobre 2023. (Karim Daher/Hans Lucas)
C'est arrivé près de chez vous
Chèques en blanc, argent liquide, mandataire bidon : l'étrange campagne du député RN Aurélien Lopez-Liguori
L'ancien mandataire financier du député RN de l'Hérault affirme avoir laissé les mains libres, lors des législatives de 2022, aux parents de l'élu. Il a déposé plainte et les accuse d'usurpation d'identité.
Deux militants néonazis interpellés en marge du rassemblement d'extrême droite du «C9M» et renvoyés en Allemagne
Deux militants néonazis allemands ont été interpellés la veille du «C9M», le défilé parisien de leurs homologues français qui a défrayé la chronique, début mai, après une bagarre dans un bar. Tous deux ont été «trouvés en possession d'un couteau, d'un aérosol de gaz lacrymogène et de stickers supportant des phrases en lien avec l'idéologie néonazie», selon la police, qui précise que l'un d'eux «aurait effectué un salut nazi lors du différend».
Karol Nawrocki entouré de ses proches, à Varsovie, le 1er juin 2025. (Aleksandra Szmigiel/REUTERS)
Extrême droite sans frontières
En Pologne, la victoire du nationaliste Karol Nawrocki à la présidentielle et le risque de replonger dans l'illibéralisme
Ni ses liens documentés avec des réseaux proxénètes, ni sa connivence avec le monde criminel ou celui des hooligans n'ont dissuadé les électeurs polonais d'élire Karol Nawrocki à la présidence de la république polonaise. Une élection qui fait craindre un retour à une politique conservatrice.
Lors du rassemblement contre l'agression dont a été victime Le bar le Prolé, à Alès, le 2 juin 2025. (David Richard/Libération)
Lignes de front
A Alès, la gauche rassemblée contre «le poison» de l'extrême droite après l'attaque d'un bar associatif
Dans la nuit du 30 au 31 mai, plusieurs personnes ont violemment agressé, en pleine feria, des communistes au bar associatif Le Prolé. Lundi 2 juin, des militants de gauche et citoyens ont appelé à «résister» contre l'extrême droite.
La justice saisie après des appels au meurtre sur un groupe Facebook dont plusieurs députés RN étaient membres
«Il nous manque un mec à petite moustache. Tout serait fini très vite. Désolé j'ai oublié son prénom» ; «Déjà, les sionistes dehors ! Vous n'avez pas à commander le peuple ! Et toute la merde planétaire que vous avez fait rentrer pour hybrider la France, elle dégage avec vous !» ; «Défendez-vous contre les envahisseurs» ; «Faut anéantir l'islam»… Ces paisibles propos ont tous été tenus sur le groupe Facebook «La France avec Jordan Bardella», géré jusqu'à la semaine dernière par plusieurs cadres, ex-candidats et collaborateurs parlementaires du RN, et dont pas moins de neuf députés de la formation étaient membres… jusqu'à ce que le site les Jours ne les contacte pour leur demander quelques explications. Notamment la raison pour laquelle aucun de ces commentaires n'a été modéré ni ses membres exclus quand les posts pro-Zemmour étaient, eux, chassés avec une sévérité biblique. Après les révélations de nos confrères, le député insoumis Thomas Portes, lui-même régulièrement la cible de menaces de l'extrême droite, a annoncé saisir lundi soir la procureure de la République de Paris au titre de l'article 40 pour appel au meurtre, provocation à la haine raciale et injures à caractère raciste.
Une newsletter hebdomadaire réalisée par le service politique de Libération
Frontal #94 par Dominique Albertini, Tristan Berteloot, Maxime Macé et Pierre Plottu avec Lilian Alemagna, Stéphanie Maurice, Maxime Pionneau et Carole Suhas.
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