Albert Einstein a dit : le monde est dangereux à vivre, Non pas à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire
jeudi 20 décembre 2018
mercredi 19 décembre 2018
mardi 18 décembre 2018
Nouveau commentaire sur L'intelligence des élites et l'incompétence du peu....
Gilets Jaunes : le retour fracassant de la lutte des classes.
«.../...Par son mépris, sa politique fiscale favorable aux plus aisés et la succession de mesures nocives pour les plus modestes (réforme du code du travail, désindexation des pensions de retraites et des allocations familiales, réforme de l'assurance-chômage…), le président du « nouveau monde » a paradoxalement réactivé la bonne vieille lutte des classes. Sa personnalité même a rendu visible la mainmise des classes supérieures sur les moindres décisions politiques, leur relative indifférence à l'égard des moins bien nées qu'elles et leur séparatisme croissant vis-à-vis du reste de la population. Autrement dit, les « petites phrases » de Macron en disent plus long sur sa sociologie que sur sa psychologie.
La hausse des taxes sur le carburant a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase de la conscience de classe croissante de la population : ce sentiment diffus d'être méprisé, malmené, sans cesse sermonné pour un mode de vie qu'on n'a pas choisi et par un gouvernement qui ni ne parle pour nous ni ne nous ressemble. Dès le début du mouvement des gilets jaunes, le mépris des élites a été le combustible d'une colère qui s'est étendue à l'ensemble du territoire : la bonne conscience écologique érigée en nouvelle morale de la classe bourgeoise a été la dernière expression de sa morgue, face à un mouvement devenu explosif et face auquel elle doit désormais faire le dos rond. Les images de belles voitures retournées et brûlées ont fait le tour du monde, tandis que faisaient irruption pendant nos journaux télévisés des personnes jusqu'ici absentes de nos écrans : les employés, les ouvriers, les chômeurs. Souvent des femmes, exprimant sans filtre la galère de leur quotidien, le stress des fins de mois, la rage que leur inspire le ton doucereux de nos gouvernants. Quel contraste avec le rythme normal de notre télévision, dont les intervenants sont à 60% des cadres, selon le baromètre de la diversité du CSA !
Et plus la parole s'est libérée, plus ces visages sont apparus sur nos écrans, plus le mouvement s'est intensifié. La classe populaire a trouvé dans le gilet jaune son nouvel étendard. Est-ce le drapeau rouge de l'âge d'or du mouvement ouvrier ? Une chose est sûre : comme les classes laborieuses d'antan, les gilets jaunes font fuir le bourgeois. La première enquête sur la composition sociologique du mouvement fait état d'une surreprésentation des employés et une sous-représentation des cadres. Dans l'opinion, la tendance est la même : si 62% des ouvriers soutiennent le mouvement, ce n'est le cas que de 25% des cadres et professions intellectuelles supérieures. Le gilet jaune ne se met porte pas sur un costume ou avec des baskets blanches.
Pour l'ensemble du peuple français, cette résurgence d'un conflit de classe est une très bonne nouvelle : quoi de pire qu'une guerre invisible, menée par une oligarchie toujours plus puissante contre un peuple divisé et sans cesse diverti par les obsessions identitaires et les clivages factices – CDI contre précaires, salariés contre indépendants, nationalistes contre « progressistes » ? La lutte des classes que les gilets jaunes ont rouvert rend la démocratie plus forte : en nous permettant d'identifier clairement nos adversaires, elle rend la confrontation possible. Pour l'oligarchie, quelle que soit l'issue du mouvement, les années fastes sont terminées.»
Nicolas Framont dans Marianne.net
18/12/2018
«.../...Par son mépris, sa politique fiscale favorable aux plus aisés et la succession de mesures nocives pour les plus modestes (réforme du code du travail, désindexation des pensions de retraites et des allocations familiales, réforme de l'assurance-chômage…), le président du « nouveau monde » a paradoxalement réactivé la bonne vieille lutte des classes. Sa personnalité même a rendu visible la mainmise des classes supérieures sur les moindres décisions politiques, leur relative indifférence à l'égard des moins bien nées qu'elles et leur séparatisme croissant vis-à-vis du reste de la population. Autrement dit, les « petites phrases » de Macron en disent plus long sur sa sociologie que sur sa psychologie.
La hausse des taxes sur le carburant a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase de la conscience de classe croissante de la population : ce sentiment diffus d'être méprisé, malmené, sans cesse sermonné pour un mode de vie qu'on n'a pas choisi et par un gouvernement qui ni ne parle pour nous ni ne nous ressemble. Dès le début du mouvement des gilets jaunes, le mépris des élites a été le combustible d'une colère qui s'est étendue à l'ensemble du territoire : la bonne conscience écologique érigée en nouvelle morale de la classe bourgeoise a été la dernière expression de sa morgue, face à un mouvement devenu explosif et face auquel elle doit désormais faire le dos rond. Les images de belles voitures retournées et brûlées ont fait le tour du monde, tandis que faisaient irruption pendant nos journaux télévisés des personnes jusqu'ici absentes de nos écrans : les employés, les ouvriers, les chômeurs. Souvent des femmes, exprimant sans filtre la galère de leur quotidien, le stress des fins de mois, la rage que leur inspire le ton doucereux de nos gouvernants. Quel contraste avec le rythme normal de notre télévision, dont les intervenants sont à 60% des cadres, selon le baromètre de la diversité du CSA !
Et plus la parole s'est libérée, plus ces visages sont apparus sur nos écrans, plus le mouvement s'est intensifié. La classe populaire a trouvé dans le gilet jaune son nouvel étendard. Est-ce le drapeau rouge de l'âge d'or du mouvement ouvrier ? Une chose est sûre : comme les classes laborieuses d'antan, les gilets jaunes font fuir le bourgeois. La première enquête sur la composition sociologique du mouvement fait état d'une surreprésentation des employés et une sous-représentation des cadres. Dans l'opinion, la tendance est la même : si 62% des ouvriers soutiennent le mouvement, ce n'est le cas que de 25% des cadres et professions intellectuelles supérieures. Le gilet jaune ne se met porte pas sur un costume ou avec des baskets blanches.
Pour l'ensemble du peuple français, cette résurgence d'un conflit de classe est une très bonne nouvelle : quoi de pire qu'une guerre invisible, menée par une oligarchie toujours plus puissante contre un peuple divisé et sans cesse diverti par les obsessions identitaires et les clivages factices – CDI contre précaires, salariés contre indépendants, nationalistes contre « progressistes » ? La lutte des classes que les gilets jaunes ont rouvert rend la démocratie plus forte : en nous permettant d'identifier clairement nos adversaires, elle rend la confrontation possible. Pour l'oligarchie, quelle que soit l'issue du mouvement, les années fastes sont terminées.»
Nicolas Framont dans Marianne.net
18/12/2018
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