Le permis national de chasser va passer de 400 à 200 euros
Le 14 mars 2017, Emmanuel Macron, alors candidat En marche! à l'élection présidentielle, était invité à l'assemblée générale de la Fédération nationale des chasseurs (FNC), à Paris. Un passage presque obligatoire pour l'ex-ministre de l'Économie, alors que ce loisir est pratiqué par environ 1,2 million de personnes en France. Pourtant, le futur successeur de François Hollande est, avec François Fillon, le seul candidat à se présenter devant l'assemblée. Énarque, ex-banquier, le candidat Macron semble bien éloigné des préoccupations du monde de la chasse. Pourtant, lors de son allocution, il se déclare favorable à la chasse, une pratique qu'il juge «formidable». Il évoque même un potentiel retour des chasses présidentielles, «fascinantes» selon lui.
Le monde de la chasse, de son côté, est toujours aussi contesté, notamment par les défenseurs de la cause animale. Les différents accidents survenus en 2017 - il y en aurait entre 125 et 150 par an, selon l'Office national de chasse et de la faune sauvage (ONCFS) - n'ont pas arrangé la situation. Qu'à cela ne tienne, Emmanuel Macron, lui, a pleinement intégré la cause des chasseurs dans son programme de campagne. Devenu président de la République, il a reçu le 15 février, à l'Élysée, Willy Schraen, le président de la FNC, Thierry Coste, conseiller politique de la FNC et François Patriat, sénateur de la Côte-d'Or. Lors de cette réunion de travail, le chef de l'État a donné son feu vert pour réformer la chasse.
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Attirer les jeunes
La réforme de la chasse passe par une mesure particulièrement symbolique: la baisse du prix du permis. Il devrait passer d'environ 400 euros aujourd'hui à 200 euros. Contacté par Le Figaro, Thierry Coste se félicite de cette mesure: «Nous sommes très satisfaits de voir que, pour la première fois, un président porte un intérêt majeur pour la chasse.»
Cette baisse ne concernera que le permis de chasse national, soit environ 100.000 personnes, d'après la FNC. Elle devrait d'abord permettre d'attirer plus de jeunes chasseurs: «Nous avons beaucoup de personnes, âgées de 30-40 ans, qui n'ont pas toujours de gros moyens et veulent pouvoir exercer leur passion à plusieurs endroits en France. Le permis national permet de chasser partout mais était très cher, alors que le permis départemental est plus accessible, mais ne permet pas d'exercer partout. Cela va donc être attrayant pour les jeunes générations», assure Thierry Coste.
Si le gouvernement respecte son engagement, cette mesure devrait être inscrite dans la prochaine loi de finance à l'automne 2018, pour une mise en application le 1er juillet 2019. Du côté de la FNC, on admet que cette baisse puisse être assimilée à un «cadeau financier», mais on tient à préciser que le coût du permis de chasse n'est «pas l'argent du contribuable, mais la contribution obligatoire des chasseurs pour avoir la validation annuelle du permis».
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Une réforme globale
La baisse du prix du permis de chasse s'inscrit dans une réforme beaucoup plus large. Le gouvernement a ainsi validé à la mi-février une trentaine de propositions faites par la FNC:
- Des simplifications sont prévues, notamment sur l'accessibilité de la chasse. Par exemple, la fédération veut permettre de passer l'examen du permis en un week-end, le soir et durant les congés, au lieu de quatre jours aujourd'hui. «Cela fait 20-25 ans que nous attendons des simplifications», affirme Thierry Coste. «Nous avons beaucoup plus de candidats ces temps-ci, mais ils doivent bloquer quatre jours et parfois, certains ne vont pas au bout de l'examen».
- Autre axe de développement, la meilleure gestion des espèces, ou «gestion adaptative»: il s'agit de mettre en place des quotas de prélèvements plus souples, selon les espèces. Si une espèce va bien, elle pourra être plus chassée, et inversement. Des bilans réguliers seront effectués afin d'ajuster régulièrement ces quotas. La FNC souhaite des expérimentations sur des espèces comme les oies, les cormorans, ou les ortolans.
- La FNC souhaite aussi réformer l'indemnisation des dégâts de gibier, pris en charge intégralement par les chasseurs à hauteur de 50 millions d'euros par an: «Il y a des tensions très fortes dans certains départements où il n'y a pas de chasse et où les populations de certaines espèces sont difficiles à réguler», indique Thierry Coste.
- Enfin, la nouvelle réforme devrait permettre le gonflement des effectifs de la police de l'environnement. «La police de l'environnement est financée aux trois quarts par le monde de la chasse, alors que c'est une mission régalienne de l'État. Nous voulons la mise en place d'une vraie police de la nature», détaille Thierry Coste.
Si Emmanuel Macron a d'ores et déjà validé les idées de la FNC, des ajustements doivent encore être effectués lors de points d'étapes réguliers. Le prochain doit avoir lieu à la fin du mois de juin.