"Les groupes d'actions de la France insoumise d'Alès, la section locale du parti communiste, la jeune garde Montpellier et l'association "Furiouz Monkeyz" ont le plaisir de vous inviter à
Une conférence débat du député LFI-NFP Raphaël Arnault sur les dangers de l'extrême droite samedi 2 Novembre à 18H30, place Danièle Casanova à Alès
Une petite restauration avec animation est prévue sur place après l'évènement."
****
Les dangers de l'extrême-droite.
Conférence-débat avec le député NFP Raphaël Arnault, samedi 2 novembre - 18h30 - Maison du Peuple, Tamaris.
"L'étendue des idées d'extrême-droite en France, est telle que le RN se trouve aux portes du pouvoir, bien aidé en cela par la droite, de Macron à LR. Menaçant, le RN dont les idées se fondent sur la haine et le racisme pour mieux servir les dominants est déjà à l'œuvre dans ce gouvernement Barnier, dont le budget est parmi les plus à droite qu'ait connu la 5ème République ; les riches sont aux anges !
Le RN menace aussi la ville d'Alès où deux députés RN sont désormais élus, avec le soutien implicite de Messieurs Roustan et Rivenq. Animés par l'antifascisme qui est inscrit dans notre ADN, c'est le sens de notre participation à cette conférence-débat avec la ferme volonté de le combattre : en éclairant les citoyens sur l'imposture du RN (ex. la réforme des retraites - tract ci-dessous) ; en œuvrant dans le même temps à des solutions politiques qui répondent en profondeur aux détresses des travailleurs, aux désastres environnementaux et climatiques, à toutes formes de domination."
*****
"Les élus communistes pas très à l’aise avec la venue du député controversé. Si "le combat est légitime" selon les élus PCF, les méthodes semblent déranger. " (…)
"Le Parquet national financier a ouvert une enquête sur les agissements de l’ancien fonctionnaire de Bercy devenu député UDR du Gard. Ce trentenaire au parcours atypique cultive un style qui tranche avec la quête de respectabilité de l’extrême droite. Dimanche 20 octobre, avant la Foire de la pomme et de l’oignon doux des Cévennes, dans la petite commune du Vigan (Gard), Alexandre Allegret-Pilot, député de la 5e circonscription élu sous l’étiquette LR-RN d’Eric Ciotti, avait annoncé sa venue sur les réseaux sociaux en narguant ses adversaires. Sur place, il s’est retrouvé enfariné de la tête aux pieds. Une quarantaine de personnes l’ont accueilli avec de la purée d’oignons, aux cris de « RN dehors ! », vidant un sac de farine sur son costume bleu et distribuant des tracts sur lesquels il apparaît caricaturé en parachuté, des casseroles accrochées aux pieds. Dans l’une de ces vidéos qu’il a l’habitude de publier sur son compte X, le nouvel élu de 35 ans – désormais affilié à l’Union des droites pour la République (UDR), le parti d’Eric Ciotti allié avec l’extrême droite – a annoncé avoir porté plainte pour injures et violences. Deux jours plus tard, à l’Assemblée nationale, il interpellait le gouvernement pour appeler à « dissoudre les groupuscules d’extrême gauche » : « Il a fallu quinze gendarmes pour m’extraire de l’hystérie fasciste rouge alimentée par le mythe du prétendu front républicain. » « Ce n’était pas une extraction, on l’a juste accompagné pour quitter la place, car il voulait rester », corrige un gendarme, qui fait état d’une atmosphère électrique depuis trois mois. L’incident est, en effet, révélateur du climat tendu régnant dans ce coin des Cévennes depuis son élection (51,58 %) face au député sortant La France insoumise, Michel Sala." (…)
"Rarement un député aura entamé son mandat avec autant de procédures judiciaires lancées à son encontre. Selon nos informations, Alexandre Allegret-Pilot est sous le coup d’une enquête du Parquet national financier après les révélations du Monde autour d’un arrêté illégal qu’il a signé, en pleine campagne électorale, pour ouvrir un prêt de 1,3 million d’euros à une entreprise inexistante. Alors fonctionnaire au ministère de l’économie, il avait tenté de convaincre un viticulteur de l’Ain en détresse de céder son domaine à l’un de ses amis.
Depuis, en dépit de l’enquête en cours et de son départ du ministère, M. Allegret-Pilot a de nouveau persuadé le vigneron qu’il pouvait l’aider à décrocher un prêt – quand bien même celuici ne peut y prétendre – et qu’il serait victime d’une cabale de ses anciens supérieurs de Bercy. Parallèlement, l’ex-bâtonnier Nordine Tria, candidat sans étiquette (1,12 %) dans cette circonscription du Gard, a déposé au Conseil constitutionnel un recours en annulation de l’élection, au motif qu’Alexandre Allegret-Pilot ne pouvait à la fois exercer comme fonctionnaire de Bercy et mener campagne pour se faire élire. L’intéressé, enfin, fait l’objet d’une plainte en diffamation de son adversaire Michel Sala et d’une main courante de Régis Bayle, élu régional socialiste, après des « menaces » que ce dernier affirme avoir reçues.
En réaction, le député, qui siège à la commission des affaires économiques, sature ses réseaux sociaux de fanfaronnades au style trumpiste. Le 2 octobre, il se filme, nonchalant, dans son bureau du Palais-Bourbon, montre l’écran de retransmission « sur lequel on peut voir tout ce qui se passe dans l’Hémicycle, c’est-à-dire rien », exhibe une coquille de boxe pour protéger ses testicules des mauvais coups ou un sac de protéines en poudre pour gagner en muscles. Ironique, il désigne un siège vide : son assistant parlementaire, Nathan Casano, ex-candidat aux législatives de 2022 dans le Gard, déclaré inéligible par le Conseil constitutionnel pour n’avoir déposé aucun compte de campagne, est absent. Le même jour, le député poste des photos de lui dans un club de tir, « parce qu’il s’agit de mettre dans le mille ». « J’ai pu perfectionner ma concentration et mon style », insiste-t-il, une main dans une poche, un pistolet dans l’autre. Malgré tout, son président de groupe, Eric Ciotti, qui l’a recruté par téléphone à trois semaines du scrutin et l’a rencontré pour la première fois au lendemain de l’élection, s’affiche serein. « Il m’a assuré qu’il n’avait rien fait d’illégal et que l’affaire du prêt avait été validée par sa hiérarchie, indique au Monde l’ex-patron du parti Les Républicains. Je ne fais pas de procès préalable. Ce qui est embêtant, c’est d’être condamné. » Eric Ciotti invoque la « compétence manifeste » de cet énarque sur les « sujets économiques et budgétaires », denrée précieuse pour une extrême droite en quête de respectabilité.".(…)
"Montagnard, avocat, fonctionnaire, élu local, investisseur… Mais qui est, sous les multiples étiquettes qu’il s’accole, Alexandre Allegret-Pilot ? Sollicité, celui-ci n’a pas souhaité répondre. Tous ceux qui l’ont croisé, du lycée aux couloirs de Bercy, en passant par l’Ecole nationale d’administration (ENA), où il a été élève dans la promotion Molière (2018-2019), racontent un jeune homme à double face. « C’est le docteur Jekyll et Mister Hyde », lâche un agent de la direction générale des entreprises à Bercy. « On s’est dit qu’il était mégalo » Après avoir grandi en Haute-Savoie dans une famille bourgeoise, il entre en classe préparatoire autrès chic lycée du Parc, à Lyon. Il s’y constitue un réseau d’amis passionnés de trails en montagne et désireux d’intégrer une grande école de commerce. Pour le jeune Alexandre, ce sera l’Essec. Mais l’étudiant court tous les chemins à la fois, au point que le doute s’instille chez ses camarades. « A chaque fois, il nous sortait un nouveau diplôme, ça partait tous azimuts, c’était à donner le tournis, se souvient Maxime, qui l’a connu en école de commerce. On s’est dit qu’il était mégalo. » Pêle-mêle, Allegret-Pilot arbore sur son profil LinkedIn, en plus de son master à l’Essec en 2013, une licence en biologie à l’université d’Aix-Marseille, un master d’HEC en 2016, deux masters de droit et d’économie à Paris-I Panthéon-Sorbonne, un master de finances et stratégies au Dartmouth College, aux Etats-Unis, une certification en ligne en finances d’entreprise à la NYU Stern School of Business, un master de mathématiques à l’Ecole polytechnique… Mais aussi le certificat d’aptitude à la profession d’avocat et, pour finir, l’ENA. A-t-il enjolivé un CV déjà clinquant ? A l’X, on ne trouve nulle trace de l’intéressé, qui aurait, en réalité, obtenu un diplôme conjoint avec l’université Paris-VI. Les autres universités sollicitées refusent de confirmer ces diplômes. Son passage à l’ENA, sésame d’un emploi à vie, interroge encore davantage ses anciens collègues. En 2016, Alexandre Allegret-Pilot, alors âgé de 27 ans, réussit le troisième concours, cette voie ouverte à ceux qui ont exercé au moins huit ans d’activité professionnelle, selon l’article 19 de la loi du 11 janvier 1984, et réputée moins sélective que les autres. Il aurait ainsi commencé à travailler pour l’entreprise de son père, la société 4A Engineering, à l’âge de 19 ans, en parallèle de ses études. Or, précise l’ENA, devenue depuis l’Institut national du service public (INSP), « la qualité d’étudiant ne constitue pas une activité professionnelle au sens de l’article précité ». Resteque la loi « n’exige pas une quantité de travail, mais une durée d’activité professionnelle rémunérée ». Comment Alexandre Allegret-Pilot a-t-il pu travailler huit ans dans une société basée à Fillière (Haute-Savoie) tout en suivant une myriade de formations d’excellence à Paris ? L’école des cadres de l’Etat ne s’est pas montrée très regardante. « A partir du moment où un contrat de travail existe, indépendamment du fait qu’il ait travaillé ou non, il peut passer le concours. L’Etat ne contrôle pas la réalité du travail », reconnaît Patrick Gérard, directeur de l’ENA de 2017 à 2021. D’anciens élèves de la promotion Molière se souviennent, eux, qu’Alexandre Allegret-Pilot se vantait d’avoir rusé pour intégrer l’école de Strasbourg. Ils rappellent aussi que, mécontent de son rang, le jeune Allegret-Pilot, déjà batailleur et procédurier, avait contesté le classement de sortie de l’ENA devant le Conseil d’Etat. Avec son association de « promotion du partage des savoirs, du tutorat et de l’entraide pour une vie meilleure », il arguait très sérieusement dans son recours, en 2020, qu’il aurait eu moins de temps que les autres pour rédiger une dissertation (cinq heures, cinquante-huit minutes et quarante-cinq secondes au lieu de six heures). Le rapporteur du Palais Royal note qu’il a, en réalité, disposé de plus de temps que ses camarades… Requête rejetée." ,(…)
"En 2018, M. Allegret-Pilot, amateur de sports de combat, notamment de pancrace, avait déjà tenté d’obtenir du Conseil d’Etat la légalisation des arts martiaux mixtes (MMA). L’élèvefonctionnaire et avocat pro bono de l’association CNK & MMA voulait faire annuler un arrêté du ministre des sports concernant l’« interdiction des coups de coude et des coups visant un combattant au sol ». Peu convaincu, le Conseil d’Etat avait pointé la « brutalité » de la discipline et rejeté la requête, « faiblement argumentée ». Arrivé à Bercy en 2020, il va exercer sa mission à sa façon, sur une ligne de crête. Tire-au-flanc aux yeux de nombre de ses collègues, il est décrit comme peu présent, désinvesti des dossiers sensibles ou urgents. Et joue sur plusieurs tableaux. Affecté au bureau des grands événements sportifs au ministère, le fonctionnaire fait, en parallèle, la publicité et organise des levées de fonds pour une marque de vêtements de trail, The Masherbrum Company, dont il est l’associé, et se présente comme investisseur dans diverses sociétés. « Un agent public n’est pas censé faire la promotion d’entreprises privées, a fortiori s’il a un lien avec elles. C’est contraire à la déontologie de la fonction publique », rappelle une administratrice de l’Etat qui l’a côtoyé. Son alliance avec l’extrême droite, enfin, a pris de court ses anciens amis comme ses collègues. Dès 2020, pourtant, il montrait un autre visage. Sur les réseaux sociaux, il cible alors des scientifiques du GIEC, dont il critique la « dimension militante et politique », des syndicats « noyautés par le délire woke », des activistes dénonçant les féminicides qu’il qualifie de « dégénérés ». Lorsque la chaîne de supermarchés Migros retire une friandise au chocolat au nomcontroversé (« tête de Maure »), il moque « ce niveau de tapettisation sociale ». Devenu député, il poursuit sur sa lancée, participant à la vague de harcèlement et de haine contre Thomas Jolly, directeur artistique de Paris 2024, qu’il associe à un « fléau woke », ou contre la DJ Barbara Butch, dont il raille la corpulence : « Vous en avez assez ? On gave bien les oies. » Malgré ses excès, le Haut-Savoyard a l’art de se tirer des situations délicates par un culot hors norme et une force de conviction certaine. Son adversaire aux législatives dans le Gard Michel Sala dit s’être « retrouvé face à quelqu’un qui n’hésite pas à mentir éhontément. Il fonce, il balance des fake news, il ne sait pas s’arrêter. Il n’a aucune gêne, c’est assez déboussolant ». Régis Bayle, président PS de la communauté de communes du Pays viganais, n’est pas près d’oublier sa rencontre avec lui, au soir du second tour de ces élections : « J’étais seul dans la rue, il est venu vers moi pour me menacer : “Priez pour que je n’aie pas à vous recroiser.” Il avait un regard haineux. Je l’ai laissé entrer dans le bureau de vote. Là, il voulait tout vérifier, les enveloppes vierges, les procès-verbaux. Il cherchait à créer un incident. C’est la première fois qu’on voyait ce genre de comportement à une élection. » Le candidat allié au RN avait alors insisté pour inscrire au PV que les assesseurs avaient apporté une bouteille de pastis pour l’apéritif… Comme pour préparer sa contre-attaque en cas de défaite, et peaufiner une nouvelle mise en scène."
5 commentaires:
Bonjour à tous et toutes,
"Les groupes d'actions de la France insoumise d'Alès, la section locale du parti communiste, la jeune garde Montpellier et l'association "Furiouz Monkeyz" ont le plaisir de vous inviter à
Une conférence débat du député LFI-NFP Raphaël Arnault sur les dangers de l'extrême droite samedi 2 Novembre à 18H30, place Danièle Casanova à Alès
Une petite restauration avec animation est prévue sur place après l'évènement."
****
Les dangers de l'extrême-droite.
Conférence-débat avec le député NFP Raphaël Arnault, samedi 2 novembre - 18h30 - Maison du Peuple, Tamaris.
"L'étendue des idées d'extrême-droite en France, est telle que le RN se trouve aux portes du pouvoir, bien aidé en cela par la droite, de Macron à LR. Menaçant, le RN dont les idées se fondent sur la haine et le racisme pour mieux servir les dominants est déjà à l'œuvre dans ce gouvernement Barnier, dont le budget est parmi les plus à droite qu'ait connu la 5ème République ; les riches sont aux anges !
Le RN menace aussi la ville d'Alès où deux députés RN sont désormais élus, avec le soutien implicite de Messieurs Roustan et Rivenq.
Animés par l'antifascisme qui est inscrit dans notre ADN, c'est le sens de notre participation à cette conférence-débat avec la ferme volonté de le combattre :
en éclairant les citoyens sur l'imposture du RN (ex. la réforme des retraites - tract ci-dessous) ;
en œuvrant dans le même temps à des solutions politiques qui répondent en profondeur aux détresses des travailleurs, aux désastres environnementaux et climatiques, à toutes formes de domination."
*****
"Les élus communistes pas très à l’aise avec la venue du député controversé. Si "le combat est légitime" selon les élus PCF, les méthodes semblent déranger. "
(…)
https://www.midilibre.fr/2024/10/31/le-depute-raphael-arnault-a-ales-une-conference-sur-les-dangers-de-lextreme-droite-boudee-par-les-elus-pcf-12296043.php
ENQUÊTE ( "LE MONDE" 1/11/2024)
PARTIE 1.
"Le Parquet national financier a ouvert une enquête sur les agissements de l’ancien fonctionnaire de Bercy devenu député UDR du Gard. Ce trentenaire au parcours atypique cultive un style qui
tranche avec la quête de respectabilité de l’extrême droite.
Dimanche 20 octobre, avant la Foire de la pomme et de l’oignon doux des Cévennes, dans la
petite commune du Vigan (Gard), Alexandre Allegret-Pilot, député de la 5e circonscription élu
sous l’étiquette LR-RN d’Eric Ciotti, avait annoncé sa venue sur les réseaux sociaux en narguant
ses adversaires. Sur place, il s’est retrouvé enfariné de la tête aux pieds. Une quarantaine de
personnes l’ont accueilli avec de la purée d’oignons, aux cris de « RN dehors ! », vidant un sac de
farine sur son costume bleu et distribuant des tracts sur lesquels il apparaît caricaturé en
parachuté, des casseroles accrochées aux pieds.
Dans l’une de ces vidéos qu’il a l’habitude de publier sur son compte X, le nouvel élu de 35 ans –
désormais affilié à l’Union des droites pour la République (UDR), le parti d’Eric Ciotti allié avec
l’extrême droite – a annoncé avoir porté plainte pour injures et violences. Deux jours plus tard, à
l’Assemblée nationale, il interpellait le gouvernement pour appeler à « dissoudre les groupuscules d’extrême gauche » : « Il a fallu quinze gendarmes pour m’extraire de l’hystérie fasciste rouge alimentée par le mythe du prétendu front républicain. »
« Ce n’était pas une extraction, on l’a juste accompagné pour quitter la place, car il voulait
rester », corrige un gendarme, qui fait état d’une atmosphère électrique depuis trois mois.
L’incident est, en effet, révélateur du climat tendu régnant dans ce coin des Cévennes depuis son
élection (51,58 %) face au député sortant La France insoumise, Michel Sala."
(…)
ENQUÊTE LE MONDE 1/11/2024
PARTIE 2 (...)
Fanfaronnades au style trumpiste.
"Rarement un député aura entamé son mandat avec autant de procédures judiciaires lancées à
son encontre. Selon nos informations, Alexandre Allegret-Pilot est sous le coup d’une enquête du Parquet national financier après les révélations du Monde autour d’un arrêté illégal qu’il a signé, en pleine campagne électorale, pour ouvrir un prêt de 1,3 million d’euros à une entreprise
inexistante. Alors fonctionnaire au ministère de l’économie, il avait tenté de convaincre un
viticulteur de l’Ain en détresse de céder son domaine à l’un de ses amis.
Depuis, en dépit de l’enquête en cours et de son départ du ministère, M. Allegret-Pilot a de
nouveau persuadé le vigneron qu’il pouvait l’aider à décrocher un prêt – quand bien même celuici ne peut y prétendre – et qu’il serait victime d’une cabale de ses anciens supérieurs de Bercy.
Parallèlement, l’ex-bâtonnier Nordine Tria, candidat sans étiquette (1,12 %) dans cette
circonscription du Gard, a déposé au Conseil constitutionnel un recours en annulation de
l’élection, au motif qu’Alexandre Allegret-Pilot ne pouvait à la fois exercer comme fonctionnaire de Bercy et mener campagne pour se faire élire. L’intéressé, enfin, fait l’objet d’une plainte en
diffamation de son adversaire Michel Sala et d’une main courante de Régis Bayle, élu régional
socialiste, après des « menaces » que ce dernier affirme avoir reçues.
En réaction, le député, qui siège à la commission des affaires économiques, sature ses réseaux
sociaux de fanfaronnades au style trumpiste. Le 2 octobre, il se filme, nonchalant, dans son
bureau du Palais-Bourbon, montre l’écran de retransmission « sur lequel on peut voir tout ce qui
se passe dans l’Hémicycle, c’est-à-dire rien », exhibe une coquille de boxe pour protéger ses
testicules des mauvais coups ou un sac de protéines en poudre pour gagner en muscles.
Ironique, il désigne un siège vide : son assistant parlementaire, Nathan Casano, ex-candidat aux
législatives de 2022 dans le Gard, déclaré inéligible par le Conseil constitutionnel pour n’avoir
déposé aucun compte de campagne, est absent. Le même jour, le député poste des photos de lui dans un club de tir, « parce qu’il s’agit de mettre dans le mille ». « J’ai pu perfectionner ma
concentration et mon style », insiste-t-il, une main dans une poche, un pistolet dans l’autre.
Malgré tout, son président de groupe, Eric Ciotti, qui l’a recruté par téléphone à trois semaines du
scrutin et l’a rencontré pour la première fois au lendemain de l’élection, s’affiche serein. « Il m’a
assuré qu’il n’avait rien fait d’illégal et que l’affaire du prêt avait été validée par sa hiérarchie,
indique au Monde l’ex-patron du parti Les Républicains. Je ne fais pas de procès préalable. Ce
qui est embêtant, c’est d’être condamné. » Eric Ciotti invoque la « compétence manifeste » de cet
énarque sur les « sujets économiques et budgétaires », denrée précieuse pour une extrême droite
en quête de respectabilité.".(…)
LE MONDE 1/11/2024
PARTIE 3 (…)
"Montagnard, avocat, fonctionnaire, élu local, investisseur… Mais qui est, sous les multiples
étiquettes qu’il s’accole, Alexandre Allegret-Pilot ? Sollicité, celui-ci n’a pas souhaité répondre.
Tous ceux qui l’ont croisé, du lycée aux couloirs de Bercy, en passant par l’Ecole nationale
d’administration (ENA), où il a été élève dans la promotion Molière (2018-2019), racontent un
jeune homme à double face. « C’est le docteur Jekyll et Mister Hyde », lâche un agent de la
direction générale des entreprises à Bercy.
« On s’est dit qu’il était mégalo »
Après avoir grandi en Haute-Savoie dans une famille bourgeoise, il entre en classe préparatoire autrès chic lycée du Parc, à Lyon. Il s’y constitue un réseau d’amis passionnés de trails en
montagne et désireux d’intégrer une grande école de commerce. Pour le jeune Alexandre, ce sera
l’Essec. Mais l’étudiant court tous les chemins à la fois, au point que le doute s’instille chez ses
camarades. « A chaque fois, il nous sortait un nouveau diplôme, ça partait tous azimuts, c’était à
donner le tournis, se souvient Maxime, qui l’a connu en école de commerce. On s’est dit qu’il
était mégalo. »
Pêle-mêle, Allegret-Pilot arbore sur son profil LinkedIn, en plus de son master à l’Essec en 2013,
une licence en biologie à l’université d’Aix-Marseille, un master d’HEC en 2016, deux masters de
droit et d’économie à Paris-I Panthéon-Sorbonne, un master de finances et stratégies au
Dartmouth College, aux Etats-Unis, une certification en ligne en finances d’entreprise à la NYU
Stern School of Business, un master de mathématiques à l’Ecole polytechnique… Mais aussi le
certificat d’aptitude à la profession d’avocat et, pour finir, l’ENA.
A-t-il enjolivé un CV déjà clinquant ? A l’X, on ne trouve nulle trace de l’intéressé, qui aurait, en
réalité, obtenu un diplôme conjoint avec l’université Paris-VI. Les autres universités sollicitées
refusent de confirmer ces diplômes. Son passage à l’ENA, sésame d’un emploi à vie, interroge
encore davantage ses anciens collègues.
En 2016, Alexandre Allegret-Pilot, alors âgé de 27 ans, réussit le troisième concours, cette voie
ouverte à ceux qui ont exercé au moins huit ans d’activité professionnelle, selon l’article 19 de la
loi du 11 janvier 1984, et réputée moins sélective que les autres. Il aurait ainsi commencé à
travailler pour l’entreprise de son père, la société 4A Engineering, à l’âge de 19 ans, en parallèle
de ses études. Or, précise l’ENA, devenue depuis l’Institut national du service public (INSP), « la
qualité d’étudiant ne constitue pas une activité professionnelle au sens de l’article précité ». Resteque la loi « n’exige pas une quantité de travail, mais une durée d’activité professionnelle
rémunérée ».
Comment Alexandre Allegret-Pilot a-t-il pu travailler huit ans dans une société basée à Fillière
(Haute-Savoie) tout en suivant une myriade de formations d’excellence à Paris ? L’école des
cadres de l’Etat ne s’est pas montrée très regardante. « A partir du moment où un contrat de
travail existe, indépendamment du fait qu’il ait travaillé ou non, il peut passer le concours. L’Etat
ne contrôle pas la réalité du travail », reconnaît Patrick Gérard, directeur de l’ENA de 2017 à 2021.
D’anciens élèves de la promotion Molière se souviennent, eux, qu’Alexandre Allegret-Pilot se
vantait d’avoir rusé pour intégrer l’école de Strasbourg. Ils rappellent aussi que, mécontent de son
rang, le jeune Allegret-Pilot, déjà batailleur et procédurier, avait contesté le classement de sortie
de l’ENA devant le Conseil d’Etat. Avec son association de « promotion du partage des savoirs,
du tutorat et de l’entraide pour une vie meilleure », il arguait très sérieusement dans son recours,
en 2020, qu’il aurait eu moins de temps que les autres pour rédiger une dissertation (cinq heures,
cinquante-huit minutes et quarante-cinq secondes au lieu de six heures). Le rapporteur du Palais Royal note qu’il a, en réalité, disposé de plus de temps que ses camarades… Requête rejetée."
,(…)
ENQUÊTE LE MONDE 1/11/2024
PARTIE 4 (…)
"En 2018, M. Allegret-Pilot, amateur de sports de combat, notamment de pancrace, avait déjà
tenté d’obtenir du Conseil d’Etat la légalisation des arts martiaux mixtes (MMA). L’élèvefonctionnaire et avocat pro bono de l’association CNK & MMA voulait faire annuler un arrêté du ministre des sports concernant l’« interdiction des coups de coude et des coups visant un combattant au sol ». Peu convaincu, le Conseil d’Etat avait pointé la « brutalité » de la discipline et rejeté la requête, « faiblement argumentée ».
Arrivé à Bercy en 2020, il va exercer sa mission à sa façon, sur une ligne de crête. Tire-au-flanc
aux yeux de nombre de ses collègues, il est décrit comme peu présent, désinvesti des dossiers
sensibles ou urgents. Et joue sur plusieurs tableaux. Affecté au bureau des grands événements
sportifs au ministère, le fonctionnaire fait, en parallèle, la publicité et organise des levées de fonds pour une marque de vêtements de trail, The Masherbrum Company, dont il est l’associé, et se présente comme investisseur dans diverses sociétés. « Un agent public n’est pas censé faire la promotion d’entreprises privées, a fortiori s’il a un lien avec elles. C’est contraire à la déontologie de la fonction publique », rappelle une administratrice de l’Etat qui l’a côtoyé.
Son alliance avec l’extrême droite, enfin, a pris de court ses anciens amis comme ses collègues.
Dès 2020, pourtant, il montrait un autre visage. Sur les réseaux sociaux, il cible alors des
scientifiques du GIEC, dont il critique la « dimension militante et politique », des syndicats
« noyautés par le délire woke », des activistes dénonçant les féminicides qu’il qualifie de
« dégénérés ». Lorsque la chaîne de supermarchés Migros retire une friandise au chocolat au nomcontroversé (« tête de Maure »), il moque « ce niveau de tapettisation sociale ». Devenu député, il poursuit sur sa lancée, participant à la vague de harcèlement et de haine contre Thomas Jolly, directeur artistique de Paris 2024, qu’il associe à un « fléau woke », ou contre la DJ Barbara Butch, dont il raille la corpulence : « Vous en avez assez ? On gave bien les oies. »
Malgré ses excès, le Haut-Savoyard a l’art de se tirer des situations délicates par un culot hors
norme et une force de conviction certaine. Son adversaire aux législatives dans le Gard Michel
Sala dit s’être « retrouvé face à quelqu’un qui n’hésite pas à mentir éhontément. Il fonce, il
balance des fake news, il ne sait pas s’arrêter. Il n’a aucune gêne, c’est assez déboussolant ».
Régis Bayle, président PS de la communauté de communes du Pays viganais, n’est pas près
d’oublier sa rencontre avec lui, au soir du second tour de ces élections : « J’étais seul dans la rue,
il est venu vers moi pour me menacer : “Priez pour que je n’aie pas à vous recroiser.” Il avait un
regard haineux. Je l’ai laissé entrer dans le bureau de vote. Là, il voulait tout vérifier, les
enveloppes vierges, les procès-verbaux. Il cherchait à créer un incident. C’est la première fois
qu’on voyait ce genre de comportement à une élection. » Le candidat allié au RN avait alors
insisté pour inscrire au PV que les assesseurs avaient apporté une bouteille de pastis pour
l’apéritif… Comme pour préparer sa contre-attaque en cas de défaite, et peaufiner une nouvelle
mise en scène."
Vanessa Schneider
Ivanne Trippenbac
Enregistrer un commentaire