Créée en 2019 pour lutter contre la délinquance dans le monde agricole, la cellule Demeter suscite la défiance des associations environnementales. Elles accusent les pouvoirs publics de criminaliser la critique du modèle agricole dominant. (...)
“Cette cellule Demeter légitime la violence locale du monde agricole productiviste. Et pour nous, ça devient dangereux. Désormais, nous sommes ciblés. Par exemple, des panneaux fleurissent en Corrèze, où l’on peut lire : ‘Respecte l’agriculteur ou dégage !’ ou : ‘Office français de la biodiversité. Bienvenue en enfer !’”
Un instrument au service de la FNSEA ?
"Autre sujet de polémique : La cellule Demeter s’appuie sur une convention de partenariat signée entre la FNSEA, les Jeunes agriculteurs (JA) et le ministère de l’Intérieur ainsi que la Direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN). Cette convention prévoit “de renforcer, de façon significative, leur partenariat pour parfaire la sécurité des exploitations agricoles”. Mais les autres syndicats agricoles n’ont pas été associés à cette convention.
“Nous avions besoin d’avoir un meilleur échange avec les gendarmes", assure Arnaud Lespagnol de la FNSEA. "Les agriculteurs voient ce qu'il se passe dans le monde rural, ils doivent travailler avec eux pour être en quelque sorte leurs informateurs. Avec la suppression de certaines gendarmeries, la relation avec le terrain était devenue plus compliquée. Quand des gendarmes doivent patrouiller sur cinquante communes au lieu de dix auparavant, il est beaucoup plus difficile de faire remonter l’information.”
Une analyse fermement contestée par des syndicats plus critiques vis-à-vis du modèle agricole actuel, comme la Confédération paysanne. “On va mettre un képi dans la tête des gens", s’insurge Emmanuel Louail de la Confédération paysanne des Côtes d’Armor. "En tant que paysans, nous avons vécu la mise en place de ce dispositif comme un coup de massue : avec la cellule Demeter, on répond à côté de la plaque à de vrais problèmes, alimentaires, financiers ou climatiques, auxquels il faudrait apporter une véritable solution. Les vols et les intrusions dans les fermes servent d’excuses pour criminaliser toute critique du système agroalimentaire.” (...)
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Créée en 2019 pour lutter contre la délinquance dans le monde agricole, la cellule Demeter suscite la défiance des associations environnementales. Elles accusent les pouvoirs publics de criminaliser la critique du modèle agricole dominant.
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“Cette cellule Demeter légitime la violence locale du monde agricole productiviste. Et pour nous, ça devient dangereux. Désormais, nous sommes ciblés. Par exemple, des panneaux fleurissent en Corrèze, où l’on peut lire : ‘Respecte l’agriculteur ou dégage !’ ou : ‘Office français de la biodiversité. Bienvenue en enfer !’”
Un instrument au service de la FNSEA ?
"Autre sujet de polémique : La cellule Demeter s’appuie sur une convention de partenariat signée entre la FNSEA, les Jeunes agriculteurs (JA) et le ministère de l’Intérieur ainsi que la Direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN). Cette convention prévoit “de renforcer, de façon significative, leur partenariat pour parfaire la sécurité des exploitations agricoles”. Mais les autres syndicats agricoles n’ont pas été associés à cette convention.
“Nous avions besoin d’avoir un meilleur échange avec les gendarmes", assure Arnaud Lespagnol de la FNSEA. "Les agriculteurs voient ce qu'il se passe dans le monde rural, ils doivent travailler avec eux pour être en quelque sorte leurs informateurs. Avec la suppression de certaines gendarmeries, la relation avec le terrain était devenue plus compliquée. Quand des gendarmes doivent patrouiller sur cinquante communes au lieu de dix auparavant, il est beaucoup plus difficile de faire remonter l’information.”
Une analyse fermement contestée par des syndicats plus critiques vis-à-vis du modèle agricole actuel, comme la Confédération paysanne. “On va mettre un képi dans la tête des gens", s’insurge Emmanuel Louail de la Confédération paysanne des Côtes d’Armor. "En tant que paysans, nous avons vécu la mise en place de ce dispositif comme un coup de massue : avec la cellule Demeter, on répond à côté de la plaque à de vrais problèmes, alimentaires, financiers ou climatiques, auxquels il faudrait apporter une véritable solution. Les vols et les intrusions dans les fermes servent d’excuses pour criminaliser toute critique du système agroalimentaire.”
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https://www.franceinter.fr/societe/les-opposants-a-l-agriculture-intensive-dans-le-viseur-de-la-cellule-demeter
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