Vanessa Codaccioni : « L’État nous pousse à agir comme la police »
Promouvoir la surveillance de tous par tous. Voilà ce que veut l’État, comme l’explique Vanessa Codaccioni dans son dernier ouvrage, « La société de vigilance ». Et en plus d’appeler les citoyens à la délation, il les surveille toujours plus en renforçant les pouvoirs de la police, comme l’illustre la loi de « sécurité globale ».
"Ce samedi 16 janvier, près d’une centaine de marches des libertés devraient à nouveau avoir lieu en France, contre la proposition de loi relative à la « sécurité globale ». La mesure phare du texte, qui limite la diffusion des images des forces de l’ordre, devrait être remaniée. Reste un arsenal de dispositions pour, notamment, renforcer les capacités de surveillance des forces de l’ordre via la généralisation de l’utilisation des drones ou de caméras-piétons — des petites caméras portées par les agents pour filmer les interventions.
Autant de mesures qui font écho à ce que décrit la politologue et historienne Vanessa Codaccioni, dans son ouvrage paru début janvier, La société de vigilance. Autosurveillance, délation et haines sécuritaires (Textuel, 2021).
Signaler au commissariat que son voisin a reçu des invités en plein confinement ; rapporter à la police que son cousin s’est laissé pousser la barbe et va souvent à la mosquée ; inciter les enseignants à informer leur hiérarchie des propos « antirépublicains » d’un enfant… La chercheuse recense et analyse des pratiques de plus en plus encouragées par les gouvernements pour faire de chacun de nous un œil au service de l’ordre établi et promouvoir la surveillance de tous par tous." .../...
À Paris, une rave party en marge de la manif contre la loi sécurité globale LeHuffPost
https://youtu.be/wu-KeArauWw
Les "teufeurs" ont dénoncé les restrictions de libertés pendant la pandémie et les "sanctions disproportionnées" contre les organisateurs de la rave party de Lieuron.
Montpellier : super pêche de rentrée en manif contre les lois liberticides
La mobilisation a réussi à enjamber la longue trêve des confiseurs, et se ragaillardir en marchant depuis La Paillade jusqu’au centre ville, revigorée à l’énergie techno.
"En arrivant sur la Comédie ce samedi vers 14h30, avec plus de six kilomètres de manif dans les pattes, et plus de deux années de mobilisation intense dans les mémoires, on pouvait éprouver de la fierté. Fierté à se dire que le gouvernement en place, malgré toute sa violence, malgré ses états d’exception permanente, malgré le covid, n’arrive toujours pas à ce que ce pays, et notamment cette ville, se tiennent sages. Fierté, quoi.
Il y avait beaucoup de choses à observer, beaucoup de questions qui se posaient, pour ce premier grand rendez-vous unitaire de l’année contre les lois liberticides. Après une interminable trêve des confiseurs, juste parsemée des rendez-vous obstinés des gilets jaunes de Prés d’Arènes, combien de manifestants allaient se rassembler ? Tout semble permis à ce pouvoir, comme encore de nouveaux décrets permettant le fichage des seules opinions, les jonglages entre loi de sécurité globale et loi de renforcement du caractère autoritaire des supposés principes républicains, serrage de vis sanitaire et convocation d’un Beauvau policier. Cinq cents personnes réunies à La Paillade à partir de 11 heures, et le triple à l’arrivée sur la Comédie, ne s’en sont pas laissé conter. Et ont pu se compter." .../...
"Sur un parcours, dans des espaces, et avec une ardeur inaccoutumés, le cortège est toujous resté effervescent, nerveux, débordant, non sans rappeler quelque chose des déferlantes de gilets jaunes, d’ailleurs présents en nombre non négligeable. En chemin, quelques graphs rageurs (ACAB!), et plusieurs nettoyages par le vide, hyper efficaces, de l’agression publicitaire sur les arrêts de tram, garderont les traces de l’humeur ambiante. Très divers en âges comme en profils, les manifestants auraient pu adhérer au slogan d’un manifestant appelant en free-style au micro à ce que « le samedi soit décrété le jour de la politique », la politique « de tous ». Il est à qui, le samedi ? A qui ? A qui ? A qui ?
Le très long, presque épuisant parcours, a permis quelques haltes symboliques bien frappées. Sur le grand rond-point des chaises à la sortie de La Paillade, un premier discours des organisateurs a dressé l’accablante synthèse des violences policières, qui font « qu’on ne peut plus parler de bavures ou de dérapages isolés ». Cette violence « est systémique ». Cela parce que « les gouvernements ont besoin de protéger et de soutenir les forces policières » qui sont pour eux « un élément clé pour soutenir leurs politiques, pour contraindre la société à des changements qu’elle ne veut pas ».
Stop, « il n’est pas possible d’accepter cela; pas possible de vivre dans un tel pays». Puis arrivé en centre-ville, c’est devant la Sécu qu’on s’interrogeait sur la nature de ces politiques qui génèrent tant de violence d’État. [...]"
Armés de ces convictions, les manifestants se répandaient enfin sur la Comédie, et jusque sur l’Esplanade, façon teuf pour les uns, et pause repos pour les autres. C’était une place un peu folle, façon forum en liberté, plutôt que centre commercial déguisé. Alors il fallait que la police montrât comment elle déteste tout le monde, chargeant et gazant une cinquantaine de personnes, passants compris, et enfants dans le lot, qui ne faisaient que tarder un peu à se disperser. [...]
On ne sait si les commerçants vont s’émouvoir des exactions des fauteurs de touble en uniformes, qui peut-être cherchaient à créer prétexte à une future interdiction de rassemblement ? Car en pleine période de soldes, les défenseurs des droits à manifester, ont déjà pris rendez-vous pour le 30 janvier."
«Je suis venu à cette manif et j’ai accepté avec plaisir de prendre cette pancarte parce que je ne trouve pas normal que quelqu’un risque la prison parce qu’il aurait participé à l’organisation d’une soirée. Et, de mon point de vue, organiser une fête comme ça, ça ne se fait pas seul. Il va prendre pour tous, pour l’exemple.» «Sous couvert du Covid, la culture et toutes les libertés sont bridées. On tend de plus en plus vers un Etat répressif», déplore Vincent." (...)
4 commentaires:
Vanessa Codaccioni : « L’État nous pousse à agir comme la police »
Promouvoir la surveillance de tous par tous. Voilà ce que veut l’État, comme l’explique Vanessa Codaccioni dans son dernier ouvrage, « La société de vigilance ». Et en plus d’appeler les citoyens à la délation, il les surveille toujours plus en renforçant les pouvoirs de la police, comme l’illustre la loi de « sécurité globale ».
"Ce samedi 16 janvier, près d’une centaine de marches des libertés devraient à nouveau avoir lieu en France, contre la proposition de loi relative à la « sécurité globale ». La mesure phare du texte, qui limite la diffusion des images des forces de l’ordre, devrait être remaniée. Reste un arsenal de dispositions pour, notamment, renforcer les capacités de surveillance des forces de l’ordre via la généralisation de l’utilisation des drones ou de caméras-piétons — des petites caméras portées par les agents pour filmer les interventions.
Autant de mesures qui font écho à ce que décrit la politologue et historienne Vanessa Codaccioni, dans son ouvrage paru début janvier, La société de vigilance. Autosurveillance, délation et haines sécuritaires (Textuel, 2021).
Signaler au commissariat que son voisin a reçu des invités en plein confinement ; rapporter à la police que son cousin s’est laissé pousser la barbe et va souvent à la mosquée ; inciter les enseignants à informer leur hiérarchie des propos « antirépublicains » d’un enfant… La chercheuse recense et analyse des pratiques de plus en plus encouragées par les gouvernements pour faire de chacun de nous un œil au service de l’ordre établi et promouvoir la surveillance de tous par tous."
.../...
https://reporterre.net/Vanessa-Codaccioni-L-Etat-nous-pousse-a-agir-comme-la-police
À Paris, une rave party en marge de la manif contre la loi sécurité globale
LeHuffPost
https://youtu.be/wu-KeArauWw
Les "teufeurs" ont dénoncé les restrictions de libertés pendant la pandémie et les "sanctions disproportionnées" contre les organisateurs de la rave party de Lieuron.
Montpellier : super pêche de rentrée en manif contre les lois liberticides
La mobilisation a réussi à enjamber la longue trêve des confiseurs, et se ragaillardir en marchant depuis La Paillade jusqu’au centre ville, revigorée à l’énergie techno.
"En arrivant sur la Comédie ce samedi vers 14h30, avec plus de six kilomètres de manif dans les pattes, et plus de deux années de mobilisation intense dans les mémoires, on pouvait éprouver de la fierté. Fierté à se dire que le gouvernement en place, malgré toute sa violence, malgré ses états d’exception permanente, malgré le covid, n’arrive toujours pas à ce que ce pays, et notamment cette ville, se tiennent sages. Fierté, quoi.
Il y avait beaucoup de choses à observer, beaucoup de questions qui se posaient, pour ce premier grand rendez-vous unitaire de l’année contre les lois liberticides. Après une interminable trêve des confiseurs, juste parsemée des rendez-vous obstinés des gilets jaunes de Prés d’Arènes, combien de manifestants allaient se rassembler ? Tout semble permis à ce pouvoir, comme encore de nouveaux décrets permettant le fichage des seules opinions, les jonglages entre loi de sécurité globale et loi de renforcement du caractère autoritaire des supposés principes républicains, serrage de vis sanitaire et convocation d’un Beauvau policier. Cinq cents personnes réunies à La Paillade à partir de 11 heures, et le triple à l’arrivée sur la Comédie, ne s’en sont pas laissé conter. Et ont pu se compter."
.../...
"Sur un parcours, dans des espaces, et avec une ardeur inaccoutumés, le cortège est toujous resté effervescent, nerveux, débordant, non sans rappeler quelque chose des déferlantes de gilets jaunes, d’ailleurs présents en nombre non négligeable. En chemin, quelques graphs rageurs (ACAB!), et plusieurs nettoyages par le vide, hyper efficaces, de l’agression publicitaire sur les arrêts de tram, garderont les traces de l’humeur ambiante. Très divers en âges comme en profils, les manifestants auraient pu adhérer au slogan d’un manifestant appelant en free-style au micro à ce que « le samedi soit décrété le jour de la politique », la politique « de tous ». Il est à qui, le samedi ? A qui ? A qui ? A qui ?
Le très long, presque épuisant parcours, a permis quelques haltes symboliques bien frappées. Sur le grand rond-point des chaises à la sortie de La Paillade, un premier discours des organisateurs a dressé l’accablante synthèse des violences policières, qui font « qu’on ne peut plus parler de bavures ou de dérapages isolés ». Cette violence « est systémique ». Cela parce que « les gouvernements ont besoin de protéger et de soutenir les forces policières » qui sont pour eux « un élément clé pour soutenir leurs politiques, pour contraindre la société à des changements qu’elle ne veut pas ».
Stop, « il n’est pas possible d’accepter cela; pas possible de vivre dans un tel pays». Puis arrivé en centre-ville, c’est devant la Sécu qu’on s’interrogeait sur la nature de ces politiques qui génèrent tant de violence d’État. [...]"
Armés de ces convictions, les manifestants se répandaient enfin sur la Comédie, et jusque sur l’Esplanade, façon teuf pour les uns, et pause repos pour les autres. C’était une place un peu folle, façon forum en liberté, plutôt que centre commercial déguisé. Alors il fallait que la police montrât comment elle déteste tout le monde, chargeant et gazant une cinquantaine de personnes, passants compris, et enfants dans le lot, qui ne faisaient que tarder un peu à se disperser. [...]
On ne sait si les commerçants vont s’émouvoir des exactions des fauteurs de touble en uniformes, qui peut-être cherchaient à créer prétexte à une future interdiction de rassemblement ? Car en pleine période de soldes, les défenseurs des droits à manifester, ont déjà pris rendez-vous pour le 30 janvier."
https://lepoing.net/montpellier-super-peche-de-rentree-en-manif-contre-les-lois-liberticides/
«Je suis venu à cette manif et j’ai accepté avec plaisir de prendre cette pancarte parce que je ne trouve pas normal que quelqu’un risque la prison parce qu’il aurait participé à l’organisation d’une soirée. Et, de mon point de vue, organiser une fête comme ça, ça ne se fait pas seul. Il va prendre pour tous, pour l’exemple.» «Sous couvert du Covid, la culture et toutes les libertés sont bridées. On tend de plus en plus vers un Etat répressif», déplore Vincent."
(...)
https://www.liberation.fr/france/2021/01/16/manif-de-teufeurs-a-nantes-sous-couvert-du-covid-la-culture-et-les-libertes-sont-bridees_1817805
Enregistrer un commentaire