(...) «Le mouvement se situe en cela à la charnière de deux périodes du capitalisme et de ses modes de gouvernement. Dans son contenu, plus que dans sa forme, il porte des marques du passé mais laisse aussi apercevoir un avenir possible des luttes ou des soulèvements. La critique de l’impôt, la demande de redistribution, de correction des inégalités, s’adressent à un État régulateur alors que celui-ci a en grande partie disparu. Le mouvement veut à la fois moins d’impôt et plus d’État. Il ne s’en prend à ce dernier que dans la mesure où il s’est retiré des zones urbaines et semi-rurales. Et lorsqu’il était question de pouvoir d’achat, jusqu’à ces derniers jours, c’était d’ailleurs en ignorant les salaires qui, plus que les prélèvements, en déterminent pour la plupart le niveau général. Trait remarquable de la période en cours : nul non plus n’a songé, au gouvernement, à blâmer les patrons de leur politique salariale. Une telle restriction, tactiquement incompréhensible, exprime mieux que tout discours, les intérêts que serviront, jusqu’à leur perte, les dirigeants politiques du régime actuel.»(...)
(...) "Ce mouvement est la première 'révolution citoyenne' dans un des pays du centre du capitalisme mondial", veut croire le député des Bouches-du-Rhône. La difficulté des acteurs politiques à appréhender la mobilisation ? Ce serait parce qu'elle "n’entre dans aucune des cases explicatives des pensées politiques dominantes." L'attitude hostile de Benoît Hamon et d'autres à gauche ? La confirmation que "l’obsession anti-populiste et l’hostilité de principe aux choix stratégiques des insoumis ont été de bien piètres boussoles". Les critiques de la presse contre les dérives de certains gilets jaunes ? Le signe, pour Mélenchon, que le "parti médiatique" déploie toute "la palette des bons vieux rayons paralysants" pour faire échouer la "révolution citoyenne".» (...)
«Suivant une fausse information lancée par Jean-Michel Aphatie, plusieurs médias et responsables politiques ont fait du gilet jaune Eric Drouet un électeur du Front national lors de la présidentielle de 2017, attaquant par ricochet son admirateur Jean-Luc Mélenchon, avant que cette figure des gilets jaunes ne démente cette infox mercredi 2 janvier. Coupable ! Mercredi 2 janvier, le verdict médiatique, incarné par l'éditorialiste star Jean-Michel Aphatie, est tombé : Eric Drouet, figure des gilets jaunes, a voté pour Marine Le Pen en 2017 "aux deux tours" de l'élection présidentielle. Jean-Luc Mélenchon était donc bien un rouge-brun, peu républicain mais très suspect d'accointances nauséabondes. Quel rapport ? Le patron de la France Insoumise venait d'afficher son soutien exalté au chauffeur routier révolté, dans un billet de blog. La preuve tant recherchée était livrée. Problème : le principal intéressé a formellement démenti avoir jamais glissé un bulletin Le Pen dans l'urne. Une précision que n'ont pas attendue nombre de journalistes et de politiques pour se ruer sur cette authentique fake news. A croire que la rigueur intellectuelle de certains responsables est parfois indexée au profit politique qu'ils peuvent tirer d'une rumeur.» (...)
3 commentaires:
Contribution à la rupture en cours.
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«Le mouvement se situe en cela à la charnière de deux périodes du capitalisme et de ses modes de gouvernement. Dans son contenu, plus que dans sa forme, il porte des marques du passé mais laisse aussi apercevoir un avenir possible des luttes ou des soulèvements. La critique de l’impôt, la demande de redistribution, de correction des inégalités, s’adressent à un État régulateur alors que celui-ci a en grande partie disparu. Le mouvement veut à la fois moins d’impôt et plus d’État. Il ne s’en prend à ce dernier que dans la mesure où il s’est retiré des zones urbaines et semi-rurales. Et lorsqu’il était question de pouvoir d’achat, jusqu’à ces derniers jours, c’était d’ailleurs en ignorant les salaires qui, plus que les prélèvements, en déterminent pour la plupart le niveau général. Trait remarquable de la période en cours : nul non plus n’a songé, au gouvernement, à blâmer les patrons de leur politique salariale. Une telle restriction, tactiquement incompréhensible, exprime mieux que tout discours, les intérêts que serviront, jusqu’à leur perte, les dirigeants politiques du régime actuel.»(...)
https://lundi.am/Contribution-a-la-rupture-en-cours
(...) "Ce mouvement est la première 'révolution citoyenne' dans un des pays du centre du capitalisme mondial", veut croire le député des Bouches-du-Rhône. La difficulté des acteurs politiques à appréhender la mobilisation ? Ce serait parce qu'elle "n’entre dans aucune des cases explicatives des pensées politiques dominantes." L'attitude hostile de Benoît Hamon et d'autres à gauche ? La confirmation que "l’obsession anti-populiste et l’hostilité de principe aux choix stratégiques des insoumis ont été de bien piètres boussoles". Les critiques de la presse contre les dérives de certains gilets jaunes ? Le signe, pour Mélenchon, que le "parti médiatique" déploie toute "la palette des bons vieux rayons paralysants" pour faire échouer la "révolution citoyenne".» (...)
https://www.marianne.net/politique/les-dessous-du-coup-de-foudre-de-jean-luc-melenchon-pour-eric-drouet-le-gilet-jaune
«Suivant une fausse information lancée par Jean-Michel Aphatie, plusieurs médias et responsables politiques ont fait du gilet jaune Eric Drouet un électeur du Front national lors de la présidentielle de 2017, attaquant par ricochet son admirateur Jean-Luc Mélenchon, avant que cette figure des gilets jaunes ne démente cette infox mercredi 2 janvier.
Coupable ! Mercredi 2 janvier, le verdict médiatique, incarné par l'éditorialiste star Jean-Michel Aphatie, est tombé : Eric Drouet, figure des gilets jaunes, a voté pour Marine Le Pen en 2017 "aux deux tours" de l'élection présidentielle. Jean-Luc Mélenchon était donc bien un rouge-brun, peu républicain mais très suspect d'accointances nauséabondes. Quel rapport ? Le patron de la France Insoumise venait d'afficher son soutien exalté au chauffeur routier révolté, dans un billet de blog. La preuve tant recherchée était livrée. Problème : le principal intéressé a formellement démenti avoir jamais glissé un bulletin Le Pen dans l'urne. Une précision que n'ont pas attendue nombre de journalistes et de politiques pour se ruer sur cette authentique fake news. A croire que la rigueur intellectuelle de certains responsables est parfois indexée au profit politique qu'ils peuvent tirer d'une rumeur.» (...)
https://www.marianne.net/politique/eric-drouet-gilet-jaune-et-electeur-du-fn-recit-d-une-hallucination-politico-mediatique
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