mercredi 11 avril 2018

ALÈS Conseil municipal : le budget passe, Roustan évoque 2020 et Mathéaud prend la porte - Objectif Gard

ALÈS Conseil municipal : le budget passe, Roustan évoque 2020 et Mathéaud prend la porte - Objectif Gard

ALÈS Conseil municipal : le budget passe, Roustan évoque 2020 et Mathéaud prend la porte

Conseil municipal (Photo d'illustration : Eloïse Levesque/Objectif Gard)

Après celui d'Alès Agglomération la semaine dernière (lire ici), c'est le budget de la Ville qui était à l'ordre du jour, ce lundi soir, en conseil municipal. Les opposants de gauche ont voté contre.

Pas d'augmentation d'impôts et un programme « ambitieux, dans la lignée de celui de 2017, grâce à la bonne santé financière de la Ville », souligne le maire, Max Roustan, lors de la présentation détaillée du budget primitif 2018, dont la section investissement s'élève à 23 millions d'euros. « Les crédits d'investissement sont affectés à hauteur de 5 millions d'euros à l'aménagement du cœur de ville », précise le premier magistrat. En effet, plusieurs opérations sont prévues dans les mois à venir comme la création d'un espace dédié aux déplacements doux sur les quais de la rive droite du Gardon, l'ouverture de la place des Martyrs vers le centre-ville avec la démolition de l'ancien bâtiment France Télécom, la construction d'un large escalier pour accéder au Gardon depuis la place Gabriel Péri, etc. Par ailleurs, « une attention particulière est apportée aux écoles », avec 624 500€ de crédits destinés aux établissements scolaires.

Max 2020

Dans l'opposition, Jean-Michel Suau est le premier à entonner sa ritournelle, s'attaquant directement au maire : « en réalité, vous êtes favorable aux politiques d'austérité même si vous criez le contraire. Vos choix ne sont pas des contre-feux ni des points de résistance à la politique nationale, mais ils contribuent à aggraver la situation de nos populations. »

« M. Suau, répond le maire, je vous rappelle que les dépenses qui sont là, ce sont les Alésiens qui les ont demandées. Ensuite, vous êtes des farceurs au Parti communiste ! Quand on fait du cinéma à l'Agglo, on doit être capable d'en faire dans sa commune ! Car vos camarades, ils votent leur budget à l'unanimité dans leurs communes et viennent donner des leçons de morale ici. Alors vos leçons, vous vous les gardez et vous les ressortirez dans deux ans. Ça m'aidera beaucoup pour ma réélection ! » 

La charge de Mathéaud

Après Suau, Mathéaud. L'ancien candidat aux Municipales relance un dossier qui lui est cher : les frais de bouche, « en augmentation de 60% » dans le budget présenté. « Il faudrait peut-être stopper la plaisanterie à l'heure où les problèmes structurels de notre ville n'ont pas été réglés. Nous ne gagnons pas d'habitants, notre cœur de ville continue à s'enfoncer dans le marasme, les rues sont sales, la voirie se dégrade… Vos talents en matière de communication ne peuvent pas masquer la réalité de votre gestion, sans vision cohérente et stratégique. » Roustan se contentera de rétorquer à son opposant qu'il est « insupportable » et que la hausse des frais de bouche s'explique par le retour de la Semaine cévenole. Et encore une fois, « ce sont les Alésiens qui l'ont voulu ! » Au final, les opposants de gauche voteront contre le budget.

La délibération 13

On ne saura jamais ce que Benjamin Mathéaud voulait dire au sujet de la délibération 13 portant sur des créations de postes au sein de la collectivité. Malgré les appels et grands gestes répétés de ce dernier, Max Roustan fait la sourde oreille.  « Vous avez le devoir de me donner la parole !, hurle Benjamin Mathéaud. C'est incroyable, on est où là ? Je vous demande la parole. Je vous saurais gré de me la donner ! ». Mais le maire de la Ville ne cède pas : « La Police c'est moi, c'est pas vous ! », ricane-t-il. Furibond, le conseiller municipal quitte la séance avec les salutations narquoises du maire : « Portez-vous bien ! »

Élodie Boschet

GARD Un promeneur grièvement blessé par balle : trois chasseurs condamnés - Objectif Gard

GARD Un promeneur grièvement blessé par balle : trois chasseurs condamnés - Objectif Gard

GARD Un promeneur grièvement blessé par balle : trois chasseurs condamnés

Photo illustration Objectif Gard

Le tribunal correctionnel de Nîmes examinait, ce mardi après-midi, un accident de chasse survenu le dimanche 25 octobre, vers 16h, sur la commune de Poulx, près de Nîmes.

Cet après-midi là, un couple du village, se promène sur un chemin sans imaginer un seul instant qu'une battue se déroule à ce moment-là. " Il n'y avait aucun panneau. Je n'ai rencontré aucun chasseur, sinon j'aurai quitté le secteur immédiatement ", témoigne le retraité qui a reçu un projectile de gros calibre qui lui a transpercé le bras. Le promeneur s'écroule, grièvement blessé. Il sera transporté quelques minutes plus tard par les pompiers au CHU.

Il y a un quelques minutes, ce mardi, le tribunal correctionnel de Nîmes a condamné deux chasseurs à 10 mois de prison avec sursis pour des " blessures involontaires ". Ils écopent en sus d'une suspension du permis de chasse pendant 1 an pour le chef de battue et de 3 ans pour le tireur, dont personne ne savait le jour du drame qu'il participait à une traque aux sangliers. Un autre retraité, qui a modifié le cahier de chasse pour protéger le tireur, est sanctionné d'une amende.

Les mensonges des chasseurs couvrent le tireur

Mais c'est la suite des événements et le début de l'enquête des gendarmes " qui va surprendre dans cette procédure. Alors que la victime est à terre, grièvement blessée, la première attitude de tous les chasseurs est de mentir et de falsifier des pièces ", dénonce la vice-procureur, Stéphanie Mollard, qui réclame des sanctions pour les trois chasseurs poursuivis en justice."  Et ils mentent car cette partie de chasse a été organisée n'importe comment alors qu'il y a des règles précises et strictes qui régissent ce sport ou cette activité ", insiste la représentante du parquet de Nîmes.

Concernant le chef de battue, responsable et premier organisateur de cet après-midi de chasse aux sangliers, les propos aux départs mensongers surprennent encore à la barre : " Jusqu'au moment du tir, je ne savais pas que le tireur était là. C'est vrai, j'ai menti. J'ai eu un gros coup de panique. En y repensant, le poste où il était placé était vraiment dangereux ", souligne le responsable de la battue à Poulx.

Le tireur, qui avait participé à une matinée de chasse aux petits gibiers, aurait  décidé seul dans l'après-midi du dimanche de prendre part à la chasse aux sangliers. " J'ai appris qu'il était là lorsque l'accident s'est produit ", poursuit un autre homme qui aurait falsifié le carnet de chasse obligatoire lors de toute battue en y inscrivant le nom du tireur. " C'était pour le couvrir", explique à l'audience le prévenu poursuivi pour " faux dans un document ". Tous les protagonistes renvoyés en correctionnelle sont membres du bureau de chasse de Poulx.

" Ils devaient signaler distinctement la battue et ils ne l'ont pas fait ", s'insurge Maître Rémi Portes pour la victime. " Une battue est extrêmement encadrée. Il y a une réunion préalable avant le début de la chasse et un rappel des règles. Le tireur ce jour-là est arrivé plus tard. Ils ont fait n'importe quoi  ", complète Me Marine Santamaria pour la fédération de chasse du Gard.

Boris De la Cruz


Décentralisation : les grandes associations d’élus sonnent le tocsin

Décentralisation : les grandes associations d'élus sonnent le tocsin

Décentralisation : les grandes associations d'élus sonnent le tocsin

François Baroin (LR), Dominique Bussereau (Ex-LR) et Hervé Morin (UDI) l'ont dit sur tous les tons ce 10 avril 2018. « Violemment modérés », les présidents de l'AMF, de l'ADF et de Régions de France voient d'un bon œil « l'impulsion » donnée au pays par Emmanuel Macron.
Anciens pensionnaires du « gouvernement de la France », ils connaissent mieux que quiconque le faisceau de contraintes qui pèse sur le pouvoir central. La preuve, ils soutiennent le plan de transformation de la SNCF.

Mais, pour eux, ce pouvoir-là a un léger problème avec les territoires… « Le dialogue avec l'Etat est agréable, courtois, sympathique, les occasions de rencontrer Emmanuel Macron et ses ministres, nombreuses, mais nous n'avons aucune réponse à nos demandes », résume Dominique Bussereau (Ex-LR), président de l'ADF.

Son collègue de l'AMF, François Baroin (LR), va plus loin, qui parle de « mascarade de dialogue » et de « réunionnite », sur fond de « mise en coupe réglée des collectivités ».

Pour le patron de Régions de France Hervé Morin (UDI), point de doute, le « logiciel purement jacobin » règne à nouveau en maître dans les administrations centrales.
Gros plan sur les principaux griefs des élus locaux.

Des contrats financiers « léonins »

Les présidents de Régions de France et de l'ADF, Hervé Morin et Dominique Bussereau, l'ont assuré lors de leur conférence de presse commune. Aucune des collectivités qu'ils représentent ne signera avec l'Etat de contrat de maîtrise de la dépense de fonctionnement dans un plafond de hausse de 1,2 %.
Une question de principe pour Hervé Morin qui vante le modèle fédéral de certains de nos voisins. Le patron de la Normandie prend tout de même soin de préciser que toutes les régions sont dans les clous du 1,2 %.

Dominique Bussereau, lui, se garde d'emprunter ce terrain-là. Fidèle à sa ligne depuis des mois, il exige, en vain pour le moment, des contreparties de l'Etat. Il réclame davantage de subsides pour le financement des mineurs non-accompagnés dont le nombre ne  cesse d'exploser,  portant la facture à plus d'un milliards. Il demande aussi un coup de pouce sur le dossier des allocations individuelles de solidarité. « Il manquait 9 milliards l'an dernier, rappelle Dominique Bussereau. L'Etat nous promet royalement 250 millions pour l'an prochain. »

De son côté, le patron de l'AMF, François Baroin (LR), ne s'engage pas au nom des villes et des intercommunalités visées par les contrats financiers.
Les adhérentes de France Urbaine et de l'Assemblée des communautés de France sont, il faut dire, assez allantes. Cela n'empêche pas François Baroin d'appeler à ne pas signer ces documents.

L'ancien ministre des Finances dénonce un jeu de dupe de l'Etat. Contrairement à l'engagement du Gouvernement, « 22 000 communes » verront, selon François Baroin leurs dotations baisser cette année par le jeu des mécanismes de péréquation. Le patron de l'AMF reprend volontiers l'expression de « pacte léonin », popularisée par son numéro deux, André Laignel (PS). Les collectivités « intermédiaires », qui ont un budget entre 70 à 150 millions d'euros, auront du mal à tenir le taux de 1,2 %, prévient-il par ailleurs.

Conséquence, les trois grandes associations d'élus ont présenté ce 10 avril une « contre-circulaire », destinée selon Dominique Bussereau à tourner le dos aux oukases et au « patois technocratique » de Bercy. Toutes les requêtes précitées y sont rappelées. L'AMF, l'ADF et Régions de France réclament, en sus, la possibilité pour chaque collectivité de faire appel à un médiateur issu de « chambre régionale des comptes par exemple ».

Haro sur la réforme de l'apprentissage et de la formation

En communion avec ses homologues, Hervé Morin sort le lance-flamme contre la réforme de l'apprentissage et de la formation. Un plan qui « recentralise et privatise une compétence historique des régions ». Les chiffres avancés dans le document diffusé à la presse donnent le tournis.

« Les régions verront leurs moyens pour l'apprentissage passer de 1,6 milliards à 250 millions d'euros. La moitié des centres de formation des apprentis sont menacés de fermeture », peut-on lire. « Une concentration sans précédent de l'offre dans les grandes villes », fulmine Hervé Morin. Et le président de Régions de France de dénoncer, dans la même sillon, « l'idée baroque de fixer le prix de la formation au niveau national ».

Pour lui, l'Etat, sur ce dossier, a manqué à sa parole. « Contrairement aux engagements du premier ministre, le Gouvernement a renoncé à confier la formation et l'orientation aux régions. Nous avons passé des dizaines d'heures de réunion tard le soir, le week-end, pour rien », tempête le président de Régions de France.

Contrats de plan : des engagements non-tenus

L'inévitable Hervé Morin ne décolère pas : « Jamais l'exécution des contrats de plan Etat-région n'a été aussi médiocre sur la mobilité et en particulier sur le rail ». Un comble pour l'ancien secrétaire d'Etat aux transports Dominique Bussereau, au moment où le Gouvernement assure qu'il veut redynamiser le réseau.

Selon Régions de France, le taux de paiement de l'Etat, au regard de ses engagements, « était de moins de 25 % ». Des retards qui ont contraint les collectivités à « avancer de l'argent afin d'éviter que des projets ne soient bloqués ou prennent du retard. »

Les trois grandes associations d'élus vont maintenant saisir leurs mandantes pour qu'elles prennent des vœux alertant leurs administrés sur « la décentralisation en danger ». Des documents qui seront ensuite transmis à Emmanuel Macron et à Edouard Philippe, ainsi qu'aux parlementaires du cru.

Dans ces conditions, l'AMF, l'ADF et Régions de France participeront-elles à la prochaine session de la Conférence nationale des territoires, instance de dialogue Etat-collectivités programmée au début de l'été ? « C'est une question que nous allons nous poser », répond sobrement Hervé Morin.

D'ici-là, les élus devront plus que jamais mener la bataille de l'opinion. A une question d'un journaliste qui comparait la triplette de présidents d'associations d'élus au club des ronchons cher à Alain Paucard, François Baroin s'est montré particulièrement cinglant : « Nous ne sommes pas des pleureuses qui se drapent dans une vertu outragée. On ne nous mettra pas  dans la case de la France d'avant, de ceux qui ne servent à rien, s'en mettent plein les poches et passent leur temps à faire des rond-points. »

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Sept syndicats de fonctionnaires appellent à la grève le 22 mai

Sept syndicats de fonctionnaires appellent à la grève le 22 mai

Sept syndicats de fonctionnaires appellent à la grève le 22 mai

Deux mois après une première journée de manifestations, l'intersyndicale veut à nouveau mobiliser contre la politique du gouvernement.

AFP/Getty Images
Sept syndicats de fonctionnaires appellent à la grève le 22 mai.

GRÈVES - Sept syndicats de fonctionnaires ont appelé mardi 10 avril à une nouvelle journée de grève et de manifestations le 22 mai, deux mois après la précédente, a-t-on appris auprès de plusieurs d'entre eux. Les organisations FO, CGT, FSU, Solidaires, CFTC, CFE-CGC et FA-FP s'opposent aux projets de réforme de la fonction publique et réclament l'amélioration du pouvoir d'achat des agents. Elles avaient déjà appelé à la grève le 22 mars pour des revendications identiques.

"Les organisations ne partagent pas (...) les objectifs poursuivis par le gouvernement consistant à réduire le périmètre de l'action publique avec la perspective d'abandon, voire de privatisation de missions publiques", écrivent-elles dans un communiqué, réclamant aussi "une réelle amélioration du pouvoir d'achat pour toutes et tous les agents".

Évoquant "un nouvel acte fort de l'intersyndicale", Baptiste Talbot (fédération CGT des services publics, 1er syndicat représentatif) s'est réjoui que cette dernière "affirme son rejet de la politique du gouvernement et sa volonté de mobiliser pour exiger des réformes de progrès". L'intersyndicale explique vouloir "inscrire les mobilisations et la grève dans la continuité".

La CFDT et l'Unsa se rejoignent pas l'appel à la grève

Également présentes lors de cette réunion intersyndicale de ce mardi, la CFDT (deuxième syndicat en terme d'adhésion dans la fonction publique) et l'Unsa (quatrième) n'ont pas rejoint cet appel à la grève.

Interrogé sur la possibilité d'une grève reconductible, Christian Grolier FO (troisième) a précisé à l'AFP que cette éventualité serait "décidée par les personnels", que les syndicats souhaitent réunir pendant "tout le mois d'avril" et "dans tous les secteurs", notamment lors d'assemblées générales. "Le gouvernement n'a pas suffisamment appréhendé le mouvement social du 22 mars donc, s'il n'a pas compris, on va recommencer", a-t-il tonné.

Pour Bernadette Groison (FSU, cinquième) cette nouvelle mobilisation est "nécessaire". "On est bien à un tournant dans la fonction publique", a-t-elle estimé.

Troisième journée de mobilisation depuis le début du quinquennat

Une concertation entre le gouvernement et les organisations syndicales pour "refonder le contrat social avec les agents publics" s'est ouverte le 29 mars. Annoncée début février par le Premier ministre, elle porte notamment sur l'extension du recours aux contractuels, une part plus importante de la rémunération au mérite pour les agents et la mise en place de plans de départs volontaires. Une "attaque contre le statut" de fonctionnaire, dénoncent les syndicats.

Cette journée du 22 mai sera la troisième journée de mobilisation des fonctionnaires depuis le début du quinquennat d'Emmanuel Macron, après celle du 10 octobre, à l'appel unitaire des neuf syndicats représentatifs de la fonction publique, puis celle du 22 mars, à laquelle avaient appelé cette fois les mêmes sept organisations.

Les relations entre les syndicats de la fonction publique et le gouvernement sont tendues depuis l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron et l'annonce successive de la suppression de 120.000 postes au cours du quinquennat, du report d'un an du plan de revalorisation des carrières des fonctionnaires (PPCR) conclu sous le gouvernement précédent, du gel du point d'indice servant au calcul de la rémunération des agents publics et de la réinstauration du jour de carence (paiement du salaire à partir du deuxième jour d'arrêt maladie).

Les annonces du Premier ministre Édouard Philippe début février ont encore aggravé les tensions. Les sept organisations prévoient déjà un autre "temps fort de mobilisation" à la mi-juin, au moment "du rendez-vous salarial" avec le gouvernement. Initialement prévu à l'automne, celui-ci avait été avancé à leur demande. Elles se reverront en intersyndicale le 3 mai prochain.

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Chacun est propriétaire – et responsable – de sa trace informationnelle | Thierry Breton | Pulse | LinkedIn

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Chacun est propriétaire – et responsable – de sa trace informationnelle

Le Président de la République Emmanuel Macron a récemment présenté des pistes pour faire de la France un leader mondial de l'intelligence artificielle, sur la base des travaux de Cédric Villani, dont le rapport de qualité couvre bien les problématiques soulevées par l'IA.

Pour ma part, j'insisterais sur trois enjeux déterminants :

  1. l'indispensable maîtrise de nos données personnelles et industrielles ;
  2. la capacité à développer les « systèmes apprenants » et nouveaux algorithmes ;
  3. et la nécessité d'avoir les infrastructures académiques et aussi informatiques adaptées. 

L'intelligence artificielle, dans sa phase d'apprentissage, nécessite en effet une puissance de calcul considérable. Sans cela, sans supercalculateurs européens, sans microprocesseurs spécifiques, tous les discours légitimes sur notre souveraineté numérique resteront vains.

L'Europe reste un marché fragmenté, et la filière industrielle reste à construire

Or, nous avons en France les compétences et la formation. Mais les moyens à mobiliser sont tels qu'il ne peut y avoir de réponse qu'européenne. Quels sont les grands acteurs de l'intelligence artificielle ? Les Etats-Unis, la Chine et le Japon. Les deux premiers, surtout, ont deux atouts essentiels : ce sont des marchés unifiés des données, et ils maîtrisent leur puissance de calcul. L'Europe en revanche reste un marché fragmenté, et la filière industrielle reste à construire.

Atos est aujourd'hui le seul acteur de rang mondial à fabriquer des supercalculateurs en Europe, mais le continent doit renforcer sa maîtrise des microprocesseurs. Seuls ou en partenariat, c'est un train que nous ne pouvons absolument pas rater.

Le marché européen est l'échelle pertinente pour créer un marché unifié de la donnée

Les données sont la matière première de l'intelligence artificielle. Il s'agit d'une ressource critique. Dans cet univers, c'est le volume qui est important. Le marché européen est l'échelle pertinente pour créer un marché unifié, un espace de confiance strictement encadré. La réglementation européenne sur la protection des données personnelles (RGPD) va dans le bon sens, mais il faut aller plus loin et exiger que les données européennes soient stockées, processées, et traitées en Europe, selon des modalités que l'Europe aura fixées.

Il faut structurer l'espace informationnel

 Autrement dit : il faut structurer l'espace informationnel, comme on a organisé par le passé l'espace territorial, l'espace maritime et l'espace aérien. Les Gafa ont tenté de faire du numérique un « no man's land » dont ils écriraient la loi. C'est terminé. Il est temps de relocaliser cet espace informationnel en optant pour un traitement de nos données sur le sol européen.

Ceci va devenir particulièrement critique pour les données industrielles, notamment dans le cadre du développement des outils d'intelligence artificielle de l'industrie 4.0, comme nous le faisons chez Atos, avec Siemens et la plateforme Mindsphere/Codex. C'est un enjeu crucial de compétitivité.

Une logique de partenariat avec les Gafa

Pour ce faire, on ne va pas tout réinventer, mais rétablir une territorialité des données en entrant dans une logique de partenariat avec les Gafa qui le voudront selon des règles qui sont les nôtres. Par des collaborations, les acteurs européens peuvent être le filtre de confiance et d'accès à notre marché, le « dernier kilomètre » de la chaîne numérique. Quelles que soient les modalités, c'est en tout cas aux Gafa de s'adapter à nos règles, pas l'inverse. Il faut les faire « réatterrir ».

Et puis ne surestimons pas ces entreprises. Leur réussite mérite l'admiration, mais leur force est surtout le fruit d'un effet de taille. Beaucoup d'innovations du numérique sont nées en Europe ou du moins de cerveaux européens, et singulièrement français. Et c'est aujourd'hui notre continent qui, en matière de protection des données, donne le ton.

L'affaire Cambridge Analytica marque un tournant

À ce titre, j'aimerais revenir sur la polémique Cambridge Analytica qui frappe actuellement Facebook. Cette affaire est grave. C'est un tournant. Elle a le mérite de nous rappeler, à tous et peut-être surtout à nos enfants et adolescents, quelques vérités. Quand nous livrons une partie de notre vie aux réseaux sociaux, cette trace risque d'être indélébile, à jamais. Rien ni personne ne donne aujourd'hui de garantie absolue sur ces réseaux en matière d'accès à vos données.

C'est pourquoi il nous faut opter pour une localisation des données européennes sur le sol européen, là où le droit européen est applicable. Je comprends par ailleurs que Google s'apprête à faire évoluer ses pratiques pour étendre les recommandations du règlement européen au niveau mondial ; contrairement à Facebook qui semble vouloir en rester au strict minimum. Les consommateurs apprécieront. 

Chacun est propriétaire – et responsable – de sa trace informationnelle

Car in fine, c'est bien aux individus que revient la patrimonialité des données. Demandez à une entreprise ce qu'elle en pense, et elle répondra positivement. Il y a en tout cas toute une éducation à faire pour que chacun ait conscience que sa trace informationnelle lui appartient, et aussi qu'il en est responsable.

***

Retrouvez les propos de cette tribune dans l'interview que j'ai accordée au Figaro : http://video.lefigaro.fr/figaro/video/le-grand-temoin-thierry-breton-pdg-d-atos/5765244649001/


mardi 10 avril 2018

La Zad et la guerre civile mondiale

La Zad et la guerre civile mondiale

La Zad et la guerre civile mondiale

2.500 gendarmes mobiles, des véhicules blindés, des hélicoptères, des camions, des bétaillères... ainsi que quelques centaines de CRS à Nantes et à Rennes, pour couvrir l'arrière... la France sera lundi 9 avril en guerre. Contre qui ? Contre quelques deux cents personnes, vivant dans un paysage de bocage où ils font du pain, de la bière, du maraîchage, et bricolent, discutent, lisent, vont et viennent. L'appareil militaire de la France, qui intervient au Mali, en Syrie, en Irak - sans que le Parlement en débatte, contrairement à ce que prescrit l'article 35 de la Constitution -, s'apprête donc à se déployer sur la Zad de Notre-Dame-des-Landes.

On sait la logique apparente de cette opération que tout être sensé considérerait comme la manifestation la plus aigüe d'un grand délire : après avoir cédé devant une lutte populaire en abandonnant le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, le gouvernement veut signifier sa force en expulsant des « occupants illégaux ». Il méprise les procédures qui encadrent rigoureusement la procédure d'expulsion, il rejette sans discussion la proposition de gestion collective de terres entretenues depuis dix ans par ces occupants, et il n'a pas le moindre projet concret d'utilisation de cette zone à l'écologie unique et préservée précisément grâce à celles et ceux que MM. Macron, Philippe, Collomb et Hulot veulent chasser.

Ce brillant quatuor pourra ainsi, grâce aux images et aux commentaires complaisamment relayés par les médias de MM. Niel, Drahi, Bolloré, Dassault, Lagardère, Bouygues, et tutti quanti, montrer à l'opinion ce que signifie « l'ordre » et indiquer aux divers mouvements sociaux qui bouillonnent dans le pays ce à quoi ils peuvent s'attendre.

Ce qu'ont pour mission d'abattre les 2.500 robocops, c'est la possibilité de vivre autrement

Mais ce n'est pas ce seul effet politique que cherchent M. Macron et ses sbires. La disproportion des moyens employés indique que ce que qui se vit à la Zad menace l'ordre néo-libéral dont ils sont les chantres brutaux : la possibilité d'exister autrement, de chercher la coopération plutôt que la compétition, de s'organiser sans hiérarchie entre les êtres, de régler les conflits sans police ni justice, de partager le commun en harmonie avec ce qu'on appelle la nature, de subsister sobrement, de sortir de l'assujettissement de l'argent... Y arrive-t-on sur la Zad ? On ne peut le dire. Mais on essaye vraiment, et de nombreux faits attestent qu'il y a bien là une magnifique alternative, une fenêtre ouverte dans le mur asphyxiant du capitalisme. Ce qu'ont pour mission d'abattre les 2.500 robocops envoyés par le président banquier, c'est la possibilité de vivre autrement.

Il faut aller encore plus loin. Ce qui se passe à Notre-Dame-des-Landes s'inscrit dans une guerre générale menée par l'oligarchie contre les peuples. L'actualité la plus immédiate vient de nous montrer comment le porte-parole des pauvres du Brésil, Lula, a été emprisonné au terme d'une ahurissante procédure, ou comment l'État israélien tue des manifestants et des journalistes dans la bande de Gaza. Ce ne sont que les derniers éclats d'une vague mondiale continue d'autoritarisme de la part des classes dirigeantes. Presque toute l'Amérique latine (Brésil, Chili, Argentine, Pérou, Guatemala,...) est passée sous la coupe de régimes durs qui appliquent la recette néo-libérale. En Chine, le président Xi Jinping a récemment renforcé son pouvoir. En Russie, Poutine règne en étouffant toute opposition. Aux Etats-Unis, Trump poursuit sa politique de dérégulation financière et environnementale sans contre-pouvoir réel. En Egypte, aux Philippines, en Pologne, en Inde, dans des dizaines de pays, on retrouve cette combinaison d'un pouvoir fort, défendant les intérêts de l'oligarchie, et détruisant l'environnement au nom de la croissance. De plus en plus, l'Europe évolue vers ce nouveau modèle d'oligarchie autoritaire. C'est en fait une guerre civile mondiale qui se déroule, une guerre que mènent les classes dirigeantes contre des peuples hébétés par la mondialisation, et contre les fractions qui parviennent encore à s'opposer à la stratégie du choc suivie par les capitalistes.

80 tonnes de CO2 par an : les vrais criminels

Un chiffre indique l'enjeu de ce qui n'est pas seulement une lutte sociale, mais bien une guerre à propos de l'avenir de l'humanité sur une planète en proie à une crise écologique historique : les membres du groupe des 1 % les plus riches du globe émettent en moyenne chaque année 80 t de CO2, soit neuf fois plus que la moyenne de la population mondiale (6,2 t). Autrement dit, les plus riches sont les plus pollueurs. Et vue la gravité du changement climatique et de ses impacts prévisibles, on peut dire que ces émetteurs de 80 t de CO2 par an sont véritablement des criminels.

Ce que promeuvent les oligarchies, c'est la possibilité de maintenir un système où elles nuisent à l'intérêt général. Car le coeur de l'intérêt général, en ce début du XXIe siècle, est la question écologique, dont l'issue commande les conditions d'existence de l'humanité. Il est presque ironique que leur attaque du moment vise un lieu où précisément on cherche à trouver des voies pour — entre autres — vivre d'une façon qui n'altère pas le climat.

Voilà pourquoi MM. Macron, Philippe, Collomb et Hulot, qui préservent les intérêts des membres des 80 tonnes par an, sont eux aussi criminels, et voilà pourquoi il faut défendre la Zad.


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Darmanin lui même

> Olivier DUSSOPT ou l'opportunisme d'un premier communiant.
>
> Invité ce matin chez Bourdin, le Secrétaire d'État ex-PS rattaché au ministre des Comptes Publics Gérald Darmanin, s'est appliqué à user du langage techno, propre à ces ralliés de la dernière heure.
> Sagement calé dans son fauteuil il s'est évertué à dérouler une palinodie libérale de premier de la classe. Une bouillie indigeste auquel Bourdin avait du mal à obtenir des réponses précises, tellement le gars restait inflexible dans sa posture, tant physiquement qu'intellectuellement.
> À 39 ans, longtemps bourlingueur Aubryiste, porte-voix de Manuel Valls lors de la primaire socialiste, élu député de la deuxième circonscription de l'Ardèche, votant contre le budget 2018 d'Édouard Philippe, il succombe quelques jours plus tard à la proposition d'Emmanuel Macron d'occuper le poste de Secrétaire d'État aux Comptes Publics.
> Bingo! Sa reconversion en poche, il est passablement renvoyé à sa "traîtrise" par ses anciens camarades de parti et convole en justes libéralités avec un sarkoziste de choc, Gérald Darmanin connu pour son aversion de la fonction publique.
> Revalorisation du point d'indice de la fonction publique après plus de 10 ans de gel et la perte de 15% de pouvoir d'achat, lui demande Bourdin?
> «On verra!» s'entend t-il répondre. Donc, la «réponse est non?» conclut Bourdin...
> Les premiers de la classe ont toujours l'impression de «se sentir utiles» à quelque chose pour peu qu'on les pousse à abandonner quelques convictions.
> Olivier Dussopt a parfaitement relevé le challenge.
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> https://www.lejdd.fr/politique/olivier-dussopt-secretaire-detat-et-ex-socialiste-cest-dans-cette-majorite-que-je-suis-utile-3620189

convergences des luttes / solidarité cheminots - Loto dimanche 15 avril 15h30 - Prolé Alès




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Hausse des salaires en cabinets ministériels de 20,5% | Le Club de Mediapart

Hausse des salaires en cabinets ministériels de 20,5% | Le Club de Mediapart

Hausse des salaires en cabinets ministériels de 20,5%

La rémunération moyenne brute (primes comprises) des 232 membres des cabinets ministériels s'élève à 9186 euros mensuels soit +20,5%. La politique, un bizness en or pour tous.
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"La rémunération moyenne brute (primes comprises) des 232 membres des cabinets ministériels s'élève à 9186 euros mensuels soit +20,5% par rapport au gouvernement Valls", a constaté ce mardi l'ancien parlementaire socialiste René Dosière, s'appuyant sur un document annexé au projet de budget pour 2018 et publié par Bercy.

Ce spécialiste du contrôle de l'argent public a jugé "choquante" l'augmentation de la rémunération des membres des cabinets ministériels du gouvernement d'Édouard Philippe, même si ces derniers sont beaucoup moins nombreux, une promesse de campagne d'Emmanuel Macron.

Le rapport sur lequel il se base est intitulé "personnels affectés dans les cabinets ministériels" "80 membres de cabinet sont mieux payés que leur ministre"

De fait, explique René Dosière, "c'est la conséquence de la réduction du nombre de ministres (30 au lieu de 38) et de la limitation à 10 personnes de la taille du cabinet restreint". Pour autant, si les membres des cabinets sont moins nombreux, les "personnels-support" ont opéré un repli moindre, -16%, avec 2040 agents (chauffeurs, sécurité, secrétariat, etc.).

"S'agissant des rémunérations, on assiste à une progression toute aussi spectaculaire", relève René Dosière, évoquant une rémunération moyenne brute (primes comprises) de "9186 euros mensuels" pour les "232 membres des cabinets ministériels" - hors ministres délégués et secrétaires d'Etat.

"Dans douze ministères, la rémunération est supérieure à cette moyenne: au total, plus de 80 membres de cabinet sont mieux payés que leur ministre", a également relevé René Rosière, estimant que ce n'était "pas le fait du hasard" et que c'était "choquant".

La politique, un bizness en or pour tous. Droite, centre et gauche, vous remarquerez qu'aucun de ces Mr chic ne viennent contester ces salaires mirobolants. De Melenchon à Le Pen, ils sont tous d'accord...étrange non ?
Le Macron, lui n'est pas en reste. Salaire "confortable" et dorure, un vrai petit roi !

Salaire mensuel du Macron : 14 910,31€ Bruts par mois qui comprend une indemnité de base (11 580,82€), une indemnité de résidence (347,42€) Il n'est pas logé gratuitement lui ? et une indemnité de fonction qui n'est bizarrement non imposable (2982,06).

Avantages: logement de fonction à l'Elysée, accès gratuit au réseau SNCF, voiture de fonction et chauffeurs, mise à disposition d'une flotte d'avions, jouissance de plusieurs résidences secondaires. La totale ....

Quand le peuple manifeste, Mr Macron ripaille.....

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Nos très chers députées ne sont pas en reste.

Les Députés – 12 870€ bruts par mois

Indemnités mensuelle standard : 7100,15€ bruts par mois qui comprends une indemnité de base (5514,68€), une indemnité de résidence (165,44€) et une indemnité de fonction (1420,03€), la plupart des députés touchent 5148,77€ net par mois.

Indemnité représentative de frais de mandat : 5770€ bruts par mois afin de faire face aux diverses dépenses liées à la permanence parlementaire ( frais de transport…).

D'Autres Avantages : Les députés disposent de 9504€ brut par mois sous forme de crédit destiné à rémunérer leurs collaborateurs, d'un accès gratuit à l'ensemble du réseau SNCF en 1er classe, du remboursement des forfaits de 5 lignes mobiles.

Personne ne trouve cela choquant, de la gauche à la droite, pas un ne dit mot! Mais où sont passés les indignés ? Ceux qui ont toujours le mot peuple, pauvreté, travailleurs pauvres etc. Ne voient-ils pas là une incompréhension de ceux qu'ils prétendent soutenir ? Non, tout va bien pour eux et ils nous vendent des mots, en bon biznessman qu'ils sont, que certains boivent avec une telle naïveté, au point de défendre l'indéfendable.
Il faut vous dire Mr, que chez ces gens-là, on ne pense pas, on ne pense pas: On compte....



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lundi 9 avril 2018

Cohn bendit

Cohn bendit

C'est à vous le 9 mars
L' ancien poilu de 1968 , soutient presque sans faille d' Emmanuel croncron
à la question du journaliste sur l ' intrusion de la police dans l' université de Nanterre
(La police dans une université était impensable )
Notre poilu soixante huitard se sentant piégé par la question a esquissé une réponse
Sublime « en soixante huit c'était pas pareil »
Pour une grande gueule comme lui cette réponse est très surprenante
Manquerait il d' argument
Ecartelé entre son passé et sa passion pour Macron n'est il pas ?

SNCF : "En Allemagne, l'ouverture à la concurrence a provoqué une baisse des salaires"

SNCF : "En Allemagne, l'ouverture à la concurrence a provoqué une baisse des salaires"

SNCF : "En Allemagne, l'ouverture à la concurrence a provoqué une baisse des salaires"

La Deutsche Bahn a été mise en concurrence en 1994

La Deutsche Bahn a été mise en concurrence en 1994 - Sebastian Gollnow / DPA

Le gouvernement veut réformer la SNCF sur le modèle de la Deutsche Bahn. Mais Claus Weselsky, président confédéral du GDL, un grand syndicat allemand de conducteurs, avertit : outre-Rhin, lorsque le rail a été libéralisé, la concurrence s'est d'abord faite exclusivement sur les salaires…

Le gouvernement d'Edouard Philippe a bâti sa réforme de la SNCF sur le modèle de la Deutsche Bahn, qu'il donne en exemple aux Français. Marianne a donc demandé à Claus Weselsky, président confédéral du GDL, un syndicat allemand de conducteurs du rail fort de 34.000 membres, ce qui s'est réellement passé lorsqu'outre-Rhin, les chemins de fer ont été libéralisés et la Deutsche Bahn mise en concurrence. Et à ses yeux, le bon modèle ferroviaire pour l'Europe n'est pas du tout l'Allemagne... mais la Suisse ! Entretien.

Vous présidez un syndicat puissant de conducteurs du rail, actif au sein de la Deutsche Bahn et de la quasi-totalité de ses concurrents. Quelles ont été en Allemagne les conséquences concrètes de la mise en concurrence de la Deutsche Bahn, après 1994 ?

Claus Weselsky : Les chemins de fer en Allemagne ont été libéralisés en 1994 sans que l'on se soit à l'époque fixé des règles claires. Résultat, alors qu'on pouvait autrefois régler sa montre sur l'heure de passage d'un train, aujourd'hui nos trains ont quatre ennemis : le printemps, l'été, l'automne et l'hiver. Ils connaissent des problèmes en toute saison ! Pendant des décennies, les investissements dans nos infrastructures ferroviaires ont été négligés et les effectifs si drastiquement réduits que les trains allemands ont perdu tous leurs avantages sur les autres modes de transport.

En outre, dans un premier temps, cette concurrence s'est faite exclusivement sur le coût du travail et donc les salaires des conducteurs de trains et des personnels à bord des rames. Cela a même créé une spirale dangereuse, tirant tout le monde vers le bas. Rendez-vous compte : il y a quelques années, des sociétés privées de chemin de fer opérant à l'est de l'Allemagne rémunéraient encore leurs cheminots de traction 1.600 euros brut mensuels ! Heureusement, des salaires aussi bas n'ont aujourd'hui plus
cours. Notre syndicat GDL, qui représente depuis plus de 150 ans les vrais intérêts des conducteurs, a dû faire preuve de combativité pour négocier dans presque toutes les entreprises ferroviaires qui opèrent en Allemagne des accords collectifs corrects garantissant une concurrence équitable. Mais nos conducteurs rêvent des niveaux de salaire et des acquis sociaux des cheminots français.

Notre gouvernement prend la Deutsche Bahn comme modèle d'organisation. Pour votre part, vous réclamez déjà une deuxième réforme du rail allemand. Qu'est-ce qui cloche?

Maintenant seulement, on essaye avec beaucoup d'argent de développer les voies, les rails. Malheureusement, les erreurs de fond ne sont pas abordées. Plutôt que d'injecter des milliards dans des projets phares comme Stuttgart 21 (le réaménagement de la gare et du nœud ferroviaire de Stuttgart, ndlr), c'est le réseau fret et voyageurs qu'il faut rénover puis cadencer intégralement ! Cela n'a en effet aucun intérêt de faire siffler des trains à 300 kilomètres heure sur les voies pour faire ensuite lanterner une heure les voyageurs en correspondance. L'usager voyageur veut arriver à l'heure, en sécurité et ce, en toute saison. En Suisse, pays qui s'est donné les moyens de ces investissements et de ces cadencements, les trains fonctionnent correctement !

Pour que nous puissions cadencer les trains à l'échelle du pays, DB-Netz, la filiale qui gère le réseau (l'équivalent de SNCF réseau, ndlr), DB Energie, celle qui l'alimente, et DB Station et service (gestion des gares) doivent fusionner dans une seule et même société. Et cette nouvelle entité aura grand besoin de cheminots qui connaissent à fond un système ferroviaire, par nature complexe. Les chemins de fer allemands doivent aussi embaucher massivement. Nous manquons déjà de plus de 1.000 conducteurs de locomotives. Or ceux qui sont en poste ont en moyenne plus de 50 ans, ils partiront donc prochainement en nombre en retraite.

Les agents de la SNCF en France sont en grève aussi pour défendre leur statut, leurs parcours de carrière. En Allemagne, avez-vous vécu la fin de l'embauche des collaborateurs de la DB sous statut public comme un recul social ?

Les employés de la DB, qui conservent un statut de fonctionnaire, sont plus protégés que des cheminots sous droit privé. Cependant en Allemagne, nous ne pouvons faire grève légalement contre cet arrêt du recrutement de conducteurs sous statut public. D'une part, parce que chez nous, les agents publics n'ont pas le droit de faire grève. D'autre part, parce que les syndicats n'ont pas le droit de lancer sur les lieux de travail des mobilisations de nature politique. Donc nous ne pourrons pas revenir en arrière. Cependant, grâce à la solidarité de nos adhérents, nous luttons pour décrocher de meilleures rémunérations et conditions de travail pour les conducteurs et les personnels de bord.

Quel modèle devrait selon vous inspirer l'Europe si elle veut faire preuve d'ambition dans le ferroviaire ?

Nous devrions adopter une politique ferroviaire prenant en exemple le modèle suisse. Les citoyens helvètes aiment leurs trains parce que ces derniers les acheminent en toute sécurité, sans encombre, ponctuellement du point A au point B de leur choix. Le ferroviaire compétitif, c'est aussi simple que cela !

Puisque vous êtes là...

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