Albert Einstein a dit : le monde est dangereux à vivre, Non pas à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire
mercredi 3 mai 2017
Tribune : Madame Le Pen, vous n’aurez pas nos haines
Tribune : Madame Le Pen, vous n'aurez pas nos haines
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Madame Le Pen, vous n'aurez pas nos haines
Artistes, philosophes, représentants du monde associatif proches des victimes d'attentat comme Etienne Cardiles, le compagnon de Xavier Jugelé, Françoise Rudetzki ou Georges Salines s'élèvent contre l'intrumentalisation des peurs.
Pour la deuxième fois de l'histoire de notre pays, l'extrême droite atteint le second tour de l'élection présidentielle. En exploitant les peurs et les craintes que les attentats récents ont exacerbées, le Front national est à présent aux portes du pouvoir en France. Pourtant, son message est porteur de haine. Une haine qui attise la guerre dont nous ne voulons pas.
Madame Le Pen, vous étiez présente à la préfecture de police de Paris ce mardi 25 avril. Vous avez entendu les paroles dignes et poignantes d'Étienne Cardiles, brisé par la perte de son compagnon, Xavier Jugelé, ce jeune gardien de la paix assassiné sur l'avenue des Champs-Élysées par les terroristes. L'avez-vous seulement écouté dans son appel à la fraternité, à l'unité et à la cohésion républicaine ? Avec les mots d'Antoine Leiris, qui a perdu sa femme et la mère de son enfant au Bataclan le 13 novembre 2015, il s'est adressé à nos bourreaux pour leur dire, «Non, vous n'aurez pas ma haine».
Un cri de résistance, un appel à la paix qui a d'autant plus de poids qu'il est porté par des victimes et leurs familles et que de nombreux citoyens ont pu se reconnaître dans ce message de paix malgré la répétition des attentats qui ont frappé notre pays depuis 2012. Ce fut, en France : Toulouse, Montauban, Charlie Hebdo, Montrouge, l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes, Villejuif, Saint-Quentin-Fallavier, le Thalys, le Bataclan, les terrasses parisiennes, le Stade de France, Magnanville, Nice, Saint-Étienne-du-Rouvray, le Carrousel du Louvre, les Champs Elysées. Ce fut aussi, à l'étranger, les Français frappés par les attaques de : Copenhague, Tripoli, Bamako, le musée du Bardo à Tunis, Ouagadougou, Grand-Bassam, Bruxelles, Gao, le marché de Noël de Berlin, Istanbul et Londres. Une succession morbide d'attentats destinée à nous effrayer et à nous terroriser.
Si «la France a peur», alors tout est possible, même le pire. La peur inspire la colère, la colère conduit à la haine dit le philosophe. Ce mécanisme primaire est bien connu de ceux qui veulent semer la discorde par l'exploitation politique de la peur. Le principal objectif des terroristes est bien celui la : terroriser pour semer le chaos et détruire notre modèle démocratique. Les terroristes attendent des élections qu'elles remettent en cause les valeurs de la République française qu'ils abhorrent. Ils haïssent la liberté et l'égalité et attendent que, par l'instauration de lois qui discriminent, l'inégalité conduise à l'affrontement et à la guerre civile. Si, demain, les lois de la République entérinaient la «préférence nationale», ce serait la fin du principe d'égalité. Les premiers visés par cette discrimination n'en concevront qu'un ressentiment plus fort qui nous aspirera dans le cercle infernal du rejet de l'autre et de la haine de soi.
Alors, non, Madame Le Pen, vous n'aurez pas nos peurs, vous n'aurez pas nos colères, vous n'aurez pas nos haines. Parce que la vengeance et la loi du talion, ce n'est pas notre conception de la Justice. Au lieu d'apaiser les esprits, votre projet ne fait que stimuler les tensions sans rien résoudre de nos difficultés, au contraire. Vous êtes le terreau sur lequel prospèrent nos ennemis. De simplifications en instrumentalisations, votre projet fragilise la République que vous prétendez défendre et renforce le terrorisme que vous prétendez combattre. Face aux fléaux qui nous menacent et dont vous faites le lit, il ne peut y avoir d'autre réponse que la République, toute la République et rien que la République.
Nous, citoyens de France, nous aimons notre pays avec passion parce que nous aimons la liberté, toutes les libertés et en particulier la liberté d'expression, nous chérissons l'égalité et la fraternité. La France est d'autant plus belle et célébrée depuis des siècles qu'elle est liberté et métissage. Elle se doit de rester fidèle à son histoire, celle d'une patrie qui recueille et protège ceux qui fuient la guerre, et les régimes politiques totalitaires, celle qui reçoit tous les enfants dans son école, quelle que soit l'origine de leurs parents, quelles que soient les croyances et les cultures, dès lors qu'elles s'inscrivent dans le cadre démocratique.
Cette France-là est résiliente : après une succession d'attentats d'une ampleur inédite, elle a su résister à la haine et faire ainsi la démonstration de la solidité de ses institutions et de son système démocratique. C'est cette France-là que nous chérissons, c'est au nom de cette France-là que nous nous battrons pour que jamais, Madame Le Pen, vous n'ayez nos peurs, nos haines et nos colères.
[Vous aussi, signez la pétition]
Premiers signataires : Juliette Méadel, secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre chargée de l'Aide aux victimes. Eliette Abecassis, auteure, Florence Andrieu, chanteuse lyrique, Pierre Arditi, comédien, Stéphanie Bataille, directrice de théâtre et comédienne, Sabrina Bellucci, ancienne directrice générale de l'INAVEM, Didier Bezace, comédien et metteur en scène, Abdellah Boudour, Président de l'association Force des mixités, Ludovic Bource, compositeur, Patrick Braoudé, comédien, Morgane Cabot, comédienne, Etienne Cardiles, compagnon de Xavier Jugelé, Cartman, animateur, Daniel Cohn Bendit, citoyen franco-allemand, Le Collectif 52, Etienne de Balasy, metteur en scène, Guillaume Denoix de Saint-Marc, président de l'AfVT, Jean-Marc Dumontet, directeur de théâtre et producteur, Delphine Dussaux, pianiste, Laurent Fanton, Chef de service chez Hospices Civils de Lyon, Hélène Fillières, comédienne, Cynthia Fleury, philosophe, Bruno Guillon, animateur, Catherine Hosmalin, comédienne, Latifa Ibn Ziaten, présidente de l'Association IMAD pour la jeunesse et la paix, Jarry, comédien, Rachel Kahn, comédienne, Valérie Karsenti, comédienne, Didier Le Bret, diplomate, Laurent Léger, journaliste, Philippe Lelièvre, comédien, Tristan Lopin, comédien-humoriste, François Loriquet, comédien, Cécile Méadel, professeure des Universités, Claire Méchin, comédienne, Mark Melki, photographe, Mokobé, chanteur, Sophie Mounicot, comédienne, François Morel, comédien, scénariste et chanteur, Fred Musa, animateur radio, Nagui, animateur, producteur, Flannan Obé, chanteur lyrique, Djibril Pavadé, comédien, Denis Peschanski, historien, Alexandre Pesle, comédien, Gilles Petit, producteur, Eric Pliez, Président du Samu social de Paris, Soren Prévost, animateur, acteur et réalisateur, Grégory Quenet, historien , Sébastien Rambaud, musicien, Benjamin Rataud, comédien, Kévin Razy, comédien, Jean-Michel Ribes, dramaturge, réalisateur, Françoise Rudetzki, fondatrice de SOS Attentats, Hugo Sada, chercheur, Georges Salines, Patrice Schoendorff, psychiatre, Edo Sellier, comédien, Bruno Solo, comédien, Camille Simien et Thibault Guilhem, The Hummingbirds Project, Gérôme Truc, sociologue, Harold Valentin, producteur, Frédéric Worms, philosophe, Robert Zarader, économiste.
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